La quotidienne

Nucléaire : combien de paires OK ?

Chères toutes et chers tous,

🎙️ Vendredi 3 février Juliette Quef sera l'invitée du podcast Les médias se mettent au vert, animé par Julien Le Bot. Cet épisode sera enregistré en live à l'occasion du Festival de l'infolettre, organisé le 2 et 3 février au Ground Control (Paris 12ème). Et vous êtes invité·e ! Plus d'informations sur le programme et l'inscription à l'évènement à retrouver ici.


Le gouvernement ne cesse de répéter que l’on pourra débattre du nucléaire, et relance des paires de réacteurs l’air de ne pas y toucher.


Le Sénat vote le projet de loi sur l'accélération du nucléaire et zappe le débat public

Déso pas débat. Sans surprise, le projet de loi d’accélération du nucléaire a été largement adopté par le Sénat ce mardi. Avant même la fin du débat public sur une possible relance d'un programme nucléaire, provoquant l’ire des associations.

Le texte soumis au Sénat par le gouvernement vise à simplifier la construction de réacteurs nucléaires à proximité de sites nucléaires existants (Public Sénat). Procédures administratives allégées, autorisations délivrées par décrets… l’objectif est de gagner du temps pour bâtir rapidement de nouvelles tranches. Les sénateur·ices ont ajouté au texte un amendement afin de supprimer l’objectif, actuellement contenu dans la loi, de réduire à 50 % la part du nucléaire dans le mix électrique d’ici 2035. En outre, le projet de loi amendé veut désormais « maintenir la part du nucléaire dans la production d’électricité à plus de 50 % à l’horizon 2050 », transformant l’ancien plafond en plancher.

Le projet de loi devrait être examiné par l’Assemblée nationale en mars. Pour ses détracteurs, il marche sur les platebandes de la révision de la loi de programmation sur l’énergie - la stratégie énergétique de l’Etat. Ce plan quinquennal, qui détermine notamment la part de chaque type d’énergie dans le mix national, ne devrait pas être débattu au Parlement avant plusieurs mois.

La centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche © Maarten Sepp / Wikimedia

Si la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé à « respecter le débat public » et voit dans l’adoption de mardi « le fruit de mois de dialogue », les associations opposées au nucléaire voient rouge.

Furax, les associations Greenpeace et Sortir du nucléaire dénoncent un « passage en force ». Elles ont annoncé qu’elles cessaient de participer aux discussions menées en ligne et dans des réunions publiques depuis le 27 octobre sous la houlette de la Commission nationale du débat public (CNDP).

Le vote des sénateurs est « une mascarade démocratique et un sabotage en règle du débat public », lequel est une obligation légale, estiment Greenpeace et Sortir du nucléaire. « En soutenant une hausse de l’atome dans le mix électrique avant même la fin du débat pour satisfaire la droite et les lobbies du nucléaire, le gouvernement piétine le processus démocratique », commente Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace France. Une commission du CNDP rendra un compte-rendu dans les deux mois après la fin du débat public.

· Le traitement médiatique de la crise climatique est de mieux en mieux perçu par l’opinion française, selon un baromètre de confiance dans les médias publié lundi par Kantar et La Croix. 40% des 1 500 personnes interrogées considèrent que ce sujet est « bien traité », en hausse de 14 points par rapport à l’année précédente. Mais elles et ils sont plus nombreux (42%) à considérer que le climat est « mal traité » par les médias. - La Croix (abonné·es)

· Mardi, plusieurs centaines d’agriculteur·ices, d’élu·es et de représentant·es des stations de ski ont manifesté à Perpignan pour protester contre de possibles restrictions d’eau. En novembre dernier, le tribunal administratif de Montpellier avait décidé de limiter les prélèvements d'eau dans le fleuve de la Têt. Dans les Pyrénées-Orientales, département très touché par la sécheresse, les usages de l’eau sont restreints depuis le mois de juin 2022. - L’Indépendant

