Politiques tardifs et bébés précoces

La « loi antigaspillage » arrive à l'Assemblée 

Il doit incarner le tournant écologique pris par l'exécutif dans son quinquennat : après avoir été adopté par le Sénat, le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire arrive dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale cette semaine. 100 articles, plus de 2000 amendements... Commencé lundi, l'examen de ce mastodonte devrait se poursuivre jusqu'à Noël.

Parmi les amendements adoptés en commission (et qui devraient donc l'être en séance publique), on trouve la fin de l'impression des tickets de caisse pour les achats inférieurs à 10€ et l'interdiction du plastique à usage unique dans les restaurants dès 2023. Les bouteilles en plastiques seront bientôt remplacées par des flacons réutilisables lors des événements culturels ou sportifs, comme l'a noté le Monde. Les invendus alimentaires ne devraient plus pouvoir être détruits. Lundi soir, les députés ont voté la fin du plastique à usage unique d'ici 2040.

L'une des mesures ambitieuses que propose le texte, c'est la création de filières REP (pour « responsabilité élargie du producteur ») dans les secteurs du tabac, des jouets, du sport, ou de la construction. Comme c'est déjà le cas dans d'autres industries, les producteurs devront contribuer au financement de la collecte et du retraitement des déchets issus de leurs produits. C'est, en gros, le principe du pollueur-payeur.

La mise en place d'une consigne visant à favoriser le recyclage des bouteilles en plastique, que devait introduire cette loi, a finalement été remise aux calendes grecques. Au nom des élus locaux, les sénateurs avaient voté contre cette mesure. Le nouveau système aurait provoqué une perte de revenus potentiellement importante dans les collectivités locales, chargées du traitement des déchets. Vert avait résumé cet important débat

Si certaines des mesures énoncées constituent d'indiscutables avancées, plusieurs associations ont déjà dénoncé le manque d'ambition du projet de loi : « Alors qu'il était présenté par le gouvernement comme un tournant écologique, le texte n'est pas en l'état à la hauteur de l'urgence de la crise de la pollution plastique » a jugé, dans un communiqué, l'ONG WWF, qui plaide par exemple pour un développement rapide de la consigne « pour réemploi » des bouteilles en verre. « Le texte comporte des mesures pas inutiles mais qui restent modestes. Il ne porte pas une transformation structurelle de la production et de la consommation » a confié au Monde la députée non-inscrite (mais d'obédience écologiste) Delphine Batho.

Ces bateaux qui polluent plus que des Etats 

A quand une filière REP pour ces pollueurs-là ? On sait depuis un moment que les gros bateaux de fret maritime ont un impact environnemental déplorable. Mais jusqu'à maintenant, on savait mal à quel point. Pour la première fois, l'ONG Transport et Environnement a fait le calcul. Résultat de cette étude, publiée lundi 9 décembre : les navires de marchandises qui circulent en Europe émettent plus de CO2 qu'un pays comme la République Tchèque

En 2018, 139 millions de tonnes de CO2 ont été ainsi émises par les bateaux entrant et sortant de l'Union Européenne (UE). Si le fret maritime en Europe était un pays, il serait le 8ème plus gros émetteur de l'UE, comme le rapporte le Parisien. Le Guardian a trouvé une autre équivalence : le transport de marchandises dans l'Union produit autant de CO2 qu'un quart de toute la flotte automobile européenne, soit 68 millions de voitures. Au niveau mondial, 90% des marchandises transitent par la mer sur 50 000 navires marchands. 

En France, plutôt que de ralentir les flux de marchandises, Emmanuel Macron a repris à son compte une proposition faite par Philippe Louis-Dreyfus, président de Louis Dreyfus Armateurs (une entreprise qui vit du fret maritime, donc) : réduire la vitesse des navires de 12 à 11 nœuds pour faire baisser leurs émissions.

"Les navires en provenance ou à destination de la France émettent plus de CO2 que l'ensemble des voitures des dix plus grandes villes et la région Grand Est réunies."  © Transport & Environnement

L'usine à gaz du marché du carbone 

Autre énorme dossier sur le front de la réduction des émissions de gaz à effet de serre : à l'occasion de la COP25, mardi 10 décembre, les ministres de l'environnement du monde entier tenteront de se mettre d'accord sur les règles d'un nouveau marché mondial du carbone

Il s'agit-là d'une disposition prévue dans l'accord de Paris, voté en 2015. Un consensus doit être trouvé au sujet des nouveaux mécanismes qui remplaceront ceux prévus dans le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 1997. Objectif : tenter de réduire les émissions mondiales de CO2, toujours en hausse cette année. Les tractations durent depuis trois ans et un accord aurait déjà dû être trouvé lors de la COP24 de Katowice, en Pologne, comme l'explique le Monde.

