Banques ou banquise, il faut choisir


Les banques nous font froid dans le dos même s'il fait de plus en plus chaud. 

Des géants endormis de méthane se réveillent en Arctique

Des monstres marins, des vrais. Dans la mer de Laptev, au nord-est de la Russie, des dépôts de méthane gelé, connus sous le nom de « géants endormis du cycle carbone » ont commencé à être libérés sous l'effet d'une hausse des températures.

A 350 mètres de profondeur, les scientifiques de l'International Siberian Shelf Study (ISSS) ont pu voir des nuages de bulles se libérant des sédiments et se dissolvant ensuite dans l'eau. Les niveaux de méthane mesurés à ces profondeurs seraient quatre à huit fois plus élevés que la normale, selon les premières estimations, rapportées par le Guardian

« En ce moment, il est peu probable qu’il y ait un impact majeur sur le réchauffement climatique, mais le fait est que ce processus a maintenant été déclenché », a déclaré au quotidien britannique l'un des scientifiques de la mission. Si elle était confirmée, cette découverte marquerait le début d'une boucle de rétroaction climatique : la libération du méthane, gaz au pouvoir de réchauffement 80 fois plus fort que le dioxyde de carbone sur 20 ans, est susceptible d’accélérer fortement le rythme du réchauffement climatique. Entraînant à son tour le relâchement de folles quantités de méthane, etc.

Le climatologue américain Zachary Labe réalise et poste sur son compte Twitter de nombreux graphiques illustrant le dérèglement climatique en Arctique. Celui-ci comptabilise la superficie de la banquise de 1979 à 2020.  © ZLabe

La cause la plus probable de ce dégel des dépôts de méthane est une intrusion de courants chauds de l’Atlantique dans l’est de l’Arctique. Cette « atlantification » naît du fait que la fonte de la banquise dans cette zone qui borde la Sibérie est particulièrement prononcée cette année en raison des fortes chaleurs de cet été, comme Vert s'en était fait l'écho. La principale fabrique de glace de mer arctique n'a pas encore commencé à geler alors que l'automne est déjà bien avancé. Plus d'informations dans Le Monde.

• La mise à l'arrêt de l'économie mondiale va éviter l'équivalent de 2,5 années d'émissions de gaz à effet de serre liées au secteur de l'énergie d'ici 2050selon une étude de Bloomberg, publiée mardi. Malgré ces progrès et en l'absence de véritables changements structurels, le cabinet estime que le monde est toujours sur le chemin d'un réchauffement de 3,3 degrés d'ici 2100 – AFP

•  Le chiffre d'affaires des entreprises de recyclage est en net recul : - 6% en 2019, d'après un bilan, publié mercredi, par Federec, fédération qui regroupe 1 200 entreprises du secteur. Avec la crise économique, le cours des matières premières s'effondre encore un peu plus, les rendant sensiblement moins chères que les matières recyclées. La demande des industriels pour ces dernières est en chute libre, faute d'obligation d'en incorporer dans leur production - Les Échos

•  Les financiers de Wall Street annoncent l’arrivée de l’eau en boursePlus précisément, l'eau de Californie fera bientôt l'objet de contrats à termes sur le Chicago Mercantile Exchange (CME) et le Nasdaq, deux des grands marchés financiers des États-Unis. Ce type de contrats permet de parier à l'avance sur le prix d'une denrée ce qui peut générer de forts mouvements spéculatifs - France Inter  

La finance au chevet du climat

La casse du siècle ! Les plus grandes banques du monde financent la destruction des écosystèmes à hauteur de milliers de millions de dollars chaque année, sans aucune régulation (et avec notre épargne).

Le « Climate Finance Day » s'ouvre demain à Paris. Les grands noms de la finance internationale viendront se pencher au chevet du climat et feront de nombreuses promesses. Plusieurs ONG ont voulu évaluer leurs ambitions actuelles. 

