La fonte qui glace


La mer de glace est un pédiluve et l'on pourrait faire trempette dans l'Antarctique, mais certains préfèrent enfiler leur maillot de bain que de se retrousser les manches.

Le « combat du siècle » d’Emmanuel Macron

Après avoir présidé le quatrième conseil de défense écologique, Emmanuel Macron s'est rendu dans les Alpes pour poursuivre sa séquence verte, qui doit faire oublier celle des retraites à quelques semaines des municipales. 

« C'est vertigineux », a devisé, jeudi, le président, se penchant sur la mer de glace, merveille naturelle du massif du Mont-Blanc qui a perdu 120 mètres d'épaisseur en un siècle. « On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là », a expliqué, Emmanuel Macron, qui a estimé que la lutte contre le réchauffement climatique était le « combat du siècle ».

Un combat qu'il a choisi de mener avec des armes émoussées. Devant la presse, le président s'est défaussé de ses responsabilités sur l'Europe. « La bataille est maintenant européenne : [il faut] se battre pour avoir un prix du CO2 plus élevé, un mécanisme d’inclusion carbone à nos frontières, [une] vraie stratégie de transition européenne qui permette d’aller beaucoup plus vite », a plaidé le président. 

C'est la faute de l'Europe si la France est capable de si peu :« A chaque fois que je demande à des industriels d’accélérer beaucoup plus vite que chez les voisins, on me dit: « mais si vous faites ça, vous allez détruire notre tissu industriel […] il suffit de faire quelques kilomètres et la règle n’est plus la même. »

Interrogé par des journalistes du groupe Ebra au sujet de la pollution de la vallée de l'Arve, qui suffoque toute l'année à cause des centaines de milliers de véhicules qui la traversent, le président a répondu : « Je ne peux pas interdire aux camions de passer »

En revanche, le président a tenu à faire l'éloge de son bilan environnemental, résumé en quelques mots : « Nous développons une économie circulaire, nous réduisons ce qui ne peut pas être recyclable, et nous nous mettons dans une stratégie de sortie totale des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040 ». Ce qu'Emmanuel Macron a qualifié, sans ciller, de « véritable révolution ». A lire dans le Parisien.

 

Lancement tendu de l’Office français de la biodiversité

Depuis Chamonix, Emmanuel Macron a inauguré le nouvel Office français de la biodiversité (OFB), jeudi 13 février. Issu de la fusion entre l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et de l’Agence française de la biodiversité (AFB), l'OFB doit permettre de protéger la flore et la faune hexagonales. Mais avec quels moyens ? 

Sa principale mission : la police de l'environnement. L'OFB sera chargé, comme l'étaient ses prédécesseurs, de lutter contre le braconnage, les dépôts sauvages, la pollution des eaux, etc.

Mais, comme l'explique 20 Minutes, l'OFB doit aussi appliquer les politiques publiques relatives à l'eau et à la biodiversité, développer la recherche sur les espèces, mener des actions de sensibilisation, et faire vivre le réseau des gestionnaires d'aires protégées. Aires dont Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de les étendre à 30% du territoire national. 

Une multiplication de missions qui s'opère depuis plusieurs années en parallèle d'une « baisse tendancielle des moyens et des effectifs des établissements chargés de l’environnement [et] l’externalisation de nombreuses activités des services de l’ex-ONCFS et de l’ex-AFB », dénonce auprès de la Croix Véronique Caraco-Giordano, co-secrétaire nationale de la branche biodiversité du syndicat national de l’environnement (Sne-FSU). L'OFB devrait perdre 60 postes entre 2021 et 2022. 

L'ensemble des syndicats s'alarme également de la fusion au forceps réalisée entre deux agences aux pratiques et aux publics différents. « La désorganisation a gagné tous les services » explique encore à la Croix Eric Gourdin, secrétaire général d’UNSA-Écologie, qui n'a « jamais vu une telle aggravation des risques psycho-sociaux » depuis son entrée en fonction en 1992. Le 30 décembre 2019, un agent s'est suicidé dans son véhicule professionnel avec son arme de fonction. A lire dans la Croix.

