La quotidienne

Ceta revoir

Chères toutes et chers tous,

🗓️ Du 29 au 31 mars, le journal Libération pose ses valises à l’académie du climat à Paris pour la nouvelle étape de son Climat Tour. Partenaire de l'événement, Vert y animera deux échanges, samedi 30 mars, sur «Les femmes à la tête de la lutte contre le changement climatique» et «Nos cultures, nos futurs». Toute la programmation est à retrouver ici


Communistes et Républicains lui ont dit «non» au Sénat ; que fera le Palais Bourbon du Ceta ?


Le Sénat met un stop au Ceta

Ceta l'arrêt. Le Sénat français a largement rejeté la ratification du Ceta, un traité de libre échange entre l'Union européenne (UE) et le Canada. Alors que le monde agricole critiquait en début d’année les accords favorisant la concurrence internationale au détriment de la souveraineté alimentaire (notre article), l'avenir du Ceta s'assombrit. Vert rembobine.
 

C'est quoi le Ceta ?

Le «Comprehensive Economic and Trade Agreement» est un (très long) texte destiné à faciliter la circulation des biens et services entre l'UE et le Canada, en réduisant les droits de douane et en allégeant les règlementations. Signé en 2016, le Ceta est mis en œuvre «provisoirement» à plus de 90% depuis 2017. Cependant, en France, il n'a été adopté à l'Assemblée nationale - de justesse - que deux ans après… et il n'avait jamais été transmis à la chambre haute jusqu’à ce jeudi, à l’initiative des communistes, soutenus par la droite.
 

Qui s'y oppose et pourquoi ?

Ce deal économique et commercial est contesté de longue date, notamment parce qu'il accentue l'industrialisation agroalimentaire. «Ce que nous importons, ce sont des biens stratégiques, et non de la viande aux hormones», a assuré devant le Sénat Franck Riester, le ministre du Commerce extérieur. Mais pour Greenpeace, «le Canada a recours à des OGM et à des pesticides non autorisés par l’UE, utilise des farines animales pour alimenter ses élevages et dope ses animaux aux antibiotiques».

Des activistes protestent contre le Ceta avant une visite du Premier ministre canadien en 2017 en Allemagne. © Steffi Loos / Getty Images via AFP

Que va-t-il se passer maintenant ?

Après ce refus du Sénat, l’Assemblée nationale va devoir à nouveau voter sur le texte. Mais on ignore quand, car le gouvernement risque de traîner des pieds pour le mettre à l’agenda.

Si les député·es sont d’un avis contraire aux sénateur·rices, le Ceta sera officiellement ratifié par la France. Si l'Assemblée est du même avis que le Sénat et que le gouvernement notifie ce refus aux institutions européennes - ce qu’il n’est pas obligé de faire -, la ratification du traité sera abandonnée, ouvrant la voie à une fin d’application dans toute l’UE… à moins qu’un nouveau vote soit organisé en France, par le gouvernement ! Neuf parlements d’autres États membres ne se sont toujours pas prononcés sur le Ceta.

Aurélie Delmas

· Jeudi, le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry a dévoilé les résultats d’un test mené sur treize personnalités, qui révèle que dix d’entre elles, dont Camille Etienne, Mélanie Laurent ou Nagui sont contaminées aux PFAS, ces «polluants éternels». L'élu a récemment déposé une proposition de loi pour protéger la population des risques liés à ces polluants dits «éternels». - Reporterre

· La hausse du niveau de l’océan a fait un «bond» entre 2022 et 2023, a annoncé la Nasa jeudi. D’après l’agence nord-américaine, le niveau moyen s'est élevé d'environ 0,76 centimètre sur cette période, en raison du phénomène El Niño, qui provoque des pluies, et du dérèglement climatique, qui engendre une fonte des glaces et une dilatation des masses d’eau. - Le Monde (AFP)

· Jeudi toujours, plusieurs associations ont saisi le Conseil de l’Europe pour exiger un meilleur accès à l’eau potable en Guadeloupe et des réparations pour les pollutions au chlordécone. La mauvaise gestion du réseau de distribution et des eaux usées entraînent un accès catastrophique à l’eau potable et de très nombreuses coupures chez les usagers. Quant au chlordécone, un pesticide cancérogène utilisé dans les Antilles jusqu’en 1993 malgré son interdiction en métropole, il a durablement contaminé les sols et les eaux de Martinique et de Guadeloupe. - France info

