La quotidienne

Ski va pas


Que peuvent les canons à neige face aux hivers qui se désagrègent ? 


Colère du monde agricole : la bio sera-t-elle la grande perdante du moment ?

C’est pas bio à voir. À l’appel de la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab), les exploitant·es de la filière se réunissent ce mercredi devant l’Assemblée nationale pour donner de la voix. Elles et ils se sentent les «laissés-pour-compte» des négociations avec le gouvernement.

La mobilisation du monde agricole aura laissé le champ libre aux syndicats majoritaires du secteur, représentants d’une agriculture intensive et productiviste. La récente mise en pause du plan Ecophyto - qui vise la diminution drastique du recours aux pesticides, en constitue peut-être la mesure la plus emblématique.

«À part la promesse de renforcer les contrôles sur les pratiques commerciales de la grande distribution et sur l’origine des produits alimentaires, c’est difficile de trouver des points positifs», confie à Vert Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab).

En mars 2023, les agriculteur·rices de la filière biologique manifestaient déjà devant la préfecture de Nantes (Loire-Atlantique) pour réclamer un vrai plan d’urgence pour le bio et le déblocage d’aides plus conséquentes. © Estelle Ruiz / Hans Lucas via AFP

Ces nouvelles orientations interviennent dans un contexte plus que morose pour la filière bio, qui bannit pesticides de synthèse et engrais minéraux, et tente de préserver la biodiversité.

«Les gens se sont détournés du bio, parce qu’ils pensent que c’est cher, alors que l’inflation est moins forte dans ce secteur», se désolait récemment Laure Verdeau, à la tête de l’Agence bio, dans une interview au Monde. Résultat : «On est aujourd’hui à 6% pour la part des produits bio consommés en France», déplore Philippe Camburet.

Le paiement avec parfois jusqu’à trois ans de retard des aides à la conversion en bio a mis à genoux de nombreuses exploitations. Les 50 millions d’euros de soutien tout juste promis par le gouvernement représentent une «aumône» moyenne de 833 € par ferme, déplore la Fnab.

Après l’Assemblée nationale, les acteurs du bio se saisiront du Salon de l’agriculture pour porter leurs revendications.

Jennifer Gallé

· Mardi, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a annoncé le retrait du règlement sur l’utilisation des pesticides (SUR), qui prévoyait la réduction de moitié leur utilisation d’ici à 2030. Elle a également dévoilé un nouvel objectif européen : celui de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90% d'ici à 2040 par rapport à l’année 1990, qui doit permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050. - Le Monde (abonné·es)

· Mardi encore, le géant des produits laitiers Lactalis a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête du Parquet national financier (PNF) pour «suspicions de minoration de son bénéfice imposable entre 2009 et 2020». Une fraude suspectée qui pourrait atteindre plusieurs centaines de millions d’euros. - Libération (AFP)

· En 2023, pour la première fois en Europe, les éoliennes ont produit plus d’électricité que les centrales au gaz, selon un rapport du think tank britannique Ember. Grâce à la croissance des capacités éoliennes, mais aussi la baisse de consommation électrique, les émissions de gaz à effet de serre du mix électrique européen ont baissé de 19%. - Les Echos

· Les profits du pétrolier TotalEnergies ont atteint un nouveau record en 2023 avec un résultat net de 19,9 milliards d’euros, selon les chiffres publiés ce mercredi. Un résultat en hausse de 4%, par rapport à 2022, année du précédent record. - Les Echos

«Toutes les stations seront plus ou moins touchées à horizon de 2050. Quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance.»

Ski faudrait plus faire. Le modèle du ski français «s'essouffle», conclut un cinglant rapport de la Cour des comptes publié ce mardi, qui a étudié 163 stations dont 42 ont été passées au crible. Alors que la France est au deuxième rang mondial du tourisme hivernal, l’industrie du ski est fragilisée par le changement climatique, l’érosion de sa clientèle et de lourds investissements (dans les infrastructures, le parc immobilier, etc). L’institution alerte sur la production de neige artificielle, à l’impact souvent «sous-estimé» sur les ressources en eau, et qui peut représenter une forme de maladaptation au changement climatique, car elle est chère et peu efficace face à la hausse des températures. La Cour des comptes préconise de diversifier les activités des stations, plus seulement centrées sur la neige, et conditionner les aides publiques à la prise en compte du changement climatique via des plans d’adaptation.

«D’argent et de sang» : quand Scorcese rencontre la mafia du carbone

Quotas d’or. Diffusés sur Canal+, les douze épisodes de la série de Xavier Giannoli mettent en scène, au début des années 2000, la folle - et vraie - épopée de la mafia du carbone. Portée par un casting 24 carats, D’argent et de sang ne vous lâchera pas.

C’est l’arnaque du siècle. Non, la plus grande escroquerie de l’histoire de France ! Les superlatifs manquent pour qualifier l’immense fraude à la TVA qui prit pour cible, de 2008 à 2009, la bourse du carbone lancée en 2005 en Europe. Près de deux milliards d’euros qui disparaissent des caisses de l’État français ; entre cinq et dix milliards au niveau européen.

Niels Schneider dans la série «D’argent et de sang». © Curiosa Films/Canal+

Pour retracer cette folle histoire, le format de la série tombe à pic. Et la manière dont le réalisateur Xavier Giannoli, à qui l’on doit le très remarqué long-métrage Illusions perdues (2021), s’en empare dans les 12 épisodes qui composent «D’argent et de sang» est magistrale.

En s’appuyant sur le livre-enquête que le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi consacra à l’affaire en 2018, le réalisateur suit le parcours d’un trio de fraudeurs, improbable association entre deux rois de la magouille du Belleville séfarade (David Ayala et Ramzy Bedia) et un beau gosse (Niels Schneider) des quartiers fortunés de la capitale officiant comme trader. Lancé à leurs trousses, le magistrat Weynachter (Vincent Lindon) devient le témoin de ce casse du siècle et de ses dérives sanglantes.

Avec sa narration ample et ses personnages hors normes, qui rappellent les Affranchis (1990) de Scorcese, D’argent et de sang nous embarque dans le vertige de la flambe de tous ces milliards volés avec, en toile de fond, les émissions de carbone qui continuent de prospérer.

D’argent et de sang, une série de Xavier Giannoli en 12 épisodes, diffusée sur Canal+ (abonnement).

Jennifer Gallé

Plantes obsidionales : les graines de la guerre

Le saviez-tu ? Bon nombre d’espèces végétales bien connues dans nos contrées ont été apportées par… la guerre. Cette semaine, Ophélie Damblé nous dit tout des plantes obsidionales dans sa nouvelle chronique à Vert !

© Vert

+ Loup Espargilière, Juliette Mullineaux et Justine Prados ont contribué à ce numéro.

Photo d'illustration : Canon à neige au Grand-Bornand @ Guilhem Vellut / Flickr