Les dix plaies décrites


Fonte des glaces, sécheresses et inondations, plantes mutantes et invasions de criquets : le monde se prépare à des lendemains qui déchantent.

Les plantes mutantes sont bien des OGM

C'est une victoire pour les partisans du principe de précaution : le Conseil d'Etat considère que les plantes transformées par mutagenèse sont bien des Organismes génétiquement modifiés (OGM)

Dans sa décision, publiée vendredi 7 février, la plus haute juridiction administrative française s'est conformée à un arrêt similaire de la Cour de justice de l'Union, rendu en juillet 2018. 

Le Conseil d'Etat donne six mois au gouvernement français pour inclure les plantes issues de la mutagenèse dans la réglementation sur les OGM. Depuis 2001, ceux-ci sont soumis à des évaluations sanitaires et environnementales avant leur mise sur le marché, ainsi qu'à une obligation d'information du public.

Le gouvernement a par ailleurs neuf mois devant lui pour identifier les variétés de plantes obtenues par mutagenèse inscrites au catalogue officiel des plantes cultivées. « Cela pourra amener en pratique à retirer les variétés concernées du catalogue et à en suspendre la culture », indique le Conseil dans sa décision. 

Les OGM « classiques » sont obtenus par transgenèse : cette technique consiste à introduire dans la plante un gène appartenant à une autre espèce, comme l'explique Sciences et avenir. La mutagenèse s'obtient, elle, par la modification du génome de la plante. 

Cette dernière est notamment utilisée pour rendre les plantes tolérantes aux herbicides, pulvérisés afin de tuer les « mauvaises herbes ». A lire dans Sciences et Avenir.

Obsolescence logicielle : Apple s’en sort bien

Visée par une plainte en France pour « obsolescence logicielle », Apple écope d'une amende de 25 millions d'euros et s'évite un procès.

Au cours de l'année 2017, certaines des mises à jour du système d'exploitation effectuées par les utilisateurs d'iPhone 6, 6S, SE et 7 avaient fortement ralenti le fonctionnement de leur smartphone. L'association Halte à l'obsolescence programmée (HOP) avait alors déposé plainte contre Apple, accusée d'avoir sciemment diminué les performances de ses téléphones afin de conduire les consommateurs à en racheter plus rapidement.

Vendredi 7 janvier, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a confirmé que « ce défaut d'information des consommateurs constituait une pratique commerciale trompeuse par omission ». La DGCCRF a conclu une transaction pénale avec la firme, qui devra donc s'acquitter d'une bien maigre amende de 25 millions d'euros en échange de l'abandon des poursuites. Apple s'épargne donc un procès public, coûteux en terme d'image. Au premier trimestre 2020, la multinationale a réalisé 22,2 milliards de dollars de bénéfice net (20,3 milliards d'euros), un record.

L'association HOP envisage désormais d'engager une action collective réclamant des dommages et intérêts pour les clients lésés. Une plateforme permettant de recueillir les plaintes a été mise en ligne. A lire sur le site d'Actu Environnement.

Timelapse réalisé par le chercheur Stef Lhermitte sur Twitter.

Vous avez déjà vu un iceberg de 160 kilomètres de long se faire la malle ? C'est désormais chose faite avec ce timelapse réalisé à partir d'images satellites collectées par Copernicus, service européen d'observation de la Terre. 

On y voit A68, le plus grand iceberg du monde, séparé de l'Antarctique depuis juillet 2017. Pendant plus de deux ans, celui-ci a dévié jusqu'à quitter totalement, début février, les côtes du continent de glace.

Selon Futura-Sciences, A68 devrait rejoindre « l'allée des icebergs », une bande située au large de l'île de la Géorgie du Sud, vers laquelle dérivent la plupart des icebergs de la péninsule antarctique. Avant de se désagréger dans l'océan. Sous l'effet du réchauffement, d'autres icebergs de taille plus importante encore seraient sur le point de se décrocher de la calotte glaciaire. À lire sur le site de Futura-Sciences.

L’invasion massive de criquets qui menace la corne de l’Afrique

Les pays de la corne de l'Afrique se préparent à une invasion de criquets d'une ampleur quasi inégalée. Depuis le printemps 2018, les cyclones se sont succédé entre la péninsule arabique et l'Afrique de l'Est. Avec eux, la chaleur et l'humidité idéales pour que les criquets pèlerins pullulent.

