Usines à gaz

Vendredi, 22 janvier 2020


Avions, centrales thermiques, agro-industrie : c'est dans les vieux pots que l'on fait le meilleur carbone. 


Le projet de loi climat ne changera presque rien aux émissions de l’aviation 

Ça ne vole pas haut. Le futur projet de loi climat ne réduira qu'une infime partie des émissions de l'aviation, a calculé Greenpeace. 

En 2019, le secteur aérien a généré quelque 23,4 millions de tonnes de CO2, d'après le ministère de la transition écologique, soit environ 6% des émissions nationales. Avant la pandémie, le nombre de passagers avait augmenté de 3,8% par an entre 2013 et 2018 (Insee).

Pour réduire ces importantes émissions produites par une minorité de la population française, la Convention citoyenne pour le climat avait proposé de supprimer les vols domestiques réalisables en moins de quatre heures de train. Dans son projet de loi, présenté début février en conseil des ministres, le gouvernement a préféré s'en tenir aux trajets faisables en 2h30 et ne pas appliquer ce principe pour les correspondances des vols internationaux. Ce qui exclut l'écrasante majorité des vols intérieurs et surtout, les plus émetteurs.

Dans un rapport publié jeudi, l'ONG Greenpeace indique que sur les 15 connexions les plus fréquentées, seules trois seraient concernées par la réforme : Paris-Bordeaux, Paris-Lyon et Paris-Nantes. Exit le Paris-Nice, qui génère 82,3 kilos de CO2 par passager contre 2,1 en train ; ou le Paris-Marseille, pourtant réalisable en seulement trois heures de TGV pour un bilan carbone 53 fois moindre (!). Au total, seuls cinq lignes intérieures seraient touchées sur une centaine.

Les émissions de CO2 totales, par nombre de passager ou par moyen de transport pour plusieurs liaisons intérieures en 2019. Cliquez sur l'image pour l'agrandir © Greenpeace

Pis, les liaisons domestiques ne représentent elles-mêmes qu'une toute petite partie des émissions des vols au départ de la France, puisque ce sont les vols internationaux qui sont – de très loin – les plus émetteurs. Selon les calculs du Réseau action climat, la réforme ne permettrait de réduire que de 6,6% les émissions de CO2 issues des vols métropolitains, et de 0,5% les émissions de l’ensemble des vols au départ de la France.

Si le trafic aérien est actuellement en chute libre en raison de la pandémie (-50% sur les vols intérieurs en 2020 - OACI), des changements de fond sont nécessaires pour enrayer sa croissance à plus long terme. Greenpeace propose d'interdire les trajets ayant un équivalent en moins de six heures de train, ce qui permettrait de faire baisser de 83,5% les émissions issues des vols intérieurs et 6,2% du total des vols au départ de la France. 

• Jeudi, l’ONG Reporters sans frontières a condamné « la pression exercée par le lobby agro-industriel breton sur Inès Léraud ». La journaliste est accusée de diffamation par le groupe Chéritel après une enquête publiée dans Bastamag qui révélait de nombreux abus chez ce grossiste de fruits et légumes. Pour cette spécialiste de l’agro-industrie et de ses dérives - elle est notamment l’autrice de l’enquête en bédé Algues vertes - ce type de pression est aussi « une manière d'identifier et d'intimider [s]es sources journalistiques ». - Communiqué

• Au Royaume-Uni, le recours pour tenter d’empêcher la construction de l’immense centrale au gaz de l’énergéticien Drax a été rejeté en appel, jeudi. Lorsqu’elle sera en activité, la plus grande centrale du genre en Europe pourrait générer jusqu’à 75% des émissions de CO2 du secteur britannique de l’énergie, selon ClientEarth, l'ONG à l’origine du recours. Pour rappel, un kilowatt/heure d’électricité produit avec du gaz génère environ 70 fois plus de CO2 que l’équivalent obtenu à partir de l’éolien ou du nucléaire, selon les données de l’Ademe pour la France. - The Guardian (anglais) 

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le climat (sans jamais oser vous le demander)

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le clicli. Les auteurs de Le climat en 100 questions répondent à toutes nos interrogations sur le sujet, et même à celles auxquelles nous n'avions pas pensé.

Gilles Ramstein est chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'Environnement ; à Libération, puis au Monde, Sylvestre Huet a passé des décennies à chroniquer l'actualité scientifique. Au cours de leur longue carrière, ils ont assisté à la parution du premier rapport du Giec, en 1990, ou à la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur le climat. Des questions, ils ont eu le temps de s'en poser. 

Quelles différences entre météo et climat ? Comment le climat a-t-il varié depuis la formation de la Terre (attention, c'est vertigineux) ? Comment se forment les déserts ? La dérive des continents influence-t-elle le climat (Spoiler : oui) ? Leur ouvrage constitue une somme de questionnements qui vont du plus général au plus pointu. 

Il permet de réconcilier deux échelles de temps a priori radicalement différentes : celle du temps géologique, qui court sur quelque 4,5 milliards d'années, et celle, si courte, de l'action pour répondre à l'élévation brutale des températures provoquée par les activités humaines.

Tout en restant honnête sur ce que la science sait et surtout, ce qu'elle ne sait pas, cet ouvrage répond également à des questions qui traversent et secouent la société : que disent les climatosceptiques ? La géo-ingénierie est-elle une solution (spoiler : non) ? Les électricités solaire et éolienne sauveront-elles le climat ?

Ses auteurs nous permettent aussi de nous familiariser avec des notions scientifiques peu connues du grand public et pourtant cruciales, comme l'albédo : la capacité d'une surface à renvoyer les rayons du soleil dans l'espace (donc à limiter le réchauffement). Si sa lecture se révèle parfois ardue, et ne convient peut-être pas à un public jeune, Le climat en 100 questions constitue une mine d'informations pour tenter d'y voir plus clair sur la catastrophe en cours.

Le climat en 100 questions, Gilles Ramstein et Sylvestre Huet, 2020, Tallandier, 384 p., 16,90€

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Cette semaine, voici une recette de déodorant maison, facile à faire et bon marché !

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert 

Comment le chien a conquis le monde

Comment passe-t-on d'un prédateur carnivore légendaire à un accessoire de mode que l'on peut glisser dans son sac à main ? Adversaires, sources de nourriture, alliés et enfin, meilleurs amis ; dans son documentaire Comment le chien a conquis le monde (2020), Jean-Baptiste Erreca retrace plus de 15 000 années d'apprivoisement mutuel entre les humains et les loups, devenus des chiens. Un film à voir jusqu'au 9 février sur le replay d'Arte

© Arte