- 4,8%

Les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 4,8% en France en 2023 (contre -2,7% l’année précédente) pour atteindre 384,5 millions de tonnes de CO2-équivalent, a dévoilé le Citepa, l’organisme chargé de l’inventaire national, dans son bilan provisoire publié jeudi. Les points importants :

👉 Énergie : -14% d’émissions de gaz à effet de serre, grâce au retour de la production nucléaire (de nombreux réacteurs indisponibles en 2022) et une hausse des renouvelables.

👉 Secteur résidentiel et tertiaire : -6%, surtout en raison d’une météo douce et d’une inflation marquée, notamment sur les prix de l’énergie. Mais aussi grâce à la sobriété des ménages et des entreprises, et à la rénovation thermique des bâtiments.

👉 Industrie : -8%, notamment grâce à une baisse de la production liée à des contraintes d’approvisionnement. Dans une moindre mesure, grâce aux financements publics de la décarbonation assurés par le dispositif France 2030.

👉 Transports : -1,5%. Légère baisse pour le transport routier (-3%) liée à la hausse des prix à la pompe et au passage à l'électrique. Sur l’aérien, les émissions explosent et dépassent le niveau pré-Covid de 2019.

Le budget carbone fixé par la Stratégie nationale bas carbone devrait être respecté pour la période 2019-2023. Les émissions liées aux secteurs de l’agriculture, des déchets et aux puits de carbone n’ont pas encore été estimées. Le bilan définitif de 2023 sera publié en juin prochain.

«Les semeuses», de Diane Wilson : conserver les graines par-delà l’oppression

Qu’est-ce qu’on sème ! Dans un premier roman envoutant, l’activiste écologiste Diane Wilson démêle les héritages du peuple dakhota, lourds de l’empreinte du colonialisme et riches des savoirs traditionnels, au travers du parcours de quatre femmes inspirantes que les graines relient.

Après le décès de son mari John, cultivateur de maïs atteint d’un cancer foudroyant, Rosalie Iron Wing se réfugie au cœur de l’hiver dans la cabane où elle a grandi avec son père jusqu’à ses 12 ans. Sur ses terres ancestrales du Minnesota (États-Unis), elle part en quête de sa lignée dakhota qui la mène à sa grande-tante Darlene Kills Deer. Au fil des pages, on rencontre la militante Gaby Makespeace, la discrète Ida, ou l’ancêtre Marie Blackbird, pourchassée par les colons en 1860.

De ce roman qui mêle l’intime et le politique, s’élève le cri sourd des enfants autochtones arrachés à leur famille et élevés par des Blancs. Face à la violence du colonialisme, seul le pouvoir des graines et les récits ancestraux permettront, peut-être, de réparer les traumatismes et lutter contre les nouvelles menaces qui pèsent sur la vie : la pollution de la rivière par les engrais et les pesticides, et le maïs transgénique.

D’ascendance sioux, l’autrice Diane Wilson est une activiste environnementaliste, née en 1948 au Texas. Elle a créé l’Alliance pour la souveraineté alimentaire de la nourriture des peuples natifs d’Amérique. Publié en 2021 sous le nom de The Seed Keeper, ce roman - son premier - a connu un succès largement mérité aux États-Unis.

Les semeuses, Diane Wilson, Rue de l’échiquier, mars 2024, 384p, 24€

Juliette Quef

Le mauvais bulletin des enfants

Météo secours. «Imaginez-vous ma situation quand je serai grand», implore Noam, jeune garçon en costard, devant des images du désastre climatique. Ce jeudi, le programme de l'ONU pour le développement a diffusé un flash météo présenté par des enfants de différents pays sur plusieurs chaînes de télévision. «Pour vous, ceci n'est peut-être qu'un flash météo. Mais pour nous, il s'agit de notre avenir», interpelle le garçon.

© United Nations Development Programme (UNDP)

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Justine Prados ont contribué à ce numéro.