De bonnes actions pour racheter la finance


La finance fossile s'arrange pour fixer ses propres règles environnementales. Et si nous la rachetions ?

La Convention citoyenne pour le climat fait ses propositions

Alors les idées fusent pour tenter de trouver une sortie sociale et écologique à la crise du coronavirus, elles et ils ne voulaient pas rater le coche. Les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat ont envoyé leurs propositions au gouvernement pour tenter de répondre à l'urgence climatique

Les 3 et 4 avril, les citoyen•ne•s tiré•e•s au sort huit mois plus tôt devaient initialement se retrouver au Conseil économique et social, à Paris, pour leur septième et dernier weekend de travail. Malgré le confinement, les membres de la Convention ont décidé de continuer la collaboration en se réunissant en visioconférence. Puis, le 9 avril, elles et ils ont fait parvenir au gouvernement leurs 50 propositions visant à réduire de 40% les émissions de CO2 françaises d'ici à 2030.

Séance dans l'hémicycle du Conseil économique, social et environnemental, le 9 février 2020 © Compte Twitter de Fabrice Pouliquen

Transports, logement, alimentation, fiscalité... Ces mesures, qui touchent tous les secteurs de l'économie et de la société, respectent également un impératif de justice sociale. La Convention propose, par exemple, de rendre obligatoire la rénovation thermique des bâtiments et de rénover 20 millions de logements d'ici 2030, comme l'a révélé Alternatives économiques

Pour décarboner les transports, les citoyen•ne•s proposent que la commercialisation des véhicules les plus polluants soit interdite dès 2025 ; De faire passer le fonds vélo de 50 à 200 millions d’euros par an pour financer le développement des infrastructures cyclables ; D'encourager le fret ferroviaire ; De réduire la TVA sur les billets de train, etc.

Les citoyen•ne•s ont aussi élaboré des mesures visant à lutter contre l'étalement urbain et l'artificialisation des sols, à favoriser les circuits courts. Parmi les propositions originales : « une sorte de loi Evin sur le climat » pour interdire, dès 2023, la publicité des produits les plus émetteurs de gaz à effet de serre, rapporte Public Sénat. Egalement dans le but de freiner la surconsommation, les panneaux publicitaires seraient prohibés en extérieur. 

Les membres de la Convention ont décidé de transmettre prématurément cette série de mesures alors que celles-ci n'ont pas encore été ratifiées par leur assemblée plénière. Reste à savoir ce qu'en fera l'exécutif en pleine tempête de coronavirus. Pour rappel, Emmanuel Macron s'était engagé à reprendre ces propositions « sans filtre ». Toutes les mesures sont à retrouver dans Alternatives économiques (abonnés) et Public Sénat

Un incendie se rapproche de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl

Y aura-t-il une saison 2 à la série de HBO ? En Ukraine, un important incendie se rapproche dangereusement du site de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl.

Lundi 13 avril, plus de 400 pompiers combattaient les flammes dans la zone d'exclusion de 30km de rayon qui entoure l'ex centrale, détruite par un accident en 1986.

L'exécutif ukrainien se veut rassurant et jure que « la centrale nucléaire de Tchernobyl, les lieux de stockage de déchets radioactifs et les autres infrastructures cruciales de la zone d'exclusion ne sont pas menacés », comme l'a affirmé un haut-responsable des services d'urgence dans une vidéo postée lundi sur Facebook. 

L'incendie aux portes de Prypiat © Page Facebook de Yaroslav Iemelianenko

Mais plusieurs observateurs démentent l'optimisme du gouvernement ukrainien. Photos et vidéo à l'appui, Yaroslav Iemelianenko, guide touristique dans la région, assurait que l'incendie avait atteint l'ancienne ville de Prypiat et n'était plus qu'à deux kilomètres de l'ancienne centrale et d'un site d'entreposage de déchets radioactifs, lundi. Une estimation corroborée par Greenpeace Russie, qui s'est basée sur des observations satellites. 

En plus du risque immédiat qui pèse sur les installations abandonnées, l'incendie qui fait rage depuis le 4 avril a fait grimper le niveau de radioactivité mesuré dans l'air. Au début de l'incendie, le directeur de l'inspection écologique gouvernementale, Iegor Firsov, avait annoncé que les niveaux de radiation dans l'épicentre de l'incendie dépassaient largement les normes. Avant de revenir sur ses propos. A lire dans le Figaro (AFP). 

L'UE engage Blackrock comme conseiller écologique sur la finance

Le renard est dans le poulailler. L'Union européenne (UE) a décidé de faire appel au géant américain BlackRock pour plancher sur les nouvelles normes environnementales pour la finance

Comme le révèle le Guardian, BlackRock a remporté un appel d'offre lancé par la Commission européenne pour étudier la manière dont l'UE pourrait intégrer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans sa supervision du secteur financier et bancaire. 

Autrement dit, le premier gestionnaire d'actifs au monde (plus de 6 800 milliards d'euros détenus dans tous les secteurs de l'économie) va, entre autres, aiguiller l'Europe sur les nouvelles normes environnementales à imposer aux banques et aux investisseurs.

Or, comme l'explique encore le Guardian, BlackRock contrôle 80 milliards d'euros d'actifs dans des industries fossiles et fait partie des trois plus grands investisseurs dans les plus grandes compagnies pétrolières. Enfin, le fonds est l'un des principaux investisseurs dans les firmes bancaires mondiales.

« Nommer BlackRock comme conseiller […] sur les facteurs ESG, c'est un peu comme laisser le renard surveiller le poulailler », a jugé Katrin Ganswindt, chargée des questions d'énergie et de climat pour l'ONG allemande Urgewald, qui dénonce un « énorme conflit d'intérêts ». A lire dans le Guardian (en anglais). 

Acheter la Société générale et Lafarge

Vous avez quelques millions d'euros en rab et vous ne savez pas quoi en faire ? Profitez de la crise du coronavirus pour racheter Total ou Air France pour une bouchée de pain !

De nombreuses multinationales ont connu un effondrement boursier depuis que le monde s'est confiné en réponse à la pandémie de Covid-19. L'action de Total est passée de 45,9€ début février 2020 à 33€ environ ce mardi. Idem pour celle d'Air France, qui a chuté de 9€ à 5€ dans le même temps, pour la Société générale (divisée par deux en deux mois), Alstom ou Lafarge.

Si les bourses connaissent un léger rebond ces derniers jours, les grandes entreprises les plus polluantes ont rarement été si bon marché. Certains connaisseurs, comme le Crédit Suisse, louent des « opportunités d'achat »

François Gémenne, l'un des auteurs principaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), propose de saisir cette occasion historique : « A toutes les organisations environnementales qui ont une certaine capacité financière, mon conseil : groupez-vous et achetez massivement des actions des industries fossiles. Beaucoup plus efficace que tous les appels et manifestes pour l'après-crise » a-t-il proposé dans un tweet.

S'il paraît difficile d'imaginer que les militants pour le climat auront les moyens de se payer Total ou la Société générale, l'idée de profiter de la crise pour reprendre le contrôle des entreprises les plus polluantes à de quoi séduire. 

Au Pérou, des communautés autochtones contre un pétrolier

S'il fallait encore une bonne raison de reprendre la main sur les entreprises fossiles... Depuis des années, le pétrolier Pluspetrol commet de nombreuses exactions écologiques au Pérou. Patrouilles environnementales, actions devant la justice internationale ; Brut raconte comment plusieurs communautés autochtones résidentes de la forêt amazonienne s'organisent pour faire cesser le saccage.

© Brut