Plein champ. En Bretagne, 27 associations et organisations syndicales se sont unies pour peser face à la puissante agro-industrie de leur région et promouvoir une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement et des droits sociaux.
« Pollutions des sols et des rivières, des océans et de l’air, diminution inquiétante de la biodiversité, dégradation des biens communs, de la qualité nutritionnelle des aliments, scandales sanitaires à répétition, augmentation des maladies chez les paysan·nes »… La liste des inquiétudes énumérées dans leur déclaration commune n’en finit pas. Mardi dernier, 27 organisations syndicales, associatives et citoyennes (dont la Confédération paysanne, Attac, ou Alternatiba Rennes) se sont rassemblées à Guéhenno (Morbihan) pour poser les bases de la nouvelle Coordination pour une agriculture paysanne, sociale et environnementale en Bretagne.
Vent debout contre « le modèle agricole productiviste mis en place dans les années 1960 » qui « craque de partout », ces organisations cherchent à contrer le poids des lobbies de l’industrie agricole et chimique, afin d’enclencher une véritable transition écologique. Pour y parvenir, la Coordination cherchera à promouvoir « des modèles agro-environnementaux alternatifs » et propose plusieurs solutions.

Parmi celles-ci : quadrupler le nombre de paysan·nes dans la région en favorisant les exploitations à taille humaine. L’enjeu est d’actualité. De 2010 à 2020, la Bretagne a perdu 8 100 exploitations et leur surface moyenne ne cesse d’augmenter (Agreste). « Dans dix ans, du fait des départs à la retraite, la moitié des fermes bretonnes auront changé d’exploitant », complète René Louai, ancien porte-parole de la Confédération paysanne et ex-président du groupe Europe écologie – Les Verts au conseil régional, dans Ouest-France.
La Coordination veut aussi mettre en place un Observatoire régional des politiques agroalimentaires et environnementales, composé de professionnel·les, de chercheur·ses indépendant·es et de représentant·es du secteur associatif. Celui-ci permettra de « monter le niveau d’expertise et d’être force d’analyses détaillées et de propositions », indique à Reporterre Serge Le Quéau, militant au syndicat Solidaires, fortement mobilisé contre l’entreprise agroalimentaire Triskalia. Un colosse de l’industrie bretonne condamné à plusieurs reprises, pour avoir laissé des salarié·es manipuler des pesticides sans protection ou pour licenciement abusif.