Qui sont les nuisibles ?


Un numéro où l'on se demande qui du ver plat, du chat ou de Boris Johnson est l'indésirable.

A dix mois de la COP26, Boris Johnson est pressé de toutes parts 

Il a admis un jour qu’il ne « comprenait pas vraiment » le réchauffement climatique, selon son ancienne ministre de l'environnement. A quelques mois de la COP26, accueillie par le Royaume-Uni, le piètre bilan de Boris Johnson en matière d'écologie commence à se faire cruellement voir. 

Mardi 4 février, le premier ministre a inauguré en grande pompe au Museum d'histoire naturelle de Londres « l'année de l'action climatique » qui mènera à la COP26, organisée à Glasgow en novembre prochain. Une soirée marquée par l'absence de Claire O'Neill, limogée de son poste de ministre de l'environnement et de présidente de cette même COP26, cinq jours plus tôt. 

Depuis, Boris Johnson ne lui a toujours pas trouvé de remplaçant•e. Il a proposé la présidence de la COP26 à l'ancien premier ministre David Cameron, qui a refusé, expliquant qu'il avait « beaucoup de choses à faire ». Les mots de Claire O'Neill, qui a expliqué dans une lettre adressée à Boris Johnson, que les préparatifs de la COP se trouvaient « à des kilomètres du compte », n'incitent pas à se ruer sur le poste. 
 

BoJo, côté pile et côté face

Côté face, Boris Johnson est capable de morceaux de discours comme celui-ci : « A moins d’une action urgente, la planète se réchauffera de 3 °C. En tant que pays, en tant que société, en tant que planète et en tant qu’espèce, nous devons agir maintenant ». Côté pile, plus personne n'est dupe de l'inaction de BoJo et surtout pas Claire O'Neill.

En bon citoyen, Boris Johnson met le papier dans la poubelle jaune © British Embassy Tokyo

Dans un entretien à la BBC, celle-ci a dénoncé « le manque énorme de leadership et d'engagement » du premier ministre sur le climat. En cela, elle rejoint les critiques de plus en plus fortes des ONG, fatiguées des belles paroles de Boris Johnson sans prise avec la réalité

Hormis la fin de la vente des véhicules thermiques avancée à 2035, le bilan de ses six mois à la tête du gouvernement est famélique, considère le Guardian. En 2019, le Royaume-Uni a voté une loi qui l'engage à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Or, personne n'a bien compris comment l'Etat comptait s'y prendre. 

Johnson a certes promis que son pays cesserait d'investir dans le charbon, fin janvier, lors du sommet Royaume-Uni – Afrique. Hélas, c'était déjà le cas depuis 2002. Au cours de ce même sommet, plus de deux milliards d'euros de contrats pour des projets pétroliers et gaziers ont été signés. Comme Trump et Erdogan, BoJo a proposé de planter des millions d'arbres pour capter le CO2, mais le précédent programme de ce type a raté l'objectif de plus de 70%

Rien pour réduire les émissions en amont, réorienter l'industrie, modifier les transports. A dix mois d'une COP26 jugée cruciale, au cours de laquelle les pays doivent rehausser leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, la politique climatique du Royaume-Uni a de quoi inquiéter. A lire dans le Guardian.

Saint-Lunaire au sommet des villes cyclables 

La petite reine étend son territoire dans les grandes villes françaises, mais des efforts restent à faire. C'est le bilan tiré par la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) qui a dévoilé, jeudi soir, son palmarès des villes les plus cyclables de France.

© FUB

Dans la dernière édition de cette vaste enquête menée sous forme de questionnaire, auquel ont répondu près de 185 000 personnes, la FUB a tenté d'évaluer la « cyclabilité » de 768 villes de l'Hexagone. 

Sans surprise, Strasbourg roule sur le classement des villes de plus de 200 000 habitants, suivie par Nantes et Rennes. Grenoble prend la tête des communes de 100 000 à 200 000 habitants. Parmi les plus petites villes, c'est Illkirch-Graffenstaden (20 000 à 50 000 habitants) et Saint-Lunaire (moins de 20 000 habitants) qui font figures de meilleures élèves.

Interrogés au sujet de la politique relative au vélo menée au cours des 24 derniers mois dans leur ville, les usagers ont considéré à 43% que la situation était restée identique, 34% ont vu une légère amélioration. 7% des personnes ont vu une nette amélioration contre 6% qui considèrent que la situation s'est beaucoup dégradée.

