« Notre maison brûle toujours » mais certains préfèrent encore attendre un peu avant d'appeler les pompiers.

La France amoindrit ses objectifs de réduction du CO2
Quand les objectifs ne sont pas atteints, quoi de mieux que de les réduire ? C'est ce que la France est en train de faire, alors que le gouvernement a rendu public, lundi 20 janvier, la révision de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
La SNBC, c'est une feuille de route non-contraignante dans laquelle l'Etat se fixe des objectifs progressifs de réduction des gaz à effet de serre. La première version de ce document avait été écrite en 2015, à l'occasion de l'accord de Paris. La France se promettait de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 2,2% par an entre 2015 et 2018. Elles n'ont diminué que d'un pourcent chaque année. La moyenne annuelle des émissions totales ne devait pas dépasser 398 millions de tonnes d'équivalent CO2 : la France en a produit 445 mégatonnes en 2018.
Dans la nouvelle mouture de la SNBC, les objectifs sont revus à la baisse pour la période 2019-2023 : le budget carbone à ne pas dépasser sera de 422 mégatonnes. Puis, le gouvernement parie sur une accélération de la baisse dans le futur : 359 Mt eq-CO2 entre 2024 et 2028, et enfin, 300 Mt eq-CO2 entre 2029 et 2033.
Ce nouveau renoncement a été décrié, dans un communiqué, par les associations membres du Réseau action climat (RAC). « Non seulement le Gouvernement propose que la France émette davantage de gaz à effet de serre d'ici 2023 que prévu, mais, pire, ce nouvel objectif est conditionné à des mesures supplémentaires qui sont remises à plus tard ! », s'est étranglée Anne Bringault, responsable de la transition énergétique du RAC, sur Twitter. A lire dans Usine Nouvelle.
De nouveaux objectifs pour la consommation d'énergie
En parallèle, le gouvernement a également rendu publique, lundi 20 janvier, la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Un document qui fixe les grandes orientations du secteur pour les années à venir : stratégie, investissements publics, etc.
En accord avec le contenu de la loi climat-énergie, votée en septembre 2019, l'objectif de réduction de la consommation totale d'énergie pour 2030 par rapport à 2012 a été légèrement revu à la hausse : il est passé de 17% à 20%. La réduction de la consommation d'énergies fossiles passe de 30 à 40% ; la part prévue des énergies renouvelables dans le mixte énergétique stagne (de 32 à 33%), comme l'a détaillé Actu Environnement.
Enfin, la part du nucléaire dans la production totale d'électricité devrait chuter pour atteindre 50% en 2035. Elle est actuellement de plus de 70%, selon EDF. Ceci devrait entraîner la fermeture de 14 réacteurs. Mais aussi prolonger la vie des autres au-delà des 40 années maximales d'exploitation prévues lors de leurs construction, comme l'a dénoncé le réseau Sortir du nucléaire sur Twitter.
En Alsace, la géothermie profonde a chaud
Ce pourrait être la victime de la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) : en Alsace, la filière naissante de la géothermie profonde risque d'être tuée dans l'oeuf.
Posé sur un réseau souterrain d'eau très chaude (plus de 200 degrés par endroits), le nord de l'Alsace accueille depuis quelques années les premières centrales pilotes de géothermie profonde : celles-ci pompent l'eau, en extraient la chaleur et la remettent dans le sol. Cette technique permet de générer chaleur ou électricité de manière décarbonnée, renouvelable et accessible 24h/24.
La PPE était fébrilement attendue par les collectivités locales et les énergéticiens bas-rhinois parce qu'elle fixe les prix auxquels l'Etat rachète l'électricité aux fournisseurs. Jusqu'alors, pour permettre le développement de cette filière, l'électricité issue de la géothermie profonde était payée à un prix largement supérieur aux autres sources d'énergie. Dans la nouvelle PPE, ce prix n'est plus garanti, laissant craindre aux acteurs de la filière que le développement de la géothermie, encore coûteuse puisqu'à un stade embryonnaire, s'arrêtera-là. A lire dans les Dernières nouvelles d'Alsace.

