L’air de la campagne dans les aires urbaines

Toujours plus d'espèces menacées

Mardi 10 décembre, à l'occasion de la COP25, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a mis à jour sa fameuse « liste rouge ». Parmi les 112 432 espèces animales et végétales qui figurent dans ce vaste inventaire de l'état de conservation du vivant, 30 178 seraient menacées. Dont 1 840 de plus, pour cette seule année.

Les différentes catégories utilisées par l'UICN

73 espèces déjà menacées ont, quant à elles, vu leur situation empirer. Comme le rapporte le Monde, parmi les principaux dangers qui pèsent sur les animaux se trouvent l'urbanisation, l'exploitation forestière et l'agriculture, qui détruisent les habitats. Mais aussi le changement climatique et son lot de phénomènes météorologiques extrêmes. 

En revanche, le sort de dix espèces s'est amélioré : c'est le cas par exemple du râle de Guam, un oiseau océanien, qui s'est rétabli après avoir été déclaré « éteint à l’état sauvage ». Ces rétablissements sont le fruit de programmes d'élevage ou de réintroduction et offrent « une lueur d'espoir au milieu de la crise de la biodiversité, comme l'a expliqué Grethel Aguilar, directrice générale de l'UICN, dans un communiquéLes histoires derrière les dix améliorations montrent que la nature peut se rétablir si on lui laisse une chance. »

L'année 2020 est considérée comme « décisive pour l'avenir de la planète » par l'UICN. En juin, l'Union tiendra son Congrès mondial de la nature à Marseille, avant la COP de la biodiversité, organisée en octobre à Kunming, en Chine. A lire dans le Monde (édition abonnés).

Brésil vs France vs Brésil 

Court-circuiter Bolsonaro pour sauvegarder l'Amazonie. C'est ce que s'apprêtent à faire la France et plusieurs Etats brésiliens qui doivent annoncer un partenariat pour préserver la forêt amazonienne. Cet accord devrait être présenté à l'occasion de la COP 25, comme l'a dit à l'agence Reuters le gouverneur de l'Etat d'Amapá, Waldez Góes. Celui-ci siège également à la tête d'un consortium qui réunit les neuf Etats composant la partie brésilienne de l'Amazonie. 

L'accord intervient après un été 2019 marqué par des incendies au plus haut depuis 2010, qui ont provoqué une déforestation massive en Amazonie. Emmanuel Macron avait appelé à agir face à l'« urgence » de la situation, ce qui avait entraîné par la suite des échanges virulents entre les deux présidents.

Puis, à la fin du mois d'août, les pays du G7 ont débloqué une aide de 20 millions pour lutter contre les incendies. Jaïr Bolosonaro avait alors déclaré qu'il n'accepterait cette aide que si Emmanuel Macron présentait ses excuses pour avoir dit que le président brésilien mentait au sujet de sa volonté de préserver l'environnement. Aide qu'il a finalement consenti à recevoir.

Les Etats amazoniens ont donc dû apprendre à se passer de leur gouvernement. Les membres du consortium doivent également annoncer la mise en place d'un mécanisme permettant aux Etats étrangers de contribuer directement à des projets locaux de préservation de la forêt. Les discussions seraient déjà engagées avec plusieurs pays européens. A lire dans le New York Times
 

EDF et Veolia s'allient pour démanteler d'antiques centrales nucléaires

Voilà une histoire qui est partie pour durer. EDF et Veolia ont annoncé, mardi 10 décembre, la création d'une coentreprise dont l'objectif sera de démanteler six (très) vieux réacteurs nucléaires

Ces réacteurs appartiennent à la filière « UNGG » (pour uranium naturel graphite gaz), abandonnée en 1969, comme le raconte le Monde. Ils sont répartis entre les centrales de Chinon (Indre-et-Loire), de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) et du Bugey (Ain). Ils ont été arrêtés entre les années 70 et 80. 

La nouvelle coentreprise, baptisée Graphitech, devra trouver les moyens de démanteler ces réacteurs, ainsi que la cinquantaine d’autres installations similaires à travers le monde. Elle se fera d'abord la main sur le site de Chinon.

Le combustible, principal danger, a déjà été évacué, comme l'a annoncé l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN). L'ASN presse désormais EDF d'accélérer le rythme initialement prévu pour démanteler ces antiques centrales. Une fois les retours d'expérience acquis sur celle de Chinon, les travaux devront débuter « au plus tard » en 2055 sur les cinq autres. 
 

L'air urbain de la campagne

A cent jours des élections municipales, qui s'est le plus soucié de l'air respiré par ses administré•e•s ? Ce mercredi, Greenpeace, le Réseau action climat et l'Unicef publient un classement des douze plus grandes villes de France en fonction des efforts accomplis pour améliorer la qualité de l'air.

Les agglomérations ont été jugées sur la base de 17 critères répartis en 6 thématiques parmi lesquelles la sortie des véhicules polluants, le développement du vélo, ou les aides financières à la transition.

Dans le trio de tête, on trouve Paris, Grenoble et Strasbourg. Ces trois villes ont mis en place des zones à faibles émissions (ZFE) ambitieuses au cours de ces derniers mois. En queue de classement, Montpellier, Nice et enfin, Marseille.

© Réseau action climat

Les associations espèrent bien mettre cet enjeu environnemental et de santé publique à l'agenda des candidats aux prochaines municipales. Les villes ont un rôle clé à jouer dans la réduction de la pollution de l'air, qui provoque entre 48 000 et 67 000 décès prématurés par en France. La France qui a récemment été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne pour ses dépassements répétés des valeurs limites de dioxyde d'azote. Plus d'informations dans 20 Minutes.

La déviation de Beynac dans une impasse

Et pour améliorer la qualité de l'air, rien de tel que la mise au rebut d'un projet routier inutile. La cour d'appel de Bordeaux vient d'ordonner la suspension du chantier de la déviation de Beynac (Dordogne) et la destruction des travaux déjà effectués. Le projet visait à construire un nouveau tronçon de 3,2 kilomètres à travers la superbe vallée de la Dordogne pour désengorger une départementale saturée quelques mois par an, en été. 

Mardi 10 décembre, la Cour d'appel a ainsi confirmé une première décision du tribunal administratif de Bordeaux rendue en avril 2019. Opiniâtre, le Conseil départemental a déjà annoncé qu'il se pourvoirait devant le Conseil d'Etat pour sauver ce projet imaginé en 1985 (!). Fin décembre 2018, le Conseil d’État avait déjà jugé que le projet ne répondait pas « à un intérêt public majeur ». A lire dans Sud-Ouest

Gaz lacrymogènes : quels effets à long terme ?

Au cours des manifestations, qu'elles soient en faveur du climat ou pour les retraites, les plus militants des lecteurs de Vertauront observé que les forces de l'ordre ont le gaz lacrymogène de plus en plus facile. Yeux rougis, nez qui brûle, nausées : les signes immédiats ne trompent pas. En revanche, les effets à moyen et long terme sont moins connus. Migraines, diarrhées, réactions cutanées, pneumonies... les symptômes peuvent parfois durer plusieurs semaines. C'est ce que raconte Reporterre, dans le premier épisode d'une série d'enquête en trois volets sur les gaz lacrymogènes. 

Une spécialité française qui s'exporte désormais, puisqu'à Hong Kong, les manifestants en sont maintenant aussi aspergés. Et ils ont décidé de ne pas se laisser faire. Vendredi dernier, un rassemblement a été organisé pour protester contre l'emploi de ces gaz, après que de nombreuses personnes se sont plaintes d'éruptions cutanées, de diarrhées ou de toux sanguinolentes à la suite de précédentes manifestations pro-démocratie. Sur une scène, un représentant masqué a annoncé que parmi les 17000 personnes interrogées par les protestataires, 23% d'entre elles avaient déclaré souffrir de divers symptômes plusieurs jours après l'exposition. A lire dans le South China Morning Post (en anglais).

Reconnaître l'écocide comme un crime

Les appels à renforcer le droit pour lutter contre les atteintes portées à l'environnement se multiplient. Dans une tribune, une soixantaine de membres d'ONG et d'intellectuels plaident pour que l'écocide soit considéré comme un crime. Une proposition de loi en ce sens sera débattue le 12 décembre à l'Assemblée nationale.

Comme le raconte le texte publié dans Libération, le terme d'écocide est né après le saccage des forêts vietnamiennes par l'Agent orange américain dans les années 1970. Le Vietnam l'a d'ailleurs déjà reconnu comme un crime, au même titre qu'une dizaine d'autres pays, et le définit dans son code pénal comme « un crime contre l’humanité commis par destruction de l’environnement, en temps de paix comme en temps de guerre ».

Les signataires de la tribune rappellent l'amende dérisoire infligée à Total après le naufrage de l'Erika, dont le pétrole avait souillé 400km de côtes : 375 000 euros. Manière de montrer l'urgence d'inscrire la criminalité environnementale dans le droit français pour la sanctionner à juste proportion des dégâts infligés.

C'est vrai que tout le monde s'en fout, de la terre. Pas celle que l'on habite mais celle dans laquelle nous faisons pousser des choses. Et pourtant, nous serons bien embêtés, le jour où elle cessera de nous nourrir, comme c'est déjà le cas en plusieurs points du globe. La terre, sa vie, son œuvre, c'est le thème du dernier épisode de la web-série « Et tout le monde s'en fout ».