Les États se pressent au chevet de compagnies aériennes exsangues. Pendant ce temps-là, le vélo décolle.
Les préfets sont dispensés (entre autres) d'écologie
Dans le tumulte du Covid-19, l'affaire a fait peu de bruit. Pourtant, elle a de quoi inquiéter. Les préfets sont désormais autorisés à s'affranchir de certaines règles pour favoriser des projets potentiellement néfastes pour l'environnement.
Publié le 8 avril, un décret donne le droit aux préfets – représentants à l'échelle locale de l'Etat - de déroger à la réglementation nationale « pour un motif d'intérêt général ». Et ce, dans plusieurs secteurs : activités économiques, construction, urbanisme, aménagement du territoire, mais aussi agriculture, forêts et environnement.
Dans ce dernier domaine, explique Reporterre, le préfet pourra désormais limiter la durée des enquêtes publiques, préalables obligatoires dans le cadre d'un projet pouvantporter atteinte à l'environnement. Il sera également habilité à s'affranchir des études d'impact et même, à déroger aux règles propres aux ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). Ces sites, qui présentent un ou plusieurs risques sanitaires ou écologiques, sont soumis à une réglementation spécifique.
Ce décret est la généralisation d'une expérimentation menée depuis 2017 dans deux régions, trois territoires d'outre-mer et 17 départements. Dans un communiqué, Christophe Castaner l'a jugée « utile pour faciliter la reprise de notre pays ». Problème : ce nouveau décret a été édicté sans réelle évaluation de l'expérimentation menée depuis trois ans. De nombreuses dérogations prises dans ce cadre l'ont été sur des projets touchant à l'environnement.
« Ce décret est un cadeau accordé aux professionnels de l’immobilier et de la construction, a estimé Louis Cofflard, l’avocat des Amis de la Terre, auprès de Reporterre. Le lobby agricole use aussi de tout son poids pour affaiblir les normes à son encontre […] C’est un cheval de Troie. » A lire dans Reporterre.
2019, année la plus chaude jamais mesurée en Europe
Ce n'était pas qu'une impression. L'année 2019 a été la plus chaude jamais enregistrée en Europe, selon Copernicus, le programme européen de surveillance de la planète.
L'Europe a connu des vagues de chaleur extrêmes en février, juin et juillet. Les températures estivales se sont situées à 3 voire 4 degrés au-dessus des normales de saison selon les endroits.
En outre, explique Copernicus dans son rapport, 11 des 12 années les plus torrides sont survenues après 2000. Le top 4 : 2019, 2014, 2015 et 2018.
Autre enseignement, et pas des moindres : le réchauffement climatique est plus rapide en Europe qu'ailleurs. Sur notre continent, il fait en moyenne 2°C de plus qu'à l'ère préindustrielle (autour de 1850), contre 1,1°C sur toute la surface du globe.
« Alors que le Covid-19 est à l'origine d'une sévère crise sanitaire et économique internationale, un échec dans la lutte contre le changement climatique mettrait en danger le bien-être des humains, les écosystèmes et les économies durant des siècles », a rappelé Petteri Taalas, secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, lors d'une conférence de presse, mercredi 22 avril. Il s'agirait de ne pas oublier cette crise-là.
Les 12,8 milliards d'euros d'aide aux compagnies aériennes, série en cours
La contestation décolle. Les ONG Greenpeace, Transport & environment et Carbon market watch ont lancé, mercredi, un outil pour suivre les milliards d'euros d'aide promis aux compagnies aériennes européennes.
Frappées de plein fouet par le confinement mondial, les compagnies aériennes sont presque toutes au bord de la faillite. Dans un grand élan, les Etats européens (entre autres) s'empressent de renflouer ces entreprises, contributrices de premier plan au réchauffement climatique, sans aucune contrepartie environnementale.
Pour l'heure, 3,36 milliards d'euros ont déjà été accordés à Easy Jet, Scandinavian Airlines ou Tui. 9,47 autres milliards sont en cours de discussion entre Etats et compagnies. Les aides prennent la forme de prêts, de garanties de prêts, ou de prises de participation. La liste, compagnie par compagnie, des avancées des négociations sera mise à jour au fur et à mesure.
La plupart des associations environnementales reprochent aux Etats de ne pas profiter de cette occasion historique pour forcer les compagnies à réduire leurs émissions. Voire, à accompagner la reconversion de leurs salarié•e•s vers des secteurs moins dommageables pour le climat. Plus d'informations sur le site de Greenpeace (en anglais).
Un RER V en région parisienne
Le déconfinement se fait à la vitesse grand V, comme vélo. En Île-de-France, le projet de « RER vélo » connaît un coup d'accélérateur à la faveur de la crise du Covid-19.
Portée par une trentaine d'associations cyclistes, l'idée d'un réseau express régional (RER) dédié au vélo fait son chemin depuis le début de l'année 2019. Le projet : neufs axes cyclables qui constitueront un maillage de 650 km de pistes cyclables continues.
Un ciné-débat en ligne, ce soir
Le confinement force à faire preuve d'un peu plus d'originalité qu'à l'accoutumée. Extinction Rebellion organise, ce soir, un ciné-débat en ligne. Retraçant deux siècles de destruction de la nature par les humains, le film « L'Homme a mangé la Terre » sera diffusé sur Youtube à 19h30 ce jeudi 23 avril.
Il sera suivi d'un débat en « présence » du réalisateur, Jean-Robert Viallet, et de Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS en histoire environnementale. Les futur•e•s spectateurs•rices sont invité•e•s à poser leurs questions avant la séance dans ce formulaire. Si vous voulez vous faire une idée de ce que vous allez regarder, vous pouvez lire la chronique de Libération.
>Cliquez ici pour voir le film à partir de 19h30<
