La quotidienne

Engrais et en force

De nos usines, jusqu'à nos champs et nos chambres à coucher, les produits chimiques nous montent au nez.


Les incendies de l'été 2021 ont battu tous les records d'émissions de CO2

COFeux. Les feux qui ont dévasté l'Amérique du Nord, la Sibérie et la Méditerranée cet été ont rejeté des quantités inédites de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère.

Les images des incendies-monstres en provenance de Grèce ou de Californie sont encore imprimées sur nos rétines. L'été qui vient de s'achever fut hors norme en tout point. A l'échelle de la planète, il fut le plus chaud jamais mesuré : la température relevée entre juin et août s'est élevée de près d'un degré au-dessus de la moyenne des trente dernières années (Copernicus). La chaleur a rendu les forêts sèches et inflammables dans des proportions jamais observées.

Comme l'a dévoilé mardi Copernicus, programme européen de surveillance de la planète, les incendies ont battu tous les records. « Ce qui sort de l'ordinaire, c'est le nombre des incendies, la taille des zones brûlées, leur intensité et leur persistance », a expliqué Mark Parrington, expert au service de Copernicus dédié à l'observation de l'atmosphère.

© Copernicus / traduit par Vert

Résultat : ces incendies ont libéré du CO2 comme jamais auparavant. En juillet, 1 259 millions de tonnes (mégatonnes) stockées dans le sol et les végétaux ont été relâchées. Un record absolu, battu dès le mois suivant, avec 1 385 mégatonnes en août. Soit l'équivalent de trois années d'émissions de la France libérées chaque mois.

En Californie, ravagée par le plus important feu de son histoire – le Dixie Fire, et dans la république russe de Sakha, située au nord-est de la Sibérie, les émissions sont deux fois supérieures au précédent record, qui date seulement de 2020. En à peine deux mois, plus de 2,6 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 ont ainsi regagné l'atmosphère, aggravant encore un peu plus l'effet de serre à l'origine du réchauffement planétaire. A titre de comparaison, la totalité de l'humanité en a rejeté 36 gigatonnes en 2019.

Outre les émissions de CO2, les incendies ont créé d'importants épisodes de pollution atmosphérique dans l'hémisphère nord et ont détruit de vastes zones forestières, réservoirs de biodiversité et puits naturels de carbone.

· Mardi, à la tribune de l'assemblée générale des Nations Unies, le président chinois Xi Jinping a annoncé que son pays ne « construirai[t] plus de centrales à charbon à l'étranger ». Premier consommateur de charbon au monde, la Chine investit à tour de bras au travers de ses banques dans la construction de centrales en Asie et en Afrique (La Tribune). Malgré la bonne volonté affichée, en août dernier, la Chine a rouvert 15 de ses mines de charbon pour répondre à la reprise de l'économie (TV5 Monde). - Le Monde (AFP)

· Mardi encore, le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que la Turquie allait ratifier l'accord de Paris le mois prochain. Son pays l'avait signé en 2015, comme 194 autres, mais il ne l'avait jamais ratifié « en raison des injustices liées à la répartition des obligations et du partage du fardeau », a expliqué le dirigeant à la tribune de l'ONU. Outre la Turquie, l'Iran et l'Irak figurent parmi la poignée de pays qui n'ont toujours pas ratifié ce texte, qui vise à contenir le réchauffement à moins de 1,5°C d'ici la fin du siècle. - France Info

· Mardi toujours, le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) a condamné six opposant·e·s au projet Cigéo d'enfouissement de déchets nucléaires dans la Meuse, dont deux à des peines de prison ferme. Elles et ils ont notamment été reconnu·e·s coupables d'avoir organisé une manifestation non déclarée le 15 août 2017. Le chef d'« associations de malfaiteurs » n'a pas été retenu par les juges, une « victoire politique » pour l'un des avocats des prévenu·e·s. Dans ce dossier hors-norme, la police avait déployé des moyens d'écoute et de coercition colossaux pendant des années, comme l'avaient révélé Mediapart et Reporterre.

