Des gourdes contre les pipelines


Parfois, lorsqu'on demande à nos dirigeants de changer le monde, ceux-ci consentent à rouler en voiture hybride.

Conseil de défense écologique : des gourdes pour l'Elysée...

Les dernières éditions avaient été l'occasion d'annonces importantes, comme l'abandon des projets d'Europacity dans le Val d'Oise ou de la Montagne d'Or en Guyane. Rien de tout cela à l'issue du quatrième conseil de défense écologique, rassemblé mercredi 12 février, qui s'est contenté de mesures très modestes.

Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique, a énuméré une série de dispositions qui devront protéger les côtes françaises de l'érosion du littoral. Les nouvelles constructions en bord de mer menacées à moins de 30 ans devraient être interdites. Entre 5 000 et 50 000 habitations en danger seront relocalisées d’ici à la fin du siècle. Dans ces zones menacées, seules des constructions « non pérennes » et « démontables » seront autorisées. 

Par ailleurs, les procédures de mise en œuvre des programmes d'action et de prévention des inondations (PAPI) seront allégées et leur durée d'élaboration divisée par deux. Les aires protégées devraient couvrir à terme 30 % du territoire contre 23,9 % actuellement. Quatre nouveaux parcs naturels régionaux devraient voir le jour, au Mont Ventoux, en Baie de Somme, dans les Corbières et dans le Doubs, comme l'a relevé la Croix.

Enfin, fidèle à sa politique des « petits pas », le gouvernement a annoncé une vingtaine de dispositions visant à « verdir » les services de l'État. Les collaborateurs de l'Élysée se sont vus offrir une gourde et le président de la République devrait bientôt se déplacer dans un véhicule présidentiel blindé hybride, comme l'a noté le Monde. Défense de rire. 

 

... Et des pipelines pour l'Europe

Pendant qu'Emmanuel Macron présidait le conseil de défense écologique, peu avant de se rendre dans les Alpes, où il doit annoncer aujourd'hui comment il compte protéger le Mont Blanc de la fonte des glaces, ses eurodéputés accordaient leur soutien à 32 projets gaziers en Europe.

Mercredi 12 février, les députés européens du groupe Renew, constitué pour une bonne partie de membres de la République en marche et du Modem, ont validé la quatrième liste de Projets d'intérêt commun (PIC) de la Commission. On y trouve des dizaines de projets d'infrastructures gazières à travers le continent comme, par exemple, un pipeline qui reliera l'Italie à Israël, comme l'a noté Libération

Une fois étiquetés « d'intérêt commun », les projets peuvent recevoir des financements publics ou des prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI). Censée se transformer en « banque du climat », cette même BEI a promis qu'elle cesserait de financer des projets fossiles d'ici la fin 2021.

Le coût total de ces infrastructures est estimé à 29 milliards d'euros. Jusqu'à 50% pourraient être financés par les contribuables européens, prévient le Guardian

Dans cette même séance, les députés macronistes ont également voté en faveur d'un traité de libre-échange entre l'Union Européenne et le Vietnam. À lire dans Libération.

La production d’électricité et les émissions liées baissent en France

En 2019, la production d'électricité française a baissé de 2%, selon les chiffres publiés, mercredi, par le Réseau de transport d'électricité (RTE).

Cette décrue est due à une production d’électricité nucléaire en baisse (-3,5%) en raison d’une « moins bonne disponibilité du parc », à une diminution de la production d'énergie hydraulique (-12,1%) à cause de la météo, et d'une chute (-71,9%) de l'électricité produite à base de charbon, conséquence d'un hiver doux. Les usines à charbon servent notamment lors des pics de consommation. 

Dans le même temps, la production d'électricité à partir de gaz a fortement cru (+24%), de même que l'éolien (+21,2%) et le solaire (+7,8%).

Résultat, les émissions liées à la production d'énergie ont baissé de 6%. La consommation d’électricité française a par ailleurs atteint son plus bas niveau depuis 10 ans avec 473 TWh, en baisse de 0,5% (corrigé des variations de la météo).

 

Des militants de Sea Shepherd poursuivis pour avoir exhibé des dauphins morts

Ils avaient exhibé des dauphins morts pour alerter sur les milliers de victimes collatérales de la pêche : des militants de l'ONG Sea Sheperd sont poursuivis pour « détention et transport illégal d’espèce protégée ».

