Bure, Bure, d’être un militant écolo


Un numéro où l'on verra que parfois, tous les moyens sont bons pour enfouir la contestation. 

2020 est bien partie pour battre tous les records

C'est (de plus en plus) chaud. Selon plusieurs organisations météorologiques, l'année 2020 est bien partie pour être la plus torride jamais mesurée. 

Selon le Met office du Royaume-Uni, il y a une chance sur deux pour que 2020 surpasse toutes les autres, indique le Guardian. Autre prévision : Gavin Schmidt, directeur du Goddard Institute for Space Studies de la Nasa, évalue cette probabilité à 60%. Pis : selon la National oceanic and atmospheric administration (NOAA) américaine, 2020 a 75% de chances de battre ce record vieux de (seulement) quatre ans. 

En effet, 2016 est toujours sur la première marche du podium. Cette année-là, le phénomène El Niño avait « dopé » les températures et réchauffé fortement, mais ponctuellement, la planète. 

Les dix années les plus chaudes (avant 2020). Le graphique indique les écarts annuels à la moyenne de la période 1881-1910. ©Climate central 

Il faut dire que 2020 part sur les chapeaux de roues. L'année a commencé avec le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré. Depuis, aux deux extrémités de la planète, l'Antarctique et le Groenland ont battu des records de chaleur, rapporte encore le Guardian. Entre janvier et mars, en Europe de l'est et en Asie, la température moyenne a dépassé de 3°C la normale. 

Avec ces nouvelles données, selon Karsten Haustein, climatologue à l'université d'Oxford (Royaume-Uni) interrogée par le quotidien britannique, la température mondiale pourrait avoir atteint 1,17°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle. L'objectif contenu dans l'accord de Paris de maintenir la hausse à moins de 1,5°C paraît toujours plus hors d'atteinte. A lire dans le Guardian (en anglais).

Le coronavirus détecté sur des particules de pollution

Les indices quant au rôle potentiel de la pollution de l'air dans la propagation de la pandémie s'accumulent. Pour la première fois, des scientifiques ont détecté la présence du coronavirus sur des particules de pollution en suspension dans l'air

A Bergame, en Italie, des chercheurs de l'Université de Bologne ont effectué des relevés de particules fines en zone urbaine et industrielle. Ceux-ci ont ensuite été analysés par un laboratoire indépendant qui a confirmé la présence d'un gène propre au coronavirus responsable du Covid-19.

Lorsqu'une personne tousse ou éternue, des microgouttes, d'un diamètre inférieur à 5 micromètres, restent en suspension dans l'air et peuvent être transportées plus loin. Comme l'explique le Guardian, le monde de la recherche ne sait pas encore si ces gouttelettes peuvent transmettre l'actuel virus. Ce qui est établi, en revanche, c'est que le coronavirus responsable de l'épidémie de Sras en 2003 s'est propagé dans l'air. Et que le nouveau virus peut rester en vie plusieurs heures dans ces micro gouttelettes. 

Lorsqu'elles rencontrent des particules fines (d'un diamètre allant jusqu'à 10 micromètres), ces gouttelettes peuvent alors voyager sur de plus longues distances, selon Leonardo Setti, auteur principal de cette nouvelle étudeDans une précédente étude, une équipe interuniversitaire menée par le même Setti avait déjà suggéré que le virus s'était propagé de manière anormale dans certaines des régions italiennes dont l'air était pollué aux particules fines. Celles sont générées en grande partie par le trafic routier, l'industrie, le chauffage ou les épandages agricoles.

Aucune de ces deux études n'a, pour l'heure, fait l'objet d'une publication dans une revue scientifique avec une validation par les pairs. De plus amples recherches devront notamment établir si les quantités virales présentes sur les gouttelettes sont en nombre suffisant pour infecter une personne. A lire dans le Guardian (en anglais).

La surveillance massive des militants antinucléaires de Bure

A part les précogs, tout y est passé. Depuis l'ouverture d'une information judiciaire en juillet 2017, les militant•e•s antinucléaires de Bure (Meuse), ont été la cible d'à peu près tous les outils de surveillance à disposition de la justice

En juin 2017, une poignée d'opposant•e•s au projet de centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Cigéo vandalisent un hôtel occupé par des gendarmes et des professionnels du nucléaire. Dans les semaines, puis les mois qui suivront, la réponse judiciaire prend des proportions gargantuesques, ainsi que le révèle une enquête menée conjointement par Mediapart et Reporterre

Le projet Cigéo en chiffres © L'Obs

Des dizaines de personnes placées sur écoute, des dizaines de milliers de messages interceptés, plus de quinze ans de temps cumulé d’interception téléphonique, géolocalisation, outils dignes de films d'espionnage... L'information judiciaire ouverte pour « association de malfaiteurs » va permettre la mise en place d'un système de surveillance généralisé et indistinct de tou•te•s les opposant•e•s au projet Cigéo. 

Selon Me Matteo Bonaglia, l’un des avocats des mis en examen interrogé par les deux journalistes, « on observe […] un dévoiement des outils judiciaires à des fins de surveillance et d’entrave des opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Il est devenu quasi impossible de lutter et d’exprimer ses opinions sur place sans être pris dans les mailles de ce filet ». A lire dans Reporterre et Mediapart (abonnés). 

Trois étapes pour préparer le monde d’après

Monsieur le Président, il vous font une lettre que vous lirez peut-être. Des élu•e•s, scientifiques et personnalités de la société civile ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron dans laquelle elles et ils proposent leurs solutions pour « le monde d'après » la crise du Covid-19.

« Dans votre dernière allocution, vous déclariez :"Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies. Et nous réinventer. Moi le premier." […] Nous les premiers […] sommes prêts à dessiner ensemble un chemin qui tire"toutes les leçons de cette crise" », écrivent en préambule les signataires de cette tribune. Parmi celles et ceux-ci on trouve, pêle-mêle la figure des Gilets jaunes Priscillia Ludosky, Corinne Lepage (avocate et ancienne ministre de l’environnement), Eric Piolle et Anne Hidalgo (maires de Grenoble et Paris) ou encore, le collapsologue Pablo Servigne, auteur et chercheur indépendant. 

Leurs propositions sont articulées en trois temps. Dans l'immédiat, les signataires demandent que soient écoutées les doléances des citoyen•ne•s à travers la mise en place d'une plateforme sur internet. L'ensemble de ces contributions devra faire « l’objet d’une synthèse indépendante du gouvernement »

A court terme (mai-juin 2020), les auteurs•rices de la lettre réclament la mise en place de « Fabriques de la transition au niveau local ainsi qu’un Conseil national de la Transition ». L'idée : que la réponse à la crise et les plans de relance qui suivront soient décidés au niveau des territoires. A long terme, enfin, les signataires demandent la préfiguration d'une Assemblée citoyenne du futur faite de personnes tirées au sort qui devra « définir les grands principes d’un plan de transformation du pays ». A lire sur le site de France info.

Il y a 10 ans, la catastrophe de Deepwater horizon

Le 20 avril 2010, un incendie sur une plateforme pétrolière exploitée par le géant BP dans le golfe du Mexique provoquait l'une des plus importantes marées noires de l'histoire. 10 ans après, le bilan environnemental et sanitaire de la catastrophe est énorme, et la région n'a pas fini de panser ses plaies, comme le raconte Brut dans cette vidéo. 

© Brut