Aigries cultures


Conflits d'intérêt, destruction du vivant, intoxications... En Europe, on arrose l'agriculture chimique de billets verts. 

Semaine décisive pour la nouvelle PAC

Une semaine intensive. Après les ministres de l'agriculture des 27 Etats-membres, c'est au tour des eurodéputé•e•s de débattre du projet de réforme de la politique agricole commune (PAC).

Premier poste de dépense de l'Union européenne (UE), la PAC est un colossal programme de subventions qui doit permettre d'assurer la souveraineté alimentaire communautaire. Ces dernières années, elle a surtout soutenu l'agriculture intensive et ses pires pratiques, puisque les aides sont attribuées en fonction de la taille des exploitations. 

Andrej Babiš (à gauche), le premier ministre tchèque, a bénéficié de 40 millions d'euros d'aides de la PAC au travers de différentes sociétés en 2018. A droite, Donald Tusk, ancien président du Conseil européen. © European Council President

Si son budget est connu (386 milliards d'euros sur sept ans), c'est le contenu de la nouvelle PAC qui fait l'objet de toutes les tractations. La Commission européenne a présenté son projet, sur lequel ont planché les Etats, lundi et mardi. A présent, ce sont les eurodéputés qui ont jusqu'à vendredi pour trancher quelque 2 000 amendements à cet imposant texte. 

Parmi les propositions de la Commission : redonner de la latitude aux Etats. Afin de mieux prendre en compte les spécificités de leurs territoires, ceux-ci se doteront de plans nationaux stratégiques. La France présentera le sien en 2021 (Le Monde). 
 

Mafia de la PAC

Les contrôles des exploitations pourraient aussi être partiellement délégués aux Etats-membres. De quoi inquiéter alors que Victor Orbán et Andrej Babiš, premiers ministres hongrois et tchèque, grands propriétaires agricoles, se sont largement enrichis grâce à la PAC (Slate). Une vaste enquête du New York Times avait dévoilé comment, en Europe de l'Est, de véritables mafias s'étaient faites une spécialité de détourner ces subventions. 

Enfin, pour tenter d'alléger le lourd bilan environnemental et climatique de l'agriculture, la Commission plaide pour la mise en place d' « éco-régimes » : un pourcentage (à définir) des aides sera consacré à mieux indemniser les exploitations aux meilleures pratiques. Mardi, les Etats se sont mis d'accord sur le chiffre de 20 % du total des aides de la PAC. 

Hélas, les contours de ce dispositif sont extrêmement flous. Par ailleurs, le projet de la Commission ne prend pas en compte les objectifs de son propre pacte vert (Green new deal), ni ses recommandations en matière de protection de la biodiversité, d’utilisation des pesticides ou des engrais. 

A l'issue de cette phase de « trilogue », où chaque instance tentera d'amender le projet, la réforme de la PAC entrera partiellement en vigueur en 2021. Elle fera l'objet d'une transition de deux ans jusqu'à janvier 2023, pendant laquelle les fonds du nouveau budget seront alloués selon les anciennes règles. Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

• La ville de Paris et Eau de Paris ont émis un avis négatif dans le cadre de l’enquête publique, close lundi, sur un projet de forage pétrolier en Seine-et-Marne. Les deux entités craignent les risques qui pèseraient sur la qualité de l’eau et de l’alimentation. La société Bridgeoil prévoit d’ouvrir dix puits pétroliers à Nonville, près de Fontainebleau - France Info 

166 milliards

C'est, en euros, ce que coûterait chaque année la pollution de l'air en Europe, d'après le cabinet d’audit CE Delft, mandaté par de nombreuses ONG membres de l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA). Son enquête a porté sur les conséquences économiques de la pollution de l'air (hospitalisations, journées de travail perdues, baisse de l'espérance de vie, etc. ) dans 432 villes du continent. En 2018, les coûts se sont élevés à 11,3 milliards d'euros pour la seule ville de Londres, première du classement. Paris est septième, avec un total de 3,5 milliards d'euros, soit 1 600€ par habitant et par an. Plus d'informations dans 20 Minutes (AFP). 

En Europe, l’agriculture intensive éreinte la biodiversité 

Aigrie culture. L'agriculture intensive détruit le vivant, et c'est la Commission européenne qui le dit

Lundi, à l'ouverture d'une semaine de tractations sur le projet de réforme de la PAC, l'exécutif européen a dévoilé un rapport sur l'état de la biodiversité dans le continent. Ce vaste inventaire porte sur les données et les tendances de conservation de 233 types d'habitats, 460 espèces d'oiseaux sauvages et 1 400 autres plantes et animaux sauvages protégés par les directives Oiseaux et Habitats, rapporte Actu-environnement

Il en ressort qu'en 2018 (année des dernières données) 47% des espèces d'oiseaux étaient dans un état « favorable ». Et seulement 27% pour les reste des espèces animales et végétales. Le constat est encore pire pour les habitats naturels : seuls 15% d'entre eux sont dans un état favorable. Les dunes, les pelouses et les tourbières figurent parmi les espaces de vie les plus dégradés.

L'analyse de la Commission révèle que c'est bien l'agriculture qui impose la plus forte pression sur le vivant. La situation continue d'empirer alors que 45% des habitats tributaires de l'agriculture (comme les pelouses), sont jugés dans un état « médiocre », contre 39% en 2015. « Depuis les années 50, une agriculture plus intensive et spécialisée a progressivement contribué à l'appauvrissement continu de la biodiversité », indique le document. A lire dans Actu-environnement

Au Parlement européen, dix agriculteur•rice•s participent au vote de la nouvelle politique agricole commune alors qu'elles et ils bénéficient directement de ce programme de subventions, révèle Mediapart. Six d'entre elles et eux ont également dans leur entourage des proches touchant des aides de la PAC - Mediapart 

Monsanto pris dans son Lasso

La fin d'un trop long combat. La firme Monsanto est définitivement condamnée pour l’intoxication, il y a 16 ans, de l’agriculteur Paul François.

Un jour d'avril 2004, voulant vérifier le nettoyage de la cuve d'un pulvérisateur, ce céréalier avait inhalé une forte dose de vapeurs de Lasso, herbicide vendu par Monsanto et retiré du marché depuis. Pendant des mois, Paul François a été victime de maux de tête violents, de pertes de connaissance et de nombreux comas.

En 2007, il a entrepris une action judiciaire pour faire reconnaître la responsabilité de la firme dans son intoxication. La justice lui a donné raison à plusieurs reprises. Mercredi, la cour de Cassation a rejeté un dernier pourvoi de Monsanto. Ce qui équivaut à une condamnation définitive. La plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a estimé que la firme aurait dû signaler le danger spécifique d'utiliser le produit en cas de travaux dans des cuves. Elle ne s'est toutefois pas prononcée sur la toxicité du Lasso.

La Cour de cassation met donc un terme à ce trop long combat judiciaire, raconté par le documentaire La vie est dans le pré, récemment diffusé sur France 3. Plus d'informations dans le Parisien (AFP).

Mieux que la voiture électrique : le moteur au foin

Henri Rotlis-Berger n'est pas n’importe qui, puisqu'il est détenteur de 42 brevets. Nous sommes en 1977, et ce Géo Trouvetou des moteurs sans pétrole fait la promesse d'un carburant dont l'ingrédient principal est... le foin

L'histoire ne dit pas ce qu'il est advenu de sa création visionnaire. Mais dans ce reportage de TF1 déterré par l'INA, on le pressent déjà : « Economiser l'énergie ou en trouver de nouvelles sources va rester un mot d'ordre pour longtemps ».

© Institut national de l'audiovisuel