Greta Thunberg de retour à Davos
« Notre maison brûle toujours » : invitée à s'exprimer à la tribune du Forum économique mondial de Davos (Suisse), mardi 21 janvier, Greta Thunberg a mis à jour les mots désormais célèbres prononcés un an plus tôt. « Votre inaction nourrit les flammes à chaque heure qui passe », a-t-elle ajouté, devant un public constitué de dirigeants de multinationales et de leaders politiques.
N'en déplaise à la France, « soyons clairs. Nous n'avons pas besoin d'une “économie bas-carbone”. Nous n'avons pas besoin de “réduire nos émissions”. Nos émissions doivent cesser si nous voulons avoir une chance de rester sous l'objectif de 1,5°C » d'augmentation moyenne de la température par rapport à l'époque préindustrielle, a encore expliqué la militante suédoise.
Greta Thunberg a également repris les mots d'une tribune, publiée le 10 janvier dans le Guardian, pour exiger la fin de l'exploration et de l'extraction de combustibles fossiles, la fin des subventions à ce secteur et le désinvestissement complet et immédiat des énergies fossiles.
Un duel à distance s'est par ailleurs opéré avec sa némésis, Donald Trump qui, une heure plus tôt, décrivait implicitement les militants pour le climat comme les « héritiers des stupides diseurs de bonne aventure ». Greta Thunberg a répondu point par point à certaines de ses piques les plus climato-sceptiques ; une joute mise en images par le Huffington Post. L'intégralité du discours de Greta Thunberg est à lire (en anglais) sur le site du New York Times.
En finir avec les fongicides SDHI
La chose est désormais bien documentée : les pesticides SDHI (pour « inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ») ne tuent pas que des champignons. Mardi 21 janvier, les associations Nous voulons des coquelicots, Générations futures et France Nature Environnement ont écrit à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour demander que soient interdits trois produits à base de SDHI.
Comme le raconte le Monde, l'objectif à terme est de bannir tous les produits composés de ce fongicide utilisé pour bloquer le fonctionnement cellulaire des champignons et donc, leur prolifération. Une étude, publiée en novembre 2019 dans la revue Plos One, est venu abonder des soupçons déjà bien établis : les pesticides SDHI sont accusés de ne pas avoir une action ciblée et d'affecter indistinctement insectes, animaux et humains.
Si les associations n'obtiennent pas de réponse de la part de l'Anses, elles saisiront le tribunal administratif de Lyon, ville où sont installées les entreprises qui commercialisent les produits visés.
Dans leur combat, les associations ont reçu le soutien de députés sénateurs. Mais aussi celui de 450 scientifiques, qui ont publié dans le Monde, le même jour, une tribune contre les pesticides SDHI. Ils y dénoncent le risque d'une « catastrophe sanitaire » et les atteintes portées à la biodiversité. Les signataires reprochent à l'Anses de faire la sourde oreille malgré les nombreuses alertes et dénoncent un « déni des données scientifiques ». Ils s'en remettent aux élus pour faire appliquer le principe de précaution et interdire leur usage en milieu ouvert.

La prochaine crise financière mondiale sera climatique
Si l'économie mondialisée est mauvaise pour le climat, il y a fort à parier que le réchauffement climatique aura des conséquences sur le business international. Dans un rapport, publié lundi 20 janvier, la Banque des règlements internationaux (BRI) prédit que la multiplication d'événements climatiques d'ampleur provoquera la prochaine grande crise financière mondiale, comme l'a repéré le journal économique italien Il Sole-24 Ore.
Société dont sont actionnaires de nombreuses banques centrales, la BRI explique en outre que « la complexité d’une crise engendrée par le changement climatique est bien plus élevée [qu'une crise financière "classique" - NDLR], avec toute une série de réactions en chaîne et d’effets en cascade associés, qui peuvent engendrer des dynamiques environnementales, géopolitiques, sociales et économiques, fondamentalement imprévisibles ».
Le rapport encourage les banques centrales à prendre le problème à bras-le-corps, à investir dans les activités les plus durables et à concourir àleur développement par une politique monétaire qui leur sera favorable. A lire dans Courrier International.

Des balles de golf biodégradables
« Notre maison brûle toujours, mais au moins, nos balles de golf seront biodégradables ! » aurait pu se réjouir Greta Thunberg. En plus de ne pouvoir être pratiqué que par 1% de la population, de nuire à la biodiversité pour conserver des pelouses bien tondues où rien d'autre que du gazon ne pousse, le golf égare ses balles en plastique dans les mares et bois alentours.
Qu'à cela ne tienne, plutôt que de cesser d'y jouer, des étudiants en école d'ingénieur ont développé un prototype de balle de golf biodégradable. « Les premiers résultats sont prometteurs », explique, attendri, le Parisien. Vert vous promet la création très prochaine d'une rubrique « Greenwashing » que cette innovation aurait pu inaugurer.

Le triste retour au bercail des tortues
Et si, une fois revenus de voyage, vous ne reconnaissiez plus rien de votre environnement, que vos voisins, vos amis avaient disparu ? C'est la métaphore efficace employée par Greenpeace pour mettre en images la destruction des habitats marins des tortues, alors que 6 des 7 espèces de tortues marines sont menacées d'extinction, indique l'ONG dans un communiqué. Une vidéo réalisée par le studio Aardman, qui met habituellement la main à la pâte (à modeler) pour fabriquer les Wallace & Gromit et autres Shaun le mouton.