· Mardi toujours, l’aiguille de la célèbre « horloge de l’apocalypse » avançait de dix secondes pour indiquer minuit moins 90 secondes. Conflits internationaux, crise climatique et risque nucléaire… Jamais la Doomsday clock n’avait été aussi proche de minuit : une façon de signifier que l’humanité se rapproche d’un cataclysme planétaire, pour les scientifiques à l’origine de ce projet symbolique. - Les Échos

© Capture d'écran Twitter du Bulletin of the atomic scientists, les scientifiques à l'origine de l'horloge de l'apocalypse

Terme aux stats. En moyenne, les températures enregistrées en 2022 dans de nombreuses villes de l’Europe de l’Ouest ont correspondu à celles que l’on observe généralement plusieurs centaines de kilomètres plus au sud. Publiée ce mercredi par la société d’évaluation de risques climatiques, Callendar, à partir des informations du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, une carte détaillée est accessible en ligne avec les données de 100 villes en France, au Portugal, en Espagne et en Italie. En moyenne, les températures y ont été supérieures de 1,38 °C à celles enregistrées entre 1991 et 2020. On y découvre par exemple que Lille a connu les températures moyennes de Pau (810 kilomètres plus au sud) ; Brest est devenu comparable à Gijón, en Espagne (540km) ; Strasbourg s’est mué en Saint Marin (510km).

Cliquez sur la carte pour y accéder ©  Callendar

Le déclin des oiseaux dans les jardins au printemps se confirme

Un coup dans l’aile. Les oiseaux communs observés dans les jardins français sont en déclin au printemps et en essor en hiver, des phénomènes liés aux crises de la biodiversité et du climat.

41% des espèces d’oiseaux observées dans les jardins français au mois de mai ont perdu des effectifs en dix ans, tandis que 49% des espèces comptabilisées en janvier sont en augmentation. C’est ce que révèle l’Observatoire des oiseaux des jardins, vaste dispositif de science participative initié par la LPO, le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité, dont le bilan des dix ans a été publié ce mardi.

Le verdier d’Europe fait partie des espèces en déclin au printemps, selon les observations des participant·es. © Martin Kunz / Wikimedia

Confirmé par d’autres sources scientifiques, le déclin observé au printemps est dû à la destructuration des écosystèmes naturels, sous la pression de l’urbanisation et de l’agriculture.

En revanche, l’essor des oiseaux dans les jardins en hiver (et ce, malgré l’effondrement des populations à l’échelle du pays) s’explique par la raréfaction des ressources alimentaires qui pousse les espèces à investir les jardins. Le réchauffement climatique, qui adoucit les hivers, pourrait aussi justifier la modification des habitudes de migration hivernale.

Ce comptage national des oiseaux mené avec l’aide du grand public est organisé deux fois par an, en janvier et en mai, pour observer les comportements des espèces pendant l’hivernage et la reproduction. En dix ans, 6,5 millions d’oiseaux ont été comptabilisés dans près de 100 000 jardins aux quatre coins de la France, constituant une base de données inédite.

Le prochain comptage hivernal a lieu ce week-end, les 28 et 29 janvier, partout en France. Vous pourrez trouver plus d’informations ici afin de prendre part à ce dispositif participatif.

Comment le remembrement agricole a marqué les enfants français d’alors

Traumatis’haies. Dans cet épisode des Pieds sur Terre, la journaliste Inès Léraud retrouve deux témoins du « grand remembrement » qui a consisté, des années 50 aux années 80, à réorganiser les paysages agricoles pour recomposer de grandes parcelles plus faciles à exploiter. En Bretagne, Jacqueline raconte son traumatisme d’avoir vu les haies arrachées, les talus et les petits chemins disparaitre. Pierre était, lui, dans le Limousin : il se souvient de la guerre entre les familles favorables et celles opposées aux manoeuvres de l’Etat.

© Radio France

+ Pénélope Dickinson, Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro.