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Viser l’allume

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Fini de décaler, Flamanville va peut-être enfin pouvoir décoller.


Le réacteur EPR de Flamanville démarre enfin, mais les ennuis ne sont pas terminés

Viser l’allume. Le dernier-né des réacteurs nucléaires français a (enfin) produit ses premiers électrons dans la nuit de lundi à mardi, mais le rythme de croisière est encore loin d’être atteint. En pleine relance de l’atome, ce chantier, qui continue d’être marqué par une interminable série de déboires techniques et financiers, est un symbole embarrassant.

«Imminente» depuis près de quatre mois, la première réaction nucléaire en chaîne – appelée divergence – a eu lieu cette nuit au sein du réacteur à eau pressurisée (EPR) de Flamanville, dans la Manche. Une première en France depuis près de 27 ans et le démarrage de la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, en 1997 !

A terme, le dernier-né des réacteurs français – qui est aussi le plus puissant (1 650 mégawatts) – devrait produire suffisamment d’électricité pour alimenter trois millions de foyers à lui seul. Mais pour l’heure, sa production n’atteint que 0,2% de sa puissance nominale. La montée en charge prendra encore «plusieurs mois», a prévenu EDF lundi.

A l’intérieur du réacteur de Flamanville (Manche), en avril 2024. © Lou Benoist/AFP

Le réacteur sera couplé au réseau lorsque la production atteindra 25% de sa puissance nominale. Cette opération, initialement prévue cet été, est désormais espérée pour «la fin de l’automne» selon EDF, qui n’a pas donné d’explications sur ce nouveau délai.

Et ce chantier maudit, qui accuse douze ans de retard et une facture passée de 3,3 à 13,2 milliards d’euros (et même 19 milliards, selon la Cour des comptes, qui ajoute les frais financiers) n’en est pas à son dernier contretemps. En raison d’une anomalie de fabrication, le couvercle de la cuve devra être changé après un seul cycle de fonctionnement, soit 15 à 18 mois environ. En mai 2023, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait autorisé EDF à utiliser temporairement ce couvercle défectueux, car son remplacement «avant la mise en service du réacteur conduirait à reporter celle-ci d'environ un an».

Alors que le projet, voulu par Emmanuel Macron, de construire de six à douze réacteurs supplémentaire d’ici à 2050 se confirme, la filière va devoir revenir de loin. De nombreux experts ont mis en avant une «perte de compétences généralisée» (rapport Folz) conjuguée à une «faiblesse du tissu industriel» (Autorité de sûreté nucléaire) et à une «perte globale de la culture sûreté et qualité» (Cour des comptes).

Malgré cela, le calendrier envisagé reste formidablement optimiste : lors des rencontres du Medef, fin août, le patron d’EDF, Luc Rémont, a confirmé son objectif d’atteindre un délai de construction de moins de six ans pour ses prochains réacteurs EPR2. Il prévoit ainsi de couler le premier béton à Penly (Seine-Maritime) en 2028. Après quoi six réacteurs entreraient en service tous les 18 mois à compter de 2035. La construction de huit réacteurs supplémentaires, si elle a lieu, devra répondre à un calendrier encore plus tendu pour respecter l’objectif d’une entrée en service à 2050.

Anne-Claire Poirier

· Ce mardi, le procès pour fraude, faux témoignage et manipulation de marché de Martin Winterkorn, ancien PDG du constructeur automobile Volkswagen, dans le cadre de l’affaire dite du «Dieselgate» débute en Allemagne. Il y a neuf ans, le constructeur allemand admettait avoir truqué 11 millions de véhicules au diesel pour que ceux-ci affichent des émissions d’oxydes d’azote inférieures à la réalité. - 20 Minutes

· Dans un bilan diffusé lundi, Météo-France indique que l’été a été plus chaud que la normale en France. Si juin fut conforme aux normales saisonnières, juillet fut légèrement plus chaud (+0,6°C) et août encore bien plus (+1,5°C). L’été 2024 affiche ainsi un écart moyen de +0,7 °C aux étés de la période de référence 1991-2020. - Météo-France

· Dans une note adressée à Bruxelles en juillet, récemment révélée par le média Contexte, la France a indiqué qu’elle viserait une part de 35% d’énergie renouvelable dans sa consommation d’énergie à l’horizon 2030. Très loin de l’objectif d’«au moins 44%», que la Commission européenne demande à la France d’atteindre. - Contexte

90%

Les dents de l’amer. Le 1er septembre, 51 filets anti-requins ont été réinstallés au bord du littoral de l’État australien de Nouvelles-Galles du Sud. Or, lors de la saison précédente, 90% des prises réalisées par ces dispositifs n’étaient pas des requins, rapporte le Guardian. Chaque année, ces filets sont posés entre septembre et avril (l’été en Australie) pour limiter les interactions entre les requins et les nageur·ses et surfeur·ses. L’année dernière, plus de la moitié des 208 animaux attrapés sans être visés (dauphins, tortues, raies etc) sont morts, alors que les requins parviennent à contourner ces filets. Aussi, des expert·es, groupes de protection de la nature et une députée australienne plaident pour l’interdiction de ces filets et leur préfère l’usage de drones pour repérer les animaux.

L’Afrique souffre de façon disproportionnée des impacts du dérèglement climatique, a alerté l’Organisation météorologique mondiale dans son rapport sur l’état du climat sur le continent africain en 2023, paru lundi. Celui-ci se réchauffe plus rapidement que le reste du monde, avec +0,3°C par décennie sur les 30 dernières années. Les pays africains consacrent entre 2% et 5% de leur produit intérieur brut (PIB) - et jusqu’à 9% pour certains - à gérer les extrêmes climatiques qui se multiplient : inondations, cyclones, vagues de chaleurs mortelles ou sécheresses récurrentes. En l’absence de mesures adéquates, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (qui vivent avec moins d’1,90 dollar américain par jour, soit 1,70 euro) pourraient être exposées aux inondations, aux sécheresses ou aux chaleurs extrêmes à l’horizon 2030. Une situation qui freinera la réduction de la pauvreté et la croissance dans les pays concernés.

Avez-vous déjà entendu un arbre grincer ?

Murmure du son. Sur son compte Instagram @chasseurdesons, suivi par plus de deux millions de personnes, Charles Rose nous donne à entendre le bruit d’un arbre qui grince, d’un écureuil en train de décortiquer un gland ou encore d’un lac gelé. Autant d’expériences acoustiques surprenantes pour rester l’oreille collée à la nature.

© Compte Instagram chasseurdesons

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé et Justine Prados ont contribué à ce numéro.