Dans un rapport baptisé « Bankrolling Extinction » (financer l'extinction) publié aujourd'hui, l’initiative internationale Portfolio.earth révèle le réel impact de la finance mondiale : en 2019, les 50 plus grandes banques mondiales ont accordé des prêts et garanties à hauteur de plus de 2 600 milliards de dollars – l'équivalent du PIB canadien – à des secteurs moteurs de la perte de biodiversité (pêche et agriculture industrielles, mines et sidérurgie, énergies fossiles, infrastructures de transport, tourisme de masse…). La Française BNP Paribas décroche la sixième place au classement des banques les plus toxiques.

Dans ce graphique, Oxfam a mis en regard les émissions "induites" et les émissions "économisées" en fonction des secteurs auxquels les banques ont accordé crédits et investissements en 2017 pour BPCE, BNP Paris, Crédit Agricole et Société Générale ; 2018 pour la Banque Postale ; 2019 pour le Crédit Mutuel © Oxfam

En France justement, l'ONG Oxfam s'est fendue hier d'un rapport alarmant sur les engagements climatiques des banques tricolores, « à prendre au 4° degré ». Selon elle, l’empreinte carbone (l'ensemble des émissions de CO2 générées par les activités financées à travers la planète) des six principales banques françaises représente près de huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. Pour Oxfam, les financements et investissements qu'elles ont réalisés s'inscrivent plutôt dans un scénario à 4°C de réchauffement d'ici à 2100 plutôt qu'à 1,5°C, la trajectoire visée dans l'Accord de Paris. 

Rappel : c'est notamment notre épargne que les banques investissent vers les secteurs les plus polluants. « En d’autres termes, l’argent de nos comptes en banque représente notre premier poste d’émissions de CO2 », rappelle Oxfam. Choisir des banques éthiques comme le Crédit Coopératif ou la Nef ne suffira probablement pas à changer la donne. Il faut l'intervention des autorités publiques pour réguler le secteur bancaire, martèlent les ONG. 

La justice épargne les « décrocheurs » de Macron

Relaxe Max ! Poursuivis pour vol en réunion après le décrochage de trois portraits d’Emmanuel Macron, cinq militant•e•s d'ANV-COP 21 ont été déclaré•e•s non coupables, hier, par le tribunal correctionnel d'Auch (Gers). 

A l'été 2019, ces activistes avaient subtilisé les portraits officiels du président dans trois mairies du Gers afin d'alerter sur l'inaction climatique et sociale du gouvernement. Mercredi, les juges ont retenu la liberté d’expression comme motif légitime « neutralisant l'infraction de vol » (AFP), et ont prononcé la relaxe des cinq prévenu•e•s. Une première.

Lors de l'audience du 13 octobre dernier, les accusé•e•s avaient fait citer le climatologue du GIEC Christophe Cassou ainsi que l’économiste Geneviève Azam, membre d'Attac, « longuement interrogés sur la réalité de l’urgence climatique, et sur la dramatique insuffisance des mesures politiques actuellement prises, alors que les engagements des Accords de Paris sont inscrits dans la loi », raconte ANV-COP 21 dans un communiqué.

© ANV-Cop21

Sur son site internet, l'association indique avoir décroché 149 portraits depuis février 2019. Les représailles ont été sévères avec une saisie du bureau de lutte anti-terroriste, entraînant 86 perquisitions et 235 auditions. 35 procès sont toujours en cours. En septembre 2019 à Lyon, deux décrocheurs de portrait ont d'abord été relaxés « au bénéfice de l’état de nécessité pour motif légitime », mais le ministère public a fait appel et ils ont ensuite été condamnés en janvier 2020 à 250 euros d’amende. A Auch, le parquet a annoncé qu'il ferait appel du jugement de mardi. Plus d'informations dans le Monde (AFP).

Le prix de la nature

L'impact environnemental de la finance est mal connu mais bien réel. Dans « Nature, le nouvel eldorado de la finance », documentaire paru en 2015 mais toujours d'actualité, Sandrine Feydel & Denis Delestrac décrivent le cynisme avec lequel des fonds de pension d'un nouveau genre misent sur la raréfaction de certaines espèces ou denrées et leur marchandisation pour créer de la valeur. Le film se concentre sur les Etats-Unis, mais la tendance arrive en France. A louer en vidéo à la demande sur la page Vimeo de Via Découvertes films

 © Via Découvertes films