Plus de 20°C en Antarctique 

Le thermomètre n'en finit plus de grimper en Antarctique, qui vient de dépasser pour la première fois les 20°C

Le 9 février, des scientifiques brésiliens ont mesuré une température de 20,75°C sur l'Île de Seymour, située au large de la péninsule Antarctique, face au sud de l'Argentine. Non-loin de là, le 6 février, le record de chaleur observé sur le continent avait également été battu : 18,3°C avait été relevés dans la base argentine Esperanza. « Nous constatons cette tendance au réchauffement dans plusieurs des sites que nous suivons, mais nous n'avons jamais rien vu de tel », a expliqué Carlos Schaefer, le scientifique brésilien qui a annoncé le record.

Le marqueur indique la position de l'Île Seymour.

Comme l'a rapporté le Guardian, son équipe considère que ces dernières anomalies de températures pourraient être dues à des modifications des courants marins et du phénomène El Niño« Les modifications climatiques dans l'atmosphère sont très liées aux changements dans le permafrost et les océans », explique encore Carlos SchaferLa température de la péninsule Antarctique a augmenté de près de 3°C en moyenne par rapport à celle de l'ère préindustrielle, trois fois plus que sur le reste du globe. A lire dans le Guardian (en anglais).

La carte scolaire de l'amiante

La page de l'amiante est loin d'être tournée. Selon des documents internes à l'Education nationale, la majorité des écoles, collèges et lycées français construits avant son interdiction contiendrait encore de l'amiante

C'est le résultat d'une vaste enquête, menée auprès de 20 000 établissements, soit un tiers de la carte scolaire française, sur laquelle Libération a mis la main. Parmi ceux bâtis avant 1997, année de l'interdiction, 80% des lycées professionnels, 77 % des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38 % des écoles contiendraient encore de l'amiante. 

On trouve encore cette fibre minérale, utilisée pour ses propriétés ignifuges, dans les faux plafonds, poutres en fer et tuyauteries.

© Libération

Libération a fait de ces données une carte interactive, sur laquelle est possible de savoir quels établissements ont réalisé leur diagnostic amiante, si sa présence y est attestée et si des travaux sont prévus. A lire dans Libération

Du plastique jetable réutilisable

Pour en finir avec le plastique jetable, il suffit d'écrire « réutilisable » dessus. C'est, sans blague, l'astuce trouvée par certains vendeurs de vaisselle en plastique à usage unique, produits interdits à la vente depuis le 1er janvier 2020. 

Le pot-au-rose a été révélé, jeudi 13 février, par l'association Zero waste France, qui a mené l'enquête dans la grande distribution. Les commerçants avaient pourtant été prévenus : l'interdiction est contenue dans la loi sur la transition énergétique de 2015, qui a laissé cinq ans aux fabricants et vendeurs pour écouler leurs stocks et changer leur catalogue.

© Florence Léchat-Tarery

Résultat : Franprix, Intermarché, ou Leader Price vendent toujours de la vaisselle en plastique jetable, qu'ils la présentent, ou non, comme réutilisable. Mention spéciale à Carrefour, qui fait figurer la mention « réutilisable – le produit résiste à 20 cycles en lave-vaisselle ». Une façon de se mettre en conformité avec un texte ministériel sans valeur juridique, qui stipule que la vaisselle est réutilisable si elle survit à 20 passages au lavage, selon Actu-Environnement

Manifestement, la grande distribution a utilisé ces cinq années pour trouver des manières de contourner la législation plutôt que pour changer ses pratiques. L'association Zero waste France demande désormais à Brune Poirson, la secrétaire d'Etat à l'écologie, de renforcer la définition de « l’usage unique » dans la réglementation et de sanctionner les entreprises contrevenantes. L'entourloupe ne devrait pas tenir très longtemps. A lire dans Actu-Environnement.

L'humanité survivra-t-elle a la fonte du permafrost ? 

La fonte des glaces, c'est aussi celle du permafrost, cet épais manteau qui couvre un cinquième de la surface terrestre. Le « pergélisol », comme on dit en français, renferme des stocks colossaux de carbone : à lui seul, le sol gelé de l'Arctique contiendrait entre 1500 à 1700 milliards de tonnes de CO2. 

Or, la hausse des températures conduit à faire fondre le permafrost, dont les gaz à effets de serre libérés réchaufferont le globe à leur tour. Dans cet épisode apocalypticomique, le Professeur Feuillage tente de répondre à cette inévitable question : l'humanité survivra-t-elle à la fonte du permafrost ?