Le 21 septembre 2001, les dégâts collatéraux occasionnés par le souffle de l'explosion de l'usine AZF de fabrication d'engrais. © Ville de Toulouse

Il y a vingt ans, le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZF de Toulouse faisait 31 morts et 2 500 blessés. À l'origine de la plus grosse catastrophe industrielle française : un stock de 300 à 400 tonnes de nitrate d'ammonium, un engrais azoté chimique hautement inflammable, également à l'origine de la puissante déflagration survenue dans le port de Beyrouth l'an dernier (Libération). Pas question de l'interdire : en 2017, la France en a importé 332 694 tonnes, selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).

20 après AZF, le risque industriel menace toujours, notamment dans les sites dangereux classés Seveso, comme celui de Lubrizol situé à Rouen ; une usine de lubrifiants pour automobiles partie en fumée le 26 septembre 2019. Parmi les raisons de cet accident, les manquements des services de contrôle en raison du désengagement progressif de l'Etat. En 2018, seules 18 196 inspections avaient été réalisées sur les installations potentiellement à risque, classées pour la protection de l'environnement (ICPE), contre 30 000 inspections douze ans plus tôt, en 2006 (Actu-environnement).

Une vaste pétition européenne pour bannir les pesticides de l’UE

Une pétition qui fait le bzzz. Déjà signée par 800 000 personnes, l’Initiative citoyenne européenne (ICE) « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » veut contraindre Bruxelles à éliminer les pesticides et à promouvoir des méthodes agroécologiques.  

Afin de préserver la biodiversité et la santé des agriculteur·rice·s et des habitant·e·s, quelque 140 associations écologistes veulent inciter l’Union européenne (UE) à réduire de 80% l’usage des pesticides en 2030, puis à les éliminer complètement dès 2035. Pour cela, elles ont lancé une Initiative citoyenne européenne : si une pétition est soutenue par un million de citoyen·ne·s en provenance d’au moins sept pays de l’UE, la Commission européenne est poussée à proposer de nouvelles réglementations sur le sujet.  

Alors que plusieurs pesticides utilisés dans l’UE sont présumés cancérigènes et toxiques pour la reproduction, une étude publiée mardi par les associations de l’ICE montre une nouvelle fois l’exposition généralisée des habitant·e·s à ces produits. Des échantillons ont été prélevés dans 21 pays de l’Union. Ils ont tous révélé des traces d’au moins un des 30 pesticides recherchés. Au total, 450 substances sont autorisées dans l’Union européenne. Originalité de l’étude : les tests ont été réalisés dans les chambres à coucher d’habitations situées en zone rurale. La preuve, selon les associations, de la dérive des pesticides – cette capacité qu’ils ont à s’évaporer, à être transportés au gré des vents sur plusieurs kilomètres et à s’inviter jusque dans nos maisons.  

L’ICE, qui a déjà recueilli 800 000 signatures, veut « inciter la Commission européenne à décliner l’objectif européen qu’elle s’est fixé en mai 2020, de réduire de 50% l’utilisation de pesticides en 2030, afin que les Etats membres le transcrivent dans leur loi, et prévoient un plan de sortie complète des pesticides à moyen terme », indique à Vert Madeleine Coste, chargée de plaidoyer chez Slow Food Europe. Il reste une semaine - jusqu'au 30 septembre - pour atteindre le million nécessaire. La pétition est accessible en cliquant ici.

La petite maison dans l'effondrement

Dans les Pyrénées, une ferme gérée collectivement tente d'approcher l'autonomie dans un maximum de domaines : énergie, alimentation, etc. Parmi ses habitant·e·s, l'auteur Clément Ozé, qui a raconté cette expérience sociale, écologique et politique dans le livre De la neige pour Suzanne (lire notre chronique). Dans cette vidéo de Brut, il nous propose un tour des bonnes idées et raconte certains des défis posés aux résident·e·s de la ferme.

© Brut