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Le dépassement, c’est maintenant !

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Pour éviter que le monde ne se gâte, nous avons le choix dans la date.


Jour du dépassement : la France vit à crédit jusqu'à la fin de l'année

Tic, tac, tic... Ce jeudi 5 mai, la France a épuisé l'ensemble des ressources planétaires que la Terre est capable de régénérer sur un an.

Le jour du dépassement est déduit à partir de l’empreinte écologique mondiale ou nationale, un indicateur calculé par le Global footprint network depuis 1961. Celui-ci prend en compte nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi notre consommation d’animaux, d’arbres, de sols ; bref, de ressources naturelles, pour quantifier le plus précisément possible notre impact sur la planète.

Cette empreinte est comparée à la biocapacité de la Terre, c’est-à-dire son aptitude à régénérer les ressources que nous lui prélevons. Et le résultat n’est pas réjouissant. Si l’ensemble de l’humanité vivait comme des Français·es, les ressources de la Terre seraient épuisées… en quatre mois, soit le 5 mai. Il faut à la France l’équivalent de 2,9 planètes en une seule année.

L’évolution du jour du dépassement, à partir des données du WWF. Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand © Vert

Cette date fatidique a varié depuis le début des calculs. Alors qu’elle tombait le 3 juin au début du mandat de Valéry Giscard-d’Estaing, en 1974, elle baisse drastiquement pour atteindre son point le plus bas au début du quinquennat Sarkozy, le 24 avril, a calculé le WWF. Mais ce n’est pas le fait d’actions particulièrement ambitieuses en faveur de l’écologie : « C’est parce que ces mandats traversent des crises économiques particulièrement sévères - le choc pétrolier, puis la crise des subprimes - que l’empreinte carbone des Français diminue », explique à Vert Pierre Cannet, directeur de plaidoyer pour le WWF.

Si planification écologique il y a au cours de ce quinquennat, nous pourrions gagner la bagatelle de 25 jours. « Pour cela, il faut amorcer le changement de toute urgence », conclut Pierre Cannet. Outre le recul de cette date symbolique, c’est la sauvegarde de plusieurs milliers d’emplois, d’une grande partie de la biodiversité et de la santé des Français·es comme du reste de la population mondiale qui est notamment à la clef.

· Mardi, TotalEnergies a utilisé un reportage de France 2 pour faire sa publicité sur les réseaux sociaux. Ce sujet, diffusé au journal de 20 heures, était consacré au gaz liquéfié (GNL) produit par le pétrolier à partir du gaz de schiste américain avant d’être exporté en France pour répondre à la sortie du gaz russe. Parmi les nombreux problèmes repérés par la journaliste d’Arrêt sur images Nassira El Moaddem dans un fil Twitter : France 2 ne donne aucun point de vue contradictoire, notamment d'associations environnementales, à celui de Total. Pire, le GNL américain est présenté comme LA solution aux problèmes de sécurité énergétique par Charlie Riedl, un lobbyiste du gaz liquéfié, dont l’activité est financée par des grandes entreprises de l'énergie. Ah, si seulement les petits médias qui font un meilleur travail avaient davantage de moyens...

· La liste des 126 communes françaises obligées de s’adapter en priorité à l’érosion du littoral a été publiée au Journal officiel, a-t-on appris mercredi. La sélection a été faite selon les biens immobiliers et les activités économiques menacées par le recul côtier dû au changement climatique et aux pressions humaines. Les villes concernées vont recevoir des crédits pour établir des cartes précises du risque à horizon de trente ans et de cent ans. Les nouvelles constructions seront prohibées dans les zones « 30 ans ». - BFMTV

· L’insécurité alimentaire aiguë a atteint un nouveau sommet en 2021, a prévenu le réseau mondial sur les crises alimentaires (GNAFC) ce mercredi. En 2021, 193 millions de personnes dans 53 pays avaient besoin d’aide d’urgence pour survivre. Les projections, qui n’incluent à ce stade que 42 des 53 pays concernés, estiment que 179 à 181,1 millions de personnes pourraient souffrir d’insécurité alimentaire aiguë en 2022 - 20 minutes (AFP)

« Emmanuel Macron n’a pas fait d’annonces, a pris des notes. Pas sûr qu’il ait pris le temps de lire le résumé pour les décideurs du rapport du Giec »

- Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du Giec, selon Victor Roux-Goeken, journaliste à Contexte

Je vous ai compris ? Mercredi, Emmanuel Macron a convié à l’Élysée une dizaine d’expert·es du climat pour une réunion de réflexion autour de la « planification écologique » qu’il souhaite instaurer lors de son second mandat. Parmi les invité·es : des chercheur·ses et membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) comme Valérie Masson-Delmotte, la présidente du Haut-conseil pour le climat (HCC) Corinne Le Quéré, l’ingénieur et fondateur du Shift project, Jean-Marc Jancovici, ou encore la présidente de l’ONG WWF France, Monique Barbut. En juillet dernier, le Conseil d’État avait donné neuf mois au gouvernement pour « prendre des mesures supplémentaires pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 ». Ce mercredi, Emmanuel Macron a assuré que la France était sur la bonne voie pour respecter ses objectifs climatiques (France info). Plus d’informations à venir sur vert.eco

Le ministère de l'Écologie peut-il devenir celui des possibles ?

Chargé de la planification écologique, le prochain Premier ministre sera flanqué de deux ministres responsables de la « planification énergétique » et de la « planification écologique territoriale », a promis Emmanuel Macron. Ce dispositif permettra-t-il à la France de sortir de son inaction climatique ? Entretien croisé avec la journaliste Justine Reix et l’ancien conseiller politique au ministère de l’Écologie, Léo Cohen, à l’origine de deux ouvrages récents sur les dysfonctionnements du « ministère de l’impossible », selon l’expression de Robert Poujade, premier titulaire du poste en 1971.

Le ministère de l’Écologie, qui vient de fêter ses 50 ans, est depuis toujours qualifié de « ministère de l’impossible ». Pourquoi ? En quoi cela peut-il être éclairant pour le prochain quinquennat ?

Justine Reix. Ce ministère ne correspond pas à l’urgence climatique, il est trop petit et trop faible pour une cause bien trop grande. Rien que son budget annonce la couleur : en 2021, l’écologie disposait de 41 milliards d’euros de crédits, soit 11 % des budgets alloués aux ministères, bien loin derrière le ministère de l’économie et des finances, à 23 %, de l’éducation nationale – 20 % – et la défense, 13 %. Ces circonstances expliquent en grande partie ce qualificatif, mais cela peut changer si l’écologie est enfin prise en compte dans les décisions politiques – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Un riche entretien croisé à lire sur vert.eco

Justine Reix, journaliste et autrice de La poudre aux yeux (JC Lattès), et Léo Cohen, auteur de 800 jours au ministère de l'impossible (Éditions Les petits matins) © Olivier Roller / Denis Meyer

L’urgence climatique, éternelle absente de l’agenda politique

À la ramasse. Si l’urgence climatique est bien visible, le sujet fut le grand absent de la campagne présidentielle française. Dans l’émission À l’air libre de Mediapart, Yamina Saheb, autrice principale au Giec et Cyril Dion, réalisateur et militant écologiste, partagent leur sentiment concernant l’irresponsabilité des décideurs politiques, économiques et médiatiques. « Les médias doivent se poser, sortir du temps de la campagne et mettre en place les bases pour interroger sur ce futur-là », rappelle Yamina Saheb qui rappelle la responsabilité des scientifiques dans leur incapacité à bien communiquer leurs observations.

© À l'air libre

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel et Anna Sardin ont contribué à ce numéro