La loi du plus rapide


Pourquoi s'embarrasser de l'environnement, ce tissu de contraintes qui ralentit les affaires ?   

Loi ASAP : accélérer au mépris de l'environnement

ASAPromet. Soumis au vote de l'Assemblée nationale ce mardi 6 octobre, le projet de loi pour « l'accélération et la simplification de la vie publique » (ASAP) amoindrit encore un peu plus la protection de l'environnement

Acronyme de « As soon as possible » (dès que possible), ce vaste texte a pour projet de raccourcir les délais pour une grande variété de procédures administratives, dont celles qui touchent à l'écologie. Souvent composées d'élu•e•s, 18 commissions administratives, comme celle chargée d'évaluer le coût du démantèlement du nucléaire, seront par exemple supprimées, indique Reporterre.

Emmanuel Macron, lors de la présentation du plan de relance devant les entreprises de la "French Tech", en septembre 2020 © Capture d'écran vidéo

Le processus préalable à l'implantation de certaines installations classées au titre de la protection de l'environnement (ICPE) – sites industriels potentiellement dangereux, sera grandement allégé : jusqu'alors, une enquête publique était menée par un commissaire-enquêteur, qui devait organiser des réunions publiques et recueillir les avis des riverain•e•s. Désormais la préfecture pourra se contenter d'une consultation en ligne, qui a toutes les chances de passer inaperçue. Vendredi 2 octobre, les député•e•s avaient voté contre cette disposition. Le gouvernement l'a réintroduite, arguant du peu d'élu•e•s présent•e•s au moment du scrutin. 

Par dérogation, les travaux de construction d'une ICPE pourront débuter avant même d'avoir reçu l'autorisation environnementale préalable, qui doit vérifier la conformité du projet avec les règles en vigueur sur l'eau, l'air, etc ; le délai pendant lequel des citoyen•ne•s peuvent demander une concertation préalable à un projet qui touche l’environnement est réduit de quatre à deux mois.

Rapporteur du projet de loi, le député LREM Guillaume Kasbarian assume militer pour « une administration plus simple, plus rapide pour les industriels qui veulent créer des emplois »comme il l'a expliqué sur Facebook. De son côté, la fédération France nature environnement dénonce un texte « bourré de dérogations pour répondre aux demandes de tous les lobbys au point d’être incompréhensible »comme l'a rapporté le Monde. Plus d'informations sur Reporterre

• Dans la nuit de lundi à mardi, les député•e•s ont donné leur accord à la réintroduction des néonicotinoïdes – ces insecticides qui déciment les populations d'abeilles - pour la culture de betteraves sucrières. Un vote solennel sur l’ensemble du projet de loi doit se tenir cet après-midi, mais son issue ne fait aucun doute – Le Monde (AFP) 

• 30% plus chères et 20% plus émettrices de CO2 qu'une voiture classique, leurs ventes ont pourtant été multipliées par sept en dix ans... Dans un rapport publié mardi, le WWF étrille la mode des SUV, ces faux 4x4 qualifiés de « catastrophe climatique et gouffre pour le budget des ménages ». L'association plaide pour l'instauration d'un malus en fonction du poids des véhicules, proposition pour l'heure rejetée par le gouvernementFrance Info 

L’Amazonie, proche de basculer vers la savane

Savane pas fort. De larges pans des forêts tropicales de la planète pourraient se transformer en savanes dans un avenir proche.

Crise climatique, bûcheronnage, incendies-record souvent provoqués par les exploitants agricoles pour conquérir des hectares sur la forêt ; le poids des prédations humaines sur l'Amazonie s'alourdit d'année en année. A tel point que d'ici la fin du siècle, 40% de la forêt tropicale amazonienne pourrait basculer vers un climat de savane, mélange de bois et de prairies, d'après une étude publiée lundi dans Nature communications. Il en va de même pour une large part des forêts primaires d'Afrique centrale. 

Les forêts tropicales sont très sensibles aux variations en matière d'humidité. Elles ont d'ailleurs la capacité de provoquer la pluie pour s'en abreuver. A contrario, une élévation des températures et une baisse des précipitations les menacent directement. A l'échelle locale, la forêt risque donc d'atteindre rapidement des « points de bascule », au-delà desquels la sécheresse affaiblira la forêt qui, en retour, provoquera moins de pluies, etc.

En vert, les zones où le climat permet de maintenir la forêt tropicale ; en rose, celles qui sont susceptibles de se transformer en savane. La première carte montre la période récente (2003-2014), la seconde projette la fin du siècle (2071-2100).

A partir des données disponibles sur l'évapo-transpiration des arbres, les pluies et le couvert forestier, les scientifiques ont élaboré une simulation des zones de forêt tropicale menacées de basculement au début et à la fin de ce siècle. Elles et ils soulignent également le rôle des émissions humaines de CO2 : plus celles-ci s'élèveront, et plus il sera difficile pour les forêts de faire repousser les arbres perdus. Plus d'informations dans le Guardian (en anglais). 

Réduire nos importations de CO2

L’éléphant carbonique dans la pièce. Le Haut-Conseil pour le climat (HCC) recommande de prendre en compte – et de réduire - les grandes quantités de CO2 importé dans le calcul des émissions nationales de la France. 

Les gaz à effet de serre émis sur le sol français connaissent une baisse régulière depuis plusieurs années. De quoi permettre aux gouvernement successifs de livrer des satisfécits sur le bon élève climatique qu'est la France. Mais c'est oublier une donnée majeure : les « émissions importées ». Il s'agit de tout le CO2 émis lors de la fabrication d'objets achetés à des pays étrangers. 

En 2018, les émissions hexagonales se sont montées à 445 mégatonnes (millions de tonnes) de CO2 (ou équivalent), soit 6,7 tonnes par habitant. L'empreinte carbone, qui inclut les émissions importées, s'élève à 749 Mt éqCO2, soit 11,5 t éqCO2 par habitant. L'empreinte carbone de la France est donc 70% plus élevée que ses émissions territoriales, alerte le Haut-Conseil, dans un rapport publié ce mardi

Problème : ce chiffre ne diminue quasiment pas depuis 1995. En cause : la hausse de la consommation. « Près de la moitié des émissions liées à la production des biens et services consommés en France ont été générées à l’extérieur de notre territoire, a indiqué à 20 Minutes Corinne Le Quéré, présidente du HCC. Dont 37 % hors Union européenne, principalement en Asie. Ces émissions sont liées à la production d’équipements électroniques et électriques, aux travaux de construction […], au raffinage, à la fabrication de produits agroalimentaires ».

Le Haut-Conseil recommande notamment d'introduire une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne qui renchérirait les produits dont la fabrication rejette le plus de CO2, ou d'étiqueter les biens de consommation avec un « score carbone », sur le modèle du nutri-score apposé sur les aliments vendus en supermarché. Plus d'informations dans 20 Minutes

5G : l'invraisemblable débat

Elle donne le cancer ; elle fait de nous les héritiers de la France des Lumières… Dans le dernier épisode de la série Ouvrez les guillemets, diffusée par Mediapart, le fin observateur de la vie politique Usul refait le fil du débat impossible autour de la 5G

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