La pollution désole


On la savait atmosphérique, sonore, ou lumineuse : on sait désormais que la pollution atteint également les esprits.

Un recours contre les distances minimales d’épandage de pesticides

Trop (près), c'est trop ! Le collectif des maires anti-pesticides et deux ONG réclament la suspension immédiate de l'arrêté, pris en décembre 2019, qui fixe les nouvelles distances minimales entre habitations et zones d'épandages de pesticides. Les requérants ont déposé un recours en référé, examiné par le Conseil d'Etat, lundi 10 février. 

Cinq mètres pour les cultures basses, dix mètres pour les cultures hautes, 20 mètres lorsque sont employés des produits cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ; les nouvelles « zones de non-traitement » (ZNT) ne protègent absolument pas les riverains, selon les édiles et associations (Agir pour l’environnement et Criigen) à l'origine du recours. « Cet arrêté est une insulte à l’intelligence », a déclaré à l'AFP Daniel Cueff, président du collectif des maires anti-pesticides, qui rassemble environ 120 élus. 

De son côté, le ministère de l'Agriculture rappelle qu'il s'en est tenu aux distances recommandées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Sa représentante a assuré à l'AFP que la nouvelle réglementation apportait « des éléments de protection supplémentaires »

Le recours en référé est une procédure accélérée : le Conseil d'Etat doit rendre sa décision vendredi. Dans les prochaines semaines, d'autres associations, comme Générations futures et l'UFC-Que choisir doivent encore déposer un recours sur le fond pour tenter d'élargir les ZNT. A lire dans 20 Minutes.

Dernière ligne droite pour la Convention citoyenne pour le climat 

Et de cinq ! Au cours de leur cinquième weekend de travail, qui s'est tenu les 8 et 9 février à Paris, les 150 citoyen•ne•s de la Convention pour le climat ont élaboré leurs premières propositions pour réduire les émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2030.

Séance dans l'hémicycle du Conseil économique, social et environnemental ©Compte Twitter de Fabrice Pouliquen

Lutter contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain ; accomplir la rénovation énergétique de tout le parc immobilier ; limiter les émissions de l'aviation ; interdire les terrasses chauffées ; développer le vélo ; ne pas ratifier le Ceta... Autant de suggestions, repérées par le Monde, qui seront peaufinées avant d'être soumises au vote des 150 citoyen•ne•s lors du prochain weekend, du 6 au 8 mars. 

Celles qui obtiendront plus de 50 % des voix seront transmises au comité légistique, dont la mission sera de les traduire en texte de loi. Le groupe d'experts qui aiguille les participant•e•s donnera son avis quant à l'impact attendu en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et s'exprimera sur le coût des mesures, dont le financement doit être pensé. 

Les propositions seront remises au gouvernement le 4 avril. Emmanuel Macron a déjà prévenu qu'il pourrait décider de ne pas retenir certaines d'entre elles, alors qu'il avait initialement promis de les reprendre telles quelles (ou presque). Début janvier, Cécile Duflot, présidente de l'ONG Oxfam, s'amusait des « inquiétudes sourdes exprimées par certains membres du gouvernement au sujet de la radicalisation de la convention citoyenne ». A lire dans le Monde


 

Des banques françaises accusées de financer la déforestation

Deux milliards d'euros : c'est ce que certaines banques françaises auraient apporté à des entreprises connues pour leurs activités de déforestation, entre 2013 et 2019, selon l'ONG Global Witness. 

Selon l'enquête réalisée par cette organisation spécialiste de la lutte contre le pillage des ressources et la corruption, la finance française a soutenu certaines des entreprises les plus impliquées dans la destruction des forêts tropicales d'Amazonie et du bassin du Congo. 

La banque Natixis a par exemple fait crédit de 45 millions d'euros au groupe agroalimentaire Olam International en 2019. Celui-ci est responsable, selon un rapport de l'ONG Mighty Earth, de la destruction de 20 000 hectares de forêts au Gabon depuis 2012. Le Crédit agricole et la BNP Paribas sont aussi dans le viseur de l'ONG. 

Global Witness s'alarme également du non-respect de la loi sur le devoir de vigilance, votée en France en 2017. Celle-ci impose aux grandes sociétés et à leurs sous-traitants d'élaborer un plan de vigilance, qui doit mettre au jour et empêcher les atteintes portées à la santé et à l'environnement par leurs activités. Plus d'informations à lire dans Ouest-France (AFP).

