La quotidienne

Attiser la haie

Chères toutes et chers tous,

🤔 Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Il faut multiplier les arbres et les haies, mais le plan du gouvernement sera-t-il suivi d’effets ?


1 milliard d’arbres, 50 000 kilomètres de haies, des îlots de fraîcheur dans les écoles… Le plan du gouvernement pour sauver la biodiversité française

Plan B. Le gouvernement vient de présenter sa nouvelle «stratégie nationale biodiversité» (SNB) : 40 mesures pour protéger les espaces naturels, terrestres et marins, et les restaurer afin d’enrayer le déclin rapide du vivant. Tour d’horizon. 

Le plan prévoit de placer, d'ici à 2030, 10% du territoire national en «protection forte» (contre 4% aujourd’hui), planter un milliard d’arbres et 50 000 km de haies, créer des îlots de fraîcheur dans les écoles ou encore de restaurer 30% des surfaces terrestres et marines dégradées.

Cette troisième «stratégie biodiversité» fait aussi l’inventaire de ce qui n’a pas fonctionné auparavant : «les pressions affectant la biodiversité n’ont pas été réduites significativement par la stratégie précédente», reconnaît le gouvernement dans son bilan de la période 2011-2020.

Si le gouvernement veut montrer son ambition, avec un budget inédit de 1 milliard d’euros pour 2024 et la création de 140 emplois, aucune mise en œuvre concrète ou engageante n’est à ce jour détaillée dans le plan.

«S’il s'agissait du premier texte de ce genre, on pourrait espérer une action de protection efficace, analyse Philippe Grandcolas, écologue et directeur de recherches au CNRS. Ce que l’on constate malheureusement, c’est l’échec à mettre en œuvre cette protection, souvent par manque de moyens sur le terrain, aussi parce que les intérêts économiques passent toujours en premier.»

La nouvelle SNB propose la plantation d’un milliard d’arbres, mais quid de ceux abattus pour de grands projets d’infrastructures, comme pour la A69, future autoroute entre Castres et Toulouse (notre vidéo). Le plan rappelle également l’objectif de réduire de moitié des pesticides d'ici à 2030, alors que la France vient de s’abstenir à deux reprises dans le vote visant à interdire le glyphosate en Europe.

«L’obstacle le plus important, c’est le manque criant de cohérence, conclut Philippe Grandcolas. Cela envoie un signal désastreux qui érode la mobilisation en faveur de la protection de la biodiversité».

· Le président de la COP28 sur le climat, Sultan Al-Jaber, aurait cherché à utiliser son rôle dans le sommet pour mener des discussions d’affaires impliquant la compagnie pétrolière dont il est le PDG (Adnoc) lors de réunions préparatoires à l’événement, dévoile une enquête de la BBC publiée lundi. Les documents révélés concernent des échanges avec au moins 27 gouvernements étrangers. L’équipe des Émirats arabes unis n’a pas contesté avoir mis à profit ces réunions pour des discussions d’affaires et a commenté : «les réunions privées sont privées».

· Lundi, le gouvernement italien d’extrême droite a approuvé un plan d’investissements dans la transition énergétique à hauteur de 27,4 milliards d’euros. Ces financements ont pour objectif d’accélérer le développement des énergies renouvelables dans le pays. En revanche, le décret prévoit également la construction et l’exploitation de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL - très émetteur de CO2). - 20 Minutes (AFP)

· Dimanche, près de 110 militant·es pour le climat âgé·es de 15 à 97 ans ont été arrêté·es dans l’est de l’Australie après avoir bloqué pendant 30 heures le port de Newcastle à bord de kayaks. Il s’agit du plus grand terminal exportateur de charbon du pays. Le mouvement Rising tide, à l’origine du blocus, réclame la fin des nouveaux projets de charbon et l’instauration d’une taxe sur les exportations charbonnières pour financer la transition. - France info (AFP)

Les activistes australien·nes à bord de leurs kayaks © Lee Illfield / Rising tide

750 000

R-bnb. Examinée à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale, une proposition de loi transpartisane prévoit d’interdire la location des passoires thermiques sur Airbnb, qui compte entre 500 000 et 750 000 logements en France. Porté par les députés Annaïg Le Meur (Renaissance) et Iñaki Echaniz (PS), et soutenu par la Première ministre Élisabeth Borne, le texte veut donner des outils aux municipalités pour leur permettre de lutter contre le «fléau Airbnb», qui fait des villes touristiques un enfer pour les habitant·es en quête de logement. A partir de 2025, aucun logement meublé classé G au diagnostic de performance énergétique (DPE) ne pourra plus être proposé à la location - y compris sur les plateformes. - Les Echos

Algues vertes et pollutions aux nitrates : l’agroalimentaire doit prendre ses responsabilités

Les activités humaines - agriculture en tête - répandent de l’azote en trop grandes quantités dans la nature. De quoi polluer les eaux, réchauffer le climat et dégrader les écosystèmes. Pour lutter contre cette pollution, les grands groupes agro-industriels doivent en faire davantage, soulignent dans cette tribune à Vert des expert·es de la protection de l’environnement, des député·es et des collectifs écologistes.

Naturellement présent dans l’air et le sol, sous forme organique ou minérale, l’azote constitue un élément indispensable au développement des plantes. Pour favoriser la croissance des cultures, l’ajout d’engrais naturels riches en azote, comme le fumier ou le compost, est connu de longue date.

Au début du 20ème siècle, des industriels ont trouvé une manière de synthétiser l’azote afin de produire à grande échelle des engrais chimiques permettant d’augmenter drastiquement les rendements. Depuis 1960, la consommation mondiale d’engrais azoté a été multipliée par neuf. Selon une récente étude, il faudrait réduire d’un tiers l’utilisation d’engrais azotés en Europe pour préserver les écosystèmes.

En France, les réglementations en vigueur relatives à l’azote ont le défaut de se concentrer sur la seule responsabilité des agriculteurs. C’est oublier que ces derniers sont soumis à des pressions en amont et en aval de leurs usages.

Dans ce domaine, les grandes entreprises doivent aussi faire leur part en adoptant des mesures de prévention, tout particulièrement dans ce que l’on appelle leur «plan de vigilance».

👉 Lisez la suite de cette tribune sur vert.eco

Des tableaux bien vivants

Pont désert. Un soir de la semaine dernière, les badauds du Pont des Arts à Paris ont pu admirer une bien étrange installation : des tableaux, échappés du musée d’Orsay et mouvants, ont été projetés en bord de Seine. «Les passants étaient stupéfaits, ils ont compris ça avant tout comme une action artistique et non pas militante», a expliqué à Vert le pianiste Patrick Scheyder, cofondateur du mouvement de l’Écologie culturelle. La prochaine manifestation du mouvement est prévue au musée d’Orsay jeudi 30 novembre à 19h lors de la soirée gratuite «GenZ’Art», avec notamment le collectif Minuit 12, l’activiste Camille Etienne et Makesense.

Sur les Quais de Seine à Paris, le 23 novembre 2023. © Florent Mahiette

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.