L'édito

Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, que pouvons-nous faire ?

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Nous sommes le lun­di 10 juin et vous vous réveillez dans une France où l’extrême droite, dev­enue la pre­mière force poli­tique, est désor­mais aux portes du pou­voir. Com­ment en est-on arrivé là et que pou­vons-nous faire ?

Dimanche soir, dou­ble coup de semonce. 20 heures : l’extrême droite totalise plus du tiers des suf­frages aux élec­tions européennes avec les scores inédits du Rassem­ble­ment nation­al (31,5%) et Recon­quête (5,5%). 21 heures : Emmanuel Macron annonce la dis­so­lu­tion de l’Assemblée nationale et des lég­isla­tives anticipées les 30 juin et 7 juil­let prochains.

Que s’est-il passé ?

👉 Voilà main­tenant sept ans qu’Emmanuel Macron s’évertue à ne tir­er aucune leçon des crises sociales que tra­verse le pays, dont les Gilets jaunes furent la plus ardente. En pleine spi­rale infla­tion­niste, son gou­verne­ment décide par exem­ple de tailler dans les ser­vices publics et de dur­cir l’assurance-chômage. Une poli­tique sys­té­ma­tique­ment à rebours de l’urgence sociale qui nour­rit un ressen­ti­ment pro­fond et crois­sant con­tre sa per­son­ne.

👉 En pré­ten­dant couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite, le prési­dent a bra­con­né de plus en plus volon­tiers sur ses ter­res. Derniers exem­ples : sa triste loi Asile et immi­gra­tion obtenue grâce aux voix du RN, ou sa volon­té de sup­primer le droit du sol à May­otte. En 2022, réélu avec les voix des électeurs de gauche, il leur avait pour­tant fait cette promesse : «ce vote m’oblige pour les années à venir».

👉 Au cours des dernières semaines, une par­tie de la gauche a préféré s’entredéchirer plutôt que de désign­er claire­ment le Rassem­ble­ment nation­al comme adver­saire. À l’heure où d’aucuns appel­lent à un nou­veau Front pop­u­laire, trois semaines suf­firont-elles à panser ces plaies ?

👉 Une par­tie du monde médi­a­tique est respon­s­able de la lente dédi­a­boli­sa­tion de l’ex-Front nation­al, après avoir fait de ses représentant·es des invité·es comme les autres. Rap­pelez-vous : il y a encore quinze ans, l’extrême droite n’avait pas sa place à la télévi­sion ou à la radio.

En organ­isant un débat entre le pre­mier min­istre Gabriel Attal et Jor­dan Bardel­la le 23 mai dernier, France 2 a offert une stature de pre­mier min­istre à ce dernier, qui a pour­tant livré une presta­tion pathé­tique.

Que faire ?

Il reste trois semaines pour empêch­er la cat­a­stro­phe : une vic­toire du RN aux lég­isla­tives et son acces­sion à Matignon, qui représen­tent un grave dan­ger pour les droits soci­aux, le cli­mat et la démoc­ra­tie. Et der­rière ce scrutin, 2027 arrive au pas de charge. Alors que faire ?

👉 S’engager, de toutes les manières pos­si­bles, dans des col­lec­tifs, syn­di­cats, asso­ci­a­tions, cer­cles de réflex­ion, ou par­tis poli­tiques.

👉 Soutenir les médias indépen­dants qui, depuis leur créa­tion, s’engagent con­tre le péril de l’extrême droite et s’évertuent à faire émerg­er des alter­na­tives à son pro­jet mor­tifère. Pour ne citer qu’eux, on pense à Street­press, Medi­a­part, Bas­ta, les Jours, et tant d’autres.

Vert est de ceux-là. Nous espérons que, comme nous, vous refuserez de baiss­er les bras.