Un criquet pèlerin ©AtelierMonpli

Les cultures du Kenya, de Somalie ou d'Ethiopie sont désormais menacées par les milliards d'insectes nés des dernières pluies. « Il faut imaginer qu’un essaim de la taille de Rome, ce qui n’est pas exceptionnel dans la situation actuelle, peut manger en une seule journée la quantité de nourriture consommée par toute la population du Kenya », soit 50 millions d’habitants, a expliqué au Monde Keith Cressman, spécialiste des invasions de ce type au sein de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

Pour l'expert, la situation est « hors de contrôle ». La FAO a lancé un appel de fonds de près de 70 millions d’euros ; il en faudra probablement deux fois plus pour aider ces pays à lutter contre les criquets pèlerins. 

Sous l'effet du dérèglement climatique, les cyclones se sont multipliés ces dernières années dans cette région où 12 millions de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire. À lire dans le Monde


 

Le changement climatique en Europe expliqué avec des cartes

Quand on tente d'expliquer les conséquences probables du changement climatique, tout cela reste un peu flou dans l'esprit des gens, y compris des décideurs politiques. Pour tenter de remédier à cela, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) vient de publier une série de cartes montrant avec précision ce à quoi l'Europe doit commencer à se préparer.

Ces cartes montrent les conséquences attendues de deux scénarios : dans le premier, les mesures suffisantes ont été prises pour maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C par rapport à la période 1981-2010. Dans le second cas, la température a grimpé jusqu'à atteindre 4°C vers la fin du siècle. 

Montée des eaux, sécheresses, incendies, les risques à anticiper sont légion et même dans le scénario le plus favorable : comme l'a noté France Inter, les crues qui touchaient jadis une fois par siècle les villes de la façade atlantique française, se produiront au moins une, voire plusieurs fois par an d'ici 2100.

Les zones touchées par les inondations sur la façade atlantique française en cas d'élévation des eaux de 1 à 6 mètres. ©Agence européenne de l'environnement

L'AAE espère convaincre les dirigeants européens de prendre pleinement la mesure de la crise climatique. Toutes les cartes sont à consulter sur le site de l'AEE (en anglais). France Inter s'est quant à elle penchée sur les conséquences attendues en France.

Boire du lait d’avoine

Exit le lait d'amande qui tue les abeilles et vive le lait d'avoine ! Pour réduire leur bilan carbone, un nombre croissant de consommateurs boude désormais le lait de vache, dont un litre produit trois fois plus de CO2 et nécessite neuf fois plus de surface que n'importe quel lait végétal. Mais pour celui ou celle qui veut laisser la plus petite empreinte possible, reste alors cette interrogation : que boire à la place ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre le Guardian

Oublions tout de suite le lait d'amande. Celles-ci nécessitent de grandes quantités d'eau pour être cultivées. Par ailleurs, l'explosion du marché du lait d'amande a entraîné la création de gigantesques plantations d'amandiers en Californie, notamment, où les abeilles déclinent massivement à cause de ces cultures arrosées de pesticides. 

Idem pour le lait de coco, qui concourt à la destruction de forêts vierges aux Philippines, en Indonésie ou en Inde. Le lait de riz génère plus d'émissions de CO2 que n'importe quel autre lait végétal et il est un gouffre à eau : on laisse tomber. 

Les laits de noisette, lin ou chanvre constituent de bonnes alternatives, à la fois en termes de nutrition et de protection de l'environnement, selon le Guardian. Le soja, lorsqu'il n'est pas produit en Amazonie pour engraisser le bétail, est également une bonne option.

Enfin, le vainqueur toutes catégories, c'est le lait d'avoine. Bon pour la santé, l'avoine est peu gourmand en eau ainsi qu'en terre : déjà produit à destination des animaux d'élevage en Europe ou en Amérique du Nord, la conversion de la production à destination des humains pourrait se faire sans utilisation de nouvelles terres. A lire dans le Guardian.

Le mythe de la surpopulation

Pour s'exonérer de toute réflexion et d'action sérieuse face à la crise climatique, une partie des intellectuels français (et d'autres pays) brandissent un argument imparable : à quoi bon lutter contre le réchauffement, puisque nous serons bientôt 10 milliards sur Terre ? Dans son dernier épisode, Datagueule démonte ce mythe ancien de la surpopulation mondiale, toujours avancé sur fond de méfiance à l'égard des couches les plus pauvres de la population, voire de racisme décomplexé.