© Sea Shepherd

Baisse des émissions : la France fait l'autruche

Au moment de la signature de l'Accord de Paris, en 2015, la France avait promis qu'elle accroîtrait, cinq ans plus tard, ses efforts en matière de réduction des émissions de CO2. Nous sommes en 2020 et faute d'avoir atteint ses objectifs, le gouvernement les a allégés. Et ce n'est pas tout, comme le détaille Reporterre, qui dresse un lourd bilan de l'inaction française

En 2015, année de l'Accord de Paris, la France avait publié sa première Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), une feuille de route non-contraignante dans laquelle l'Etat se fixe des objectifs progressifs de réduction des gaz à effet de serre. Le pays s'y engageait à ne pas dépasser une moyenne 398 millions de tonnes d'équivalent CO2 par an : le chiffre a atteint 445 mégatonnes en 2018. 

C'est ainsi que le gouvernement a décidé, dans sa nouvelle SNBC publiée en janvier 2020, de diminuer les objectifs qu'il n'a pas su atteindre, comme Vert l'avait raconté.

Or, en 2015, il avait été conclu à Paris que l'année de la COP26, qui se tiendra en novembre 2020 à Glasgow, les Etats rehausseraient leurs « contributions nationales déterminées » (NDC). Autrement dit, ceux-ci doivent présenter les efforts supplémentaires qu'ils mettront en œuvre pour accélérer la baisse de leurs émissions de CO2. Comme l'explique Reporterre, à la date butoir du 9 février, seuls trois pays - les îles Marshall, le Suriname et la Norvège, avaient transmis leurs nouvelles NDC. La France est aux abonnés absents. 

Enfin, rappelle encore Reporterre, à l'échelon européen, le gouvernement est censé adopter un plan national en matière d’énergie et de climat (PNEC). La France doit y expliquer, entre autres, comment elle réduira ses émissions d'au moins 40% d'ici 2030. Elle fait, hélas, partie de la poignée de récalcitrants qui n'ont toujours pas rendu leur copie à l'Union Européenne. A lire dans Reporterre.

Le géant du pétrole BP promet la neutralité carbone en 2050

À force de faire le grand écart, gare à la blessure ! Le nouveau directeur général du pétrolier BP, Bernard Looney, a promis que sa multinationale parviendrait, d'ici à 2050, à la neutralité carbone. Autrement dit, elle n'émettra pas plus de CO2 que ce qu'elle pourra compenser, en plantant des arbres, par exemple.

© BP

Malheureusement, le DG n'a pas su expliquer précisément comment il comptait s'y prendre. Mercredi, lors d'une conférence de presse, il a annoncé que BP investirait à l'avenir dans des « business bas-carbone ». Une stratégie un peu légère pour compenser l'intégralité des 400 millions de tonnes de CO2 produites chaque année par les activités de BP et la combustion des hydrocarbures qu'elle vend. 

D'autant que BP produira toujours gaz et pétrole en 2050, a encore expliqué Bernard Looney. « Aujourd'hui, il s'agit d'une vision, d'une ligne de conduite », a-t-il déclaré, promettant des annonces plus concrètes en septembre. « Le cap est fixé, nous allons vers le zéro émission nette. Il n'y aura pas de retour en arrière » a encore professé le DG.

"BP promet de tout faire pour résoudre la crise climatique. Mais voici la liste de tous les sites pétroliers et gaziers qu'elle exploite"  ©Greenpeace

Les nouvelles promesses de BP ont provoqué l'ire des ONG. Dans une vidéo, Greenpeace fait la liste des quelque 1700 sites d'extraction de gaz ou de pétrole actuellement exploités par BP. « Nous avons besoin de réductions drastiques des émissions à la source, dès aujourd'hui, a commenté Greta Thunberg. Pas de mots creux et de mensonges éhontés. »

Ces déclarations sont d'autant plus impossibles à croire que BP projette d'augmenter de 20% sa production de pétrole et de gaz entre 2018 et 2030, comme l'a révélé le Guardian dans une enquête.

Les exploitants d'hydrocarbures ne savent plus comment faire oublier qu'ils sont les premiers émetteurs de CO2 dans le monde. Vingt entreprises, parmi lesquelles BP ou Total, ont produit à elles seules 35% des émissions de gaz à effet de serre mondiales depuis 1965.

L'effondrement, version ultra-tendue

Effondrement, J+25. Poussé sur les routes de l'exil, un groupe recherche de l'aide auprès des habitants, bien organisés, d'un hameau. Mais rien ne va se passer comme prévu. Dans le quatrième épisode de leur série ultra-tendue tournée en un seul plan-séquence, les Parasites nous offrent leur vision toujours aussi optimiste de l'effondrement.