L’automobile, dérégulée en vitesse


Un numéro où l'on verra que le secteur automobile profite de Donald Trump et du coronavirus pour en faire encore moins pour le climat.

Le blanchissement des coraux tropicaux s'accélère

La Grande barrière de corail vient de subir un troisième épisode de blanchissement massif en cinq ans. Autrefois rares, ces événements pourraient désormais survenir chaque année

Situé au nord-est de l'Australie, ce récif corallien de 2 300km de long – le plus important de la planète – a souffert des chaleurs record de l'été austral qui s'achève. Au cours des derniers mois, la Grande barrière a vécu un blanchissement « modéré ou grave » de la plupart de ses coraux, selon l'Autorité australienne en charge du parc naturel qui se trouve dans la région. 

Des coraux de la Grande barrière, blanchis © Acropora

Le blanchissement est provoqué par une augmentation inhabituelle de la température, entraînant la disparition des algues qui vivent en symbiose avec le corail et lui procurent sa nourriture et ses couleurs. En 2016 et 2017, deux épisodes de blanchissement survenus coup sur coup avaient provoqué la mort de la moitié des coraux de la Grande barrière. 

Ces événements surgissent d'ordinaire sous l'effet du phénomène El Niño. Celui-ci se produit tous les 2 à 7 ans et provoque de fortes chaleurs autour de l'Australie. Rien de tel pour expliquer le blanchissement de cet été, ce qui fait craindre à certains scientifiques que l'exception ne devienne la norme, comme l'explique le Guardian

La seule élévation des températures des océans, symptôme du réchauffement climatique, pourrait suffire à provoquer le blanchissement annuel des coraux. Ce qui fait peser une lourde menace sur les récifs coralliens tropicaux : il faut au moins une décennie pour que ceux-ci ne se remettent d'un épisode sévère de blanchissement, lorsqu'ils n'en sont pas morts selon Mark Eakin, surveillant de la Grande barrière de corail pour l'administration australienne.

Le danger s'accroît fortement sur ces écosystèmes très complexes, qui abritent une faramineuse biodiversité, protègent les côtes des tempêtes et de l'érosion, et constituent d'inestimables puits de carbone. A lire dans le Guardian (en anglais).

Une dispense environnementale pour l'automobile ?

Il fallait s'y attendre : touchés par des ventes de véhicules en berne depuis plusieurs semaines, des constructeurs automobiles sont tentés de demander une dispense environnementale à l'Europe.

Depuis le 1er janvier, les fabricants sont tenus de maintenir les émissions de CO2 de leurs voitures neuves vendues en Europe sous la barre des 95 grammes de CO2 par kilomètre. Or, avec l'essor des SUV, ces faux 4x4 urbains, les émissions moyennes sont reparties à la hausse en 2019 à 121,8 g/km en Europe.

Selon les Echos, plusieurs constructeurs automobiles songent à faire pression sur l'Union européenne pour éviter d'avoir à respecter ces nouvelles normes d'émissions de CO2 pour ne pas nuire à leur compétitivité. 

Les émissions de CO2 du secteur automobile sont reparties à la hausse en 2019 avec l'explosion des ventes de SUV, "véhicules utilitaires sportifs" © Peugeot

Au même moment, aux Etats-Unis, l'administration de Donald Trump vient d'annoncer la casse d'une importante norme écologique imposée aux fabricants automobiles. Les constructeurs étaient pressés d'améliorer l'efficacité énergétique de leurs voitures: celles-ci devaient atteindre la moyenne de 4,36 litres de carburant aux 100 kilomètres en 2025. La nouvelle réglementation Trump fixe le nouvel objectif à 5,88l aux 100 km. 

La différence ? Un milliard de tonnes de CO2 supplémentaires relâchées dans l'atmosphère au cours du cycle de vie des véhicules fabriqués sous la nouvelle réglementation, selon le chiffrage effectué par ses auteurs et relaté par le New York Times

L’avenir est dans les prés ?

Des dizaines de milliers de Français•es ont répondu à l'appel du ministre de l'agriculture, Didier Guillaume, à rejoindre « la grande armée de l'agriculture française » pour fournir des bras aux producteurs français en temps de crise. Nombre d'entre elles et eux songent déjà que leur avenir est à la campagne. 

« On est pieds et poings liés en région parisienne, un peu comme pendant la guerre. Si la province ne nous fournit pas ou que les chaînes sont bloquées, on n’a rien du tout », considère l'une de ces volontaires interrogée par le Monde, qui a lancé un appel à témoignage sur son site. 

Celui-ci révèle que « la crise fait parfois ressortir un sentiment, viscéral, que l’avenir est dans les campagnes plutôt qu’en ville ». Certain•e•s citadin•e•s rêvent de vie rurale quand celles et ceux qui en sont déjà y voient la confirmation de leur choix. A lire dans le Monde

Changer de modèle alimentaire pour éviter de nouvelles crises

Si des animaux sauvages ont probablement servi de véhicule au Covid-19, ceux-ci ne sont pas les seuls vecteurs de pandémies, dont certaines proviennent de l'élevage. La crise actuelle est donc l'occasion de repenser notre modèle alimentaire, selon les auteur•rice•s de deux tribunes. 

La grippe espagnole de 1918, qui a causé la mort de 30 à 100 millions de personnes, est probablement d'origine aviaire. Le virus H5N1, dû, lui aussi, aux élevages de poulets, a entraîné la mort de 3 millions de personnes en 1957 et 1968 lors des épisodes de la « grippe asiatique » et de la « grippe de Hong Kong ». C'est ce qu'expliquent les signataires - des scientifiques et militants de la cause animale - d'une tribune parue dans Libération. Personne n'est à l'abri d'une nouvelle pandémie survenue dans les élevages industriels. 

Autre menace, l'antibiorésistance : confinés, les animaux développent de nombreuses maladies. Ils sont gavés de médicaments, dont des antibiotiques. A terme, leur usage massif provoque la multiplication de bactéries résistantes à ces traitements. De quoi tuer jusqu'à 10 millions d'humains par an d'ici 2050, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

« La meilleure précaution, pour éviter la répétition de crises sanitaires et économiques comme celle que nous traversons, serait donc d’initier à l’échelle de la société une transition vers une alimentation végétale et de rediriger nos ressources agricoles vers l’alimentation des humains plutôt que du bétail », estiment les signataires.

« La préservation des habitats naturels, la diminution de la consommation carnée, la réduction de la taille des élevages intensifs et l’arrêt de la commercialisation (légale ou non) de la viande d’animaux sauvages constitueraient autant de mesures cohérentes et efficaces pour les politiques de santé publique de demain », plaident, quant à eux, trois chercheurs, auteurs d'un appel paru dans le Monde. Sans parler des bénéfices immédiats pour la santé, la biodiversité et le climat, la fin de l'élevage industriel constituerait la meilleure des assurances vie. 

Caisses : que c'est mauvais pour la planète !

Je coûte 5 000€ par an, je suis inutilisée 95% du temps mais je modèle les villes à ma guise et produis des quantités folles de gaz à effet de serre, je suis… je suis…? La voiture!

Dans cet épisode, Datagueule déconstruit le rêve automobile vendu par une industrie rarement à court d'idées pour écouler ses bagnoles

© Datagueule