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Labour vers le futur

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Puisque la moitié des agriculteurs va partir en retraite, les champs français se cherchent de nouvelles têtes.


Que retenir des 35 mesures du gouvernement pour pérenniser le secteur agricole en France ?

À labour. Vendredi 15 décembre, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a détaillé les grandes lignes du «pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture». Si les mesures sont nombreuses, leur mise en œuvre reste pour l’heure plutôt vague.

Au menu de cette nouvelle feuille de route, une trentaine de mesures pour répondre à quatre défis majeurs auxquels doit faire face l’agriculture française : œuvrer à la réconciliation entre agriculture et société ; faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs ; reconcevoir les systèmes de production des exploitations agricoles et les systèmes de production à l’échelle des filières. «C’est une intention intéressante ! Nous attendons des mesures concrètes pour la compétitivité de nos métiers», a commenté Luc Smessaert de la FNSEA, le plus puissant syndicat agricole français.

Marc Fesneau lors de son déplacement à Yvetot le 15 décembre 2023. © Xavier Remongin / Agriculture.gouv.fr

Au cœur des préoccupations et de ces nouvelles orientations, le choc démographique qui attend le secteur : d’ici à 2030, la moitié des agriculteur·ices seront en âge de partir à la retraite. En 2021, on comptait 500 000 exploitant·es et coexploitant·es agricoles en France, soit 1,5% de la population active (contre 7% dans les années 1980). Même effritement du côté des exploitations : elles étaient moins de 400 000 en 2021, contre 1,5 million en 1970. Pour contrer les effets de ce déclin, le gouvernement souhaite installer 150 000 nouveaux agriculteur·ices dans la décennie à venir.

Le pacte veut rendre la filière plus attractive auprès des jeunes et les inciter à s’y engager : des stages seront organisés de l’école élémentaire au lycée pour que les élèves découvrent ces métiers, et un «bachelor agro» (niveau bac +3) devrait être créé en 2025.

Côté biodiversité et climat, le pacte propose la mise en place d’ici 2026 de «stress tests climatiques» pour évaluer la viabilité des projets agricoles face aux dérèglements climatiques. Ces stress tests permettront-ils au secteur agricole français, tout à la fois important contributeur et l’une des premières «victimes» du réchauffement et du recul du vivant, d’éviter le crash test climatique ?

«Ce pacte entérine et renforce le modèle agro-industriel qui fait pourtant la démonstration de son incapacité à répondre aux enjeux de revenu, d'installation et de transition agro-environnementale», a réagi dans un communiqué le syndicat agricole Confédération paysanne, déplorant l’absence de mesures sur la question de l’acquisition des terres agricoles, pourtant l’un des principaux leviers pour faciliter l’installation des futur·es agriculteur·ices en France.

· Vendredi, le muséum national d’histoire naturelle (MNHN), a annoncé avoir découvert douze nouvelles espèces d’insectes en Corse : huit mouches, deux guêpes, un papillon, et un mille-pattes. Résultat du travail de 43 scientifiques pendant trois ans, ces identifications doivent permettre une meilleure gestion des milieux naturels corses. - France info

· Vendredi encore, TotalEnergies a signé un nouveau permis d’exploration au large du Suriname, a annoncé la compagnie dans un communiqué, deux jours après la COP28. Cette opération, qui représente un investissement de 9 milliards de dollars, permettra au géant pétrolier d’extraire environ 200 000 barils de pétrole par jour et 700 millions de barils au total.

· Vendredi toujours, le Danemark a signalé l’instauration d’une écotaxe sur les billets d’avion au départ du pays, d’ici à 2030. D’une valeur de 13,50 euros en moyenne, cette taxe sera progressive en fonction de la distance parcourue et permettra de financer la transition écologique du pays. - Le Monde (AFP)

· Lundi, Le Parisien a révélé que le Parlement européen a banni les nitrites dans les croquettes animales en juin dernier, alors que ces substances restent autorisées dans l’alimentation humaine. L’Europe avait refusé de les interdire pour les humains et seulement diminué les quantités autorisées, alors que l’additif est lié à la formation de cancers. - Le Parisien

Faire la pluie et le beau temps. Samedi, de la pluie artificielle a été utilisée pour la première fois au Pakistan dans l’espoir de dissiper le smog (nuage de pollution) au-dessus de la mégapole de Lahore, à l’est du pays. Du sel a été dispersé dans les nuages afin de favoriser la condensation et entraîner des précipitations. L’opération était un cadeau des Émirats arabes unis, habitués de ce procédé d’ensemencement des nuages afin d’arroser leurs terres arides. Le pays a fourni des avions et des équipes pour survoler la ville pakistanaise, régulièrement sur le podium des agglomérations les plus polluées au monde. Une technique à l’efficacité douteuse, mais qui est de plus en plus plébiscitée par de nombreux pays - la Chine en tête - qui cherchent toujours plus de moyens de contrôler la météo et d’enrayer les conséquences du changement climatique. Au risque de tout faire dérayer?

150 jeunes présentent leurs propositions pour bâtir un futur désirable

Génération engagée. Jeudi dernier, 150 jeunes de 16 à 24 ans étaient réuni·es au Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris, pour présenter leurs propositions sur dix thématiques prioritaires pour leur génération.

«On doit agir maintenant !», clament en chœur à la tribune Alizée Bossy, 18 ans, et Victoria Levasseur, 24 ans, lors de la restitution du groupe Écologie. Leur discours est bien ficelé, entre phrases chocs et blagues. «Nous voulons fertiliser le terreau pour y voir germer des graines», assurent-elles. Autrement dit, libérer du temps pour développer les initiatives.

Elles font partie des 170 sélectionné·es pour ce Parlement des jeunes, initié par Jacques Huybrechts, fondateur d’Entrepreneurs d’avenir et de l’Université de la Terre, en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et la Macif. Elles et ils se sont rassemblé·es pendant trois demi-journées en visio et au Cese, à Paris, afin d’élaborer les propositions de leur génération «aux adultes». L’écologie y tient une place centrale, aux côtés du travail, de l’inclusion et de la santé.

Moins de voitures, plus de végétarisme, la rénovation énergétique des logements, une meilleure gestion de l’eau, le bien-être animal ou la taxations des entreprises polluantes : leur liste est longue pour aboutir à un futur souhaitable d’ici dix ans.

Alizée Bossy et Victoria Levasseur devant l’hémicycle © Marylou Mauricio

Constitué d’une quinzaine de personnes, le groupe Écologie propose une journée libérée par semaine pour que les gens aient le temps de s’engager. «On sait que ce n’est pas une idée nouvelle, mais on aimerait la démocratiser», résume Alizée auprès de Vert. Écovillage, festival écologique, les idées de la jeune génération ne manquent pas, contrairement au temps pour les mettre en œuvre.

Alors que le délégué interministériel à la jeunesse, Mathieu Maucort, a promis de «regarder de très près leurs propositions sans pouvoir promettre de toutes les garder», certain·es jeunes parlementaires ne veulent pas attendre. «On aimerait contacter des entreprises pour savoir si elles pourraient faire des phases de test, ou même appeler des députés. Parfois, il faut y aller au culot», soutient Alizée.

Les meilleures nouvelles de la semaine

Pour commencer la semaine avec une furieuse envie de danser, ne ratez pas les bonnes nouvelles de Gaëtan Gabriele. Au menu cette semaine : Nouvelle-Calédonie, publicités pour les SUV et procès pour inaction climatique.

© Vert

+ Alexandre Carré, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.