Garde ta pêche


Un numéro où l'on verra que certains labels sont aussi durables que les vilaines pratiques de l'industrie. 

MSC : label affaire

MSC quoi le problème ? Les poissons vendus sous ce label de pêche durable sont presque tous issus de grandes pêcheries industrielles, selon une étude menée par l'association Bloom. 

Créé en 1997 par le WWF et le géant de l'agroalimentaire Unilever, le label MSC (Marine Stewardship Council) est le plus grand certificat des produits issus de pêcheries « durables ». Pour être estampillées, celles-ci doivent contribuer à maintenir un équilibre dans les écosystèmes locaux et ne pas menacer la survie de l'espèce pêchée. 

Dans son étude, publiée mardi 5 mai dans la revue Plos One, Bloom s'est penchée sur le cas des 210 pêcheries certifiées par MSC entre 2000 et 2017. L'ONG spécialisée dans la protection des océans a inventorié la taille et le type des engins utilisés : actifs (petits et grands navires) ou passifs (filets, lignes, pièges). 

Dans sa communication sur les réseaux sociaux, révèle Bloom, MSC met principalement en avant des images de petits navires ou d'engins passifs. Or, 7 % des volumes certifiés par le MSC depuis 2009 sont le fait de la « petite pêche à faible impact » contre 83%, issus de la « grande pêche industrielle », d'après Bloom. 

Cliquez pour agrandir l'infographie © Bloom

Cette dernière utilise certains procédés délétères, tels que le chalutage de fond qui, comme son nom l'indique, racle le fond des océans en capturant indistinctement tout ce qui se trouve sur son chemin. Interdite en Europe, cette pratique n'est pas rédhibitoire pour obtenir le label MSC ailleurs dans le monde. Les navires employés par la pêche industrielle vont de 12 à 144 mètres de long et ont un impact bien plus néfaste sur les écosystèmes que les petits engins. 

Une vision « binaire et simpliste » des choses, d'après les dires du MSC rapportés par le Monde. Le label se défend en mettant en avant son action d'accompagnement des pêcheurs vers des pratiques plus durables. A lire dans le Monde (abonnés). 

Le mois d'avril le plus chaud

En avril, découvre-toi de quelques fils. Le mois d'avril 2020 est le plus chaud jamais mesuré, à égalité avec celui de 2016, d'après Copernicus. 

Comme le détaille le programme européen de surveillance de la Terre dans son bulletin publié mardi 5 mai, le mercure s'est particulièrement élevé en Sibérie, au Groenland, en certains points de l'Antarctique, sur la côté de l'Alaska et dans l'océan Arctique.

L'année 2020 est toujours en (très) bonne position pour détrôner 2016 sur la plus chaude marche du podium. Comme Vert l'avait raconté, plusieurs organisations météorologiques ont déjà fait leur pronostics : la National oceanic and atmospheric administration (NOAA) américaine évalue à 75% la probabilité que 2020 batte ce record vieux de (seulement) quatre ans. 

Autre enseignement glaçant : la température moyenne des douze derniers mois se situe à 1,3°C au-dessus de celle de l'ère préindustrielle (deuxième moitié du 19ème siècle). L'objectif contenu dans l'Accord de Paris de contenir le réchauffement à moins de 1,5°C apparaît de plus en plus illusoire. 

« Planète des humains », la production polémique de Michael Moore

Des contrevérités qui dérangent. Dernière production de Michael Moore, Planet of the humans a déclenché la polémique dans les milieux écologistes et scientifiques aux Etats-Unis.

Produit par Michael Moore, connu pour ses documentaires au ton très véhément (Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11), Planet of the humans constitue un puissant brûlot contre le business des énergies renouvelables. Dans ce film, sorti le 21 avril sur Youtube, le spectateur suit les pérégrinations Jeff Gibbs, acolyte de toujours de Michael Moore, à travers un festival des énergies renouvelables, des foires aux panneaux solaires, ou des sites de construction de centrales solaires ou éoliennes. 

Le film est désormais disponible en version sous-titrée en français. 

Projets pharaoniques et hyperpolluants de fermes solaires, voitures électriques alimentées par les centrales à charbon... Avec ce ton très sarcastique, caractéristique des films de ce tandem, Jeff Gibbs moque certaines aberrations. Le réalisateur dénonce également le recours généralisé à la biomasse (combustion du bois) ou aux biocarburants comme sources d'énergie renouvelable, alors que leur coût environnemental est potentiellement désastreux. 

Autre force du film, Jeff Gibbs dénonce les nombreux liens qui se sont tissés entre politiques, écologistes et grandes industries. Parmi les personnages centraux du film : Al Gore, auteur du documentaire écologiste à succès mondial Une vérité qui dérange et qui a reçu 500 millions du Qatar, monarchie pétrolière à qui il a vendu sa chaîne de télé. 

Hélas, cette critique légitime adressée à une certaine vision de l'écologie se transforme au fil des minutes en dénigrement systématique de la notion même d'énergie renouvelable en laissant croire que celles-ci sont aussi sales que le charbon ou le gaz. D'un plaidoyer pour la décroissance – seule façon réelle de sortir des énergies fossiles, le film finit par emprunter des routes tortueuses : le réalisateur fait dire à ses interviewés que le problème vient surtout de la surpopulation mondiale. Un mythe dangereux largement débunké, comme ici par Datagueule

© Datagueule

Toutes ces critiques, qui ont émané de médias, d'ONG ou de scientifiques, ont valu au film - déjà vu par près de 7 millions de spectateurs sur Youtube - d'être retiré pendant un temps de la plateforme de documentaires Films for Actions, comme l'a rapporté le Guardian. A manier avec précaution. 

Un appel commun à une reconstruction écologique et sociale

L'appel des appels ? Plus de 70 organisations lancent une pétition pour une relance écologique et sociale en réponse à la crise actuelle et aux prochaines.

Une fois la pandémie passée, les désastres écologiques et les inégalités sociales menaceront toujours. Organisations écologistes (Colibris, Réseau action climat), sociales (Emmaüs), d'étudiants, d'infirmières ou encore, paysannes, se sont unies pour peser de tout leur poids sur les orientations que choisiront le gouvernement français dans les futurs plans de relance. 

Leurs propositions, faites à l'intention des décideurs et décideuses : investir massivement dans les services publics (santé, éducation) ; former et créer des emplois dans les métiers de la transition écologique, autour, notamment, de la rénovation thermique des bâtiments et des transports décarbonés ; relocaliser les activités utiles à la société ; conditionner strictement le sauvetage de certains secteurs à l’alignement de leurs activités avec les objectifs écologiques nationaux. Le texte est accompagné d'une pétition, à retrouver sur le site appel-commun-reconstruction.org

Scènes de la vie sauvage

C'est très joli. Renardeau pris dans les lumières de la ville de Koweït, gang de ratons laveurs, panique dans une foule d'oies... La Société allemande de la photographie de nature (GDT) vient de publier la liste des lauréats de l'édition 2020 de son concours. Oiseaux, mammifères, nature... Le Guardian nous offre sa sélection des plus beaux clichés dans chaque catégorie. L'intégralité des photos primées est à retrouver sur le site de la GDT

« Un rêve de lièvre », le cliché de Peter Lindel, grand vainqueur du concours de la GDT