L'éco-anxiété, ou la pollution de l'esprit

De la petite déprime à la grosse dépression, celles et ceux qui prennent conscience de l'état de la planète sont de plus en plus nombreux•euses à être touché•e•s par l'éco-anxiété

Depuis deux ans, le docteur Patrick Kennedy-Williams, psychologue clinicien britannique interrogé par le Guardian, voit défiler une nouvelle sorte de patients : des scientifiques travaillant sur les questions climatiques. Celles et ceux aux premières loges de la catastrophe en cours. « Ils faisaient face à un barrage d'informations négatives […] plus ils s'impliquaient, plus ils réalisaient ce qu'il y avait à faire », et plus la tâche leur semblait démesurée. Les conséquences relevées par le psychologue : anxiété, burnout et « une forme de paralysie professionnelle »

Comme eux, un nombre croissant - quoiqu'encore difficile à estimer - de personnes subissent cette nouvelle forme d'affliction mentale. Y compris les enfants, qu'il devient difficile de préserver de ces angoisses. Pour Patrick Kennedy-Williams, il serait d'ailleurs contreproductif de chercher à leur cacher la réalité.

Les personnes les plus touchées sont probablement celles qui subissent déjà les conséquences de la crise, comme la militante kenyanne Elizabeth Wathuti, interviewée par le Guardian. « On ne mourra pas de vieillesse, on mourra du changement climatique », entend-elle souvent parmi les étudiants qu'elle côtoie dans le cadre de son action. 

Selon une récente étude, menée par l'Agence britannique de l'environnement, les victimes d'évènements extrêmes (voués à se multiplier avec la crise climatique), tels que des tempêtes ou inondations, ont 50% de risques en plus de développer des troubles mentaux les années suivantes : stress et dépression en tête. 

Seule solution : l'action, selon le docteur Patrick Kennedy-Williams : « Notez et célébrez les changements que vous accomplissez. Rien n'est trop petit. Reliez-vous aux autres et réalisez que vous ne serez pas seuls pour régler ce problème ». A lire dans le Guardian
 

La pollution lumineuse sous les projecteurs

Elle dérègle les cycles naturels et perturbe la faune et la flore nocturnes : la pollution lumineuse est un fléau silencieux et méconnu. Entré en vigueur le 1er janvier 2020, un arrêté vient de durcir (modestement) la réglementation en vigueur.

Les vitrines de magasins, façades et bureaux non occupés étaient déjà encadrés. Le texte régule désormais les horaires d’éclairage nocturne des parkings, des chantiers, de l’événementiel, des parcs et jardins. Les lampadaires ne peuvent plus pointer vers le ciel et la température de leur lumière est encadrée : les lumières chaudes sont moins néfastes pour la biodiversité que les lumières les plus blanches, comme les LED.

Paris, la « nuit » ©Flickr

Mais pour l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN), qui lutte depuis des décennies contre la multiplication des points lumineux en France, le texte ne va pas assez loin. Sa présidente, qui s'en est ouverte à Libération, regrette que la responsabilité porte uniquement sur les collectivités locales et pas sur les entreprises qui, pourtant, « contribuent à la pollution lumineuse [et] génèrent suréquipement et suréclairage ».

Son association réclame des incitations financières et la mise en place d'un système pollueur-payeur. Les sommes récoltées permettraient d'accompagner les collectivités dans leur transition énergétique. 

Par ailleurs, Anne-Marie Ducroux déplore l'absence de contrôles. Début 2019, les Dernières nouvelles d'Alsace avaient fait une tournée nocturne des commerces de plusieurs communes, pour réaliser que ceux-ci, en bonne partie, ne respectaient pas l'obligation d'éteindre la nuit. Faute de moyens, les collectivités rechignent à faire travailler leurs agents la nuit pour constater les infractions. A lire dans Libération.

Des cahiers de doléance climatiques

En 1789, les Français ont dressé un portrait fidèle de leurs conditions de vie et ont ébauché des foules de propositions pour améliorer leur sort. Pour se sortir de la crise climatique, le sociologue et philosophe Bruno Latour suggère de remettre ça en rédigeant de « nouveaux cahiers de doléances »

Dans un entretien à la Croix, le chercheur espère ainsi « identifier quelle organisation politique va nous permettre d’effectuer notre transition ». Mais aussi « ce qu’il va falloir faire comme choix individuels et collectifs (quelle sera notre consommation quotidienne, l’énergie disponible… ?), pour quelle prospérité, dans un système où on a été habitué à l’autonomie et à la liberté, à l’individualité et à l’abondance ? ». 

Il n'y a rien (ou si peu) à attendre du gouvernement, pour Bruno Latour, qui estime que « c'est aux citoyens de s’engager. Ce n’est pas l’État qui va les aider parce qu’il gère l’époque passée ».Et ce n'est pas la Convention citoyenne pour le climat qui changera la donne, selon le chercheur, pour qui « l’État d’aujourd’hui en est réduit à demander [à] 150 malheureux citoyens […] de remplacer à eux seuls des milliers de fonctionnaires et des élus parce qu’on est en retard d’une guerre ». Un entretien passionnant à lire dans la Croix.

La pollution sonore sous-marine

Il est une autre forme de pollution encore très méconnue : conséquence du trafic maritime ou de chantiers, la pollution sonore sous l'eau peut avoir de graves conséquences sur la vie sous-marine et notamment sur celle des cétacés. Dans le dernier épisode de la série Plan B, le Monde s'est penché sur ces nuisances dont on commence seulement à prendre conscience.