Le nouveau système doit apporter deux avancées. Tout d'abord, il doit permettre à deux Etats de s'échanger des réductions d'émission de CO2. Si un réussit à réduire davantage ses émissions que prévu, il peut revendre ses tonnes de CO2 en moins à un pays qui aurait n'aurait pas atteint ses objectifs de réduction.

Deuxième instrument : la mise sur pied d'un nouveau marché international du carbone. Il doit permettre à différents types d'acteurs (Etats et entreprises) de financer des projets en faveur du climat pour atteindre leurs objectifs.

Plus d'informations à lire dans le Monde (édition abonnés).

Les effets immédiats d'un meilleur air

Si l'on voulait bien se donner la peine de réduire la pollution de l'air, les effets bénéfiques sur la santé en seraient presque immédiats. C'est ce que montre une étude, publiée ce mois-ci dans la revue Annals of the American Thoracic Society, qu'a repérée le Guardian

L'étude s'est intéressée à plusieurs cas à travers le monde, dans lesquels une source majeure de pollution avait cessé pour des raisons diverses et variées : fermeture d'une usine, d'un aéroport, etc. Les chercheurs ont découvert que lorsque la pollution cessait, la survenue des maladies liées baissait de manière « presque immédiate » et « conséquente ».

Lors des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, par exemple, le trafic routier a été interrompu pendant 17 jours. Les visites d'enfants à l'hôpital pour des problèmes d'asthme ont alors chuté de 40%.

Les premiers bienfaits visibles à l'échelle d'une population, notent les auteurs de l'étude, apparaissent dès la première semaine. Parmi ceux-ci : la baisse de l'asthme, des jours d'absence à l'école, des crises cardiaques et des enfants nés prématurés. A lire dans le Guardian
 

Canicule et enfants prématurés

Et si un nombre croissant d'enfants naissent avant leur terme dans le monde, ce pourrait être également à cause du réchauffement climatique. C'est le résultat surprenant d'une autre étude, parue cette semaine dans Nature Climate Change, qu'a rapportée le site Grist

Les chercheurs se sont penchés sur les 56 millions de bébés nés aux Etats-Unis entre 1969 et 1988. Ils ont découvert qu'en moyenne, environ 25 000 enfants étaient nés prématurés chaque année du fait des grandes chaleurs. Lorsque le thermomètre dépasse les 32°C, la probabilité de déclencher un accouchement avant l'heure augmente fortement. Les pics de chaleur ont entraîné la « perte » de 150 000 jours de gestation aux Etats-Unis dans la période étudiée, et les chercheurs prédisent qu'en l'état des projections annuelles, 250 000 jours de gestation supplémentaires seront perdus d'ici à la fin du siècle.

36 produits à base de glyphosate retirés du marché

On ne va pas bouder notre plaisir : une fois n'est pas coutume, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prend une décision qui va à l'encontre de l'utilisation des pesticides. Et elle prononce l'interdiction, dès la fin 2020, de la vente de 36 produits à base de glyphosate, comme l'a raconté 20 Minutes.

Si la demande de renouvellement de ces produits n'a pas été acceptée, c'est « en raison de l’insuffisance ou de l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique » (de danger pour l'ADN), a déclaré l'Anses dans un communiqué

Or, comme l'explique le Monde, ce n'est pas le glyphosate lui-même qui est considéré comme génotoxique par l'Anses, mais son mélange avec certains produits. L'agence annonce également avoir refusé 4 des 11 nouvelles demandes d'autorisation déposées depuis janvier 2018. 

Ce sont donc plus d'un tiers des 69 produits contenant du glyphosate vendus en France, représentant près de 75% du volume total, qui disparaîtront du marché. Ces produits sont uniquement utilisés par les agriculteurs : les pesticides ont été interdits aux collectivités, puis au grand public en janvier 2019.

Des sapins de Noël roussis pour alerter sur l’état des forêts

Icône de Noël, en Alsace encore plus qu'ailleurs, le sapin est menacé par les attaques de coléoptères et surtout, par le réchauffement climatique. Cette année, le maire de Lutzelhouse (Bas-Rhin) a décidé de ne plus faire comme si de rien n'était. Il a choisi de décorer sa commune avec des sapins roussis, victimes de la sécheresse majeure qui touche les Vosges depuis des mois. Une « crise silencieuse » qu'avait d'ailleurs racontée Reporterre. Les badauds du marché de Noël de Lutzelhouse ne pourront plus faire comme s'ils ne savaient pas. Un reportage de France 3.

Pourquoi les humains s'évertuent à détruire leur environnement alors qu'ils ont conscience des conséquences de leurs actes ? La faute en reviendrait au striatum, un petit bout de notre cerveau, qui nous pousserait vers tout ce qui provoque un plaisir immédiat : nourriture, sexe ou reconnaissance sociale, au détriment de la préservation de l'environnement. C'est ce qu'explique Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, dans cette vidéo de Brut.