La publication de cette enquête à quelques semaines des élections municipales n'est pas innocente : la FUB tente d'inscrire le vélo au programme des candidats. A lire dans 20 Minutes
 

Obama dans nos jardins

Il s'appelle Obama, mais il n'a rien de cool. Repéré pour la première fois en 2013, le ver plat Obama nungara a déjà envahi les jardins de 72 départements de France métropolitaine. C'est ce que révèle une étude publiée jeudi 6 février dans la revue PeerJ

Obama Nungara © Piterkeo

Originaire d'Argentine, d'où il est venu en pot de fleur, ce ver brun foncé de 5 à 10 cm a la fâcheuse tendance de bouloter escargots et vers de terre. Et, contrairement au lombric, le plathelminthe ne creuse pas ses propres galeries et n'enrichit pas les sols. Des milliards d'individus peupleraient déjà les jardins français. Mais l'impact réel sur la biodiversité des nouveaux lieux de résidence d'Obama nungara reste à étudier. 

En attendant, comment se débarrasser de ce nouvel arrivant quelque peu invasif ? Seule solution, l'écraser ou le brûler, « mais il en restera autant après » explique, sans grande conviction, l'un des auteurs de l'étude à 20 Minutes.

Les bourdons, décimés par le réchauffement climatique

Avec leur grosse doudoune de fourrure, ils ont l'air paré à toute épreuve. Pourtant, les bourdons déclinent massivement à travers le monde, comme en atteste une étude, publiée vendredi 7 février dans la revue Science.

Les chercheurs se sont penchés sur les résultats de 500 000 observations menées depuis le début du siècle dernier. Ils ont déterminé que les bourdons avait perdu 46% de leurs populations aux Etats-Unis et 17% en Europe entre la période 1901-1974 et aujourd'hui. Une chute vertigineuse qui s'apparente, selon les auteurs de l'étude, à une « extinction de masse ».

Ce déclin, plus fort parmi certaines des 66 espèces étudiées que chez d'autres, s'explique par des pics de chaleur de plus en plus importants. Le bourdon est également très sensible aux grandes variations de températures, comme l'explique le New York Times dans un article superbement illustré

Au même titre que les abeilles, les bourdons jouent un rôle crucial dans la pollinisation. Ils nous rendent particulièrement service dans les cultures de tomates, de baies ou de cucurbitacées. A lire dans le New York Times (en anglais).

 

L'Antarctique en slip de bain

Dans la lutte contre le réchauffement climatique, certains n'hésitent pas à mouiller le maillot. Même quand l'eau est proche de zéro degrés. 

L'Antarctique vient juste de battre son record absolu de chaleur : 18,3°C, comme l'a annoncé, jeudi 6 février, le service argentin de météo. La hausse des températures accélère toujours plus la fonte des glaces. Afin d'alerter sur ce symptôme de plus en plus visible de la crise climatique, le nageur d'endurance britannique Lewis Pugh s'est rendu en Antarctique pour y piquer une tête.

© PNUE 

Le sportif et défenseur de l'environnement a nagé pendant 10 minutes dans une eau à peine plus chaude que la glace. « J'ai pu nager ici parce que nous sommes dans un état d'urgence climatique. Toutes les nations doivent prendre des mesures immédiates pour protéger notre planète », a-t-il expliqué à l'issue de sa performance. 

Celui qui est également porte-parole du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) milite également pour la création d’une aire marine protégée afin de préserver la biodiversité dans cette région du monde particulièrement bouleversée par les activités humaines. A lire dans Grist.

Faute de rentabilité, Corteva abandonne le chlorpyrifos

Responsable avéré de pertes de points de QI, retards de développement, troubles autistiques, déficit de l'attention ou hyperactivité chez les enfants, le chlorpyrifos est désormais interdit en Europe. Mais pas aux Etats-Unis, qui ont réautorisé ce pesticide controversé sous Donald Trump. La bonne nouvelle, c'est que Corteva, premier fabricant mondial du chlorpyrifos, vient d'annoncer qu'il abandonnerait la production du pesticide d'ici à la fin de l'année

Si le géant de la chimie, issu de la fusion, en 2019, de Dow Chemical et Dupont abandonne le chlorpyrifos, ce n'est pas par conviction écologiste. C'est avant tout parce que les ventes de son produit ont chuté aux Etats-Unis, son plus gros marché.

Comme l'explique Reuters, la demande y a été divisée par 5 depuis le pic des années 1990. 2,2 millions de litres ont été écoulés en 2016 contre près de 6 millions en 1994. Toujours aux Etats-Unis, les ventes de produits phytosanitaires ont baissé de 3% entre 2018 et 2019.

Pour autant, les associations écologistes américaines réclament toujours l'interdiction fédérale du pesticide, qui restera commercialisé par des firmes de moindre envergure. A lire sur le site de Reuters

Le plus aimable des nuisibles

Il est un « nuisible » que l'on laisse volontiers peupler nos appartements, maisons et jardins : le chat. Bien nourris comme ils le sont par leurs propriétaires, les matous sont un vrai enfer pour la planète. En plus de contribuer au réchauffement climatique en peuplant les vidéos et les photos que tout internet se partage, ces félins déciment oiseaux, mammifères, reptiles et batraciens. Avec un sens consommé de la mise en scène, le professeur Feuillage dit ses quatre vérités au plus aimable des ravageurs.