La planète a un très bon avocat, et celui-ci est à la tête des Nations Unies. Lundi, à l'ouverture de la COP25 à Madrid, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a prononcé un vibrant plaidoyer en faveur d'une action rapide pour limiter le réchauffement climatique.
« Nous n'avons pas de temps à perdre », a déclaré le Portugais devant les représentants des près de 200 pays signataires de l'accord de Paris, en déplorant le manque de « volonté politique ». « Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas d'une approche progressive, mais transformationnelle. Il faut un changement rapide et profond dans la manière dont nous menons nos activités, produisons de l'énergie, construisons les villes, nous déplaçons et nous nourrissons. » Le secrétaire général a rappelé la nécessité d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Il a plaidé la fin des subventions aux énergies fossiles (le charbon en particulier), et a proposé de « taxer la pollution plutôt que les gens ».
Pour Antonio Guterres, il y a deux voies possibles : celle de la « capitulation » et celle de « l'espoir », comme l'a rapporté le site ONU Info. « D'ici la fin de la décennie à venir, nous serons sur l'un des deux chemins ». « Si nous ne changeons pas notre mode de vie de toute urgence, nous mettons en péril la vie elle-même », a encore prédit le secrétaire général.
« Les signaux d'espoir se multiplient », a toutefois noté Antonio Guterres. « L'opinion publique se réveille partout. Les jeunes font montre d'un leadership et d'une mobilisation remarquables ». Gageons que les Etats présents sauront prendre la relève de leur jeunesse.
Les pays insulaires en première ligne
Cette première journée a été l'occasion d'entendre la voix des oubliés de la lutte contre le réchauffement climatique, pourtant en première ligne : les Etats insulaires, menacés directement par la montée des eaux. « Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort », a déclaré Hilda Heine, la présidente des Iles Marshall, comme l'a noté l'AFP. Selon les scénarios, les mers pourraient s'élever entre 1 et 3 mètres d'ici à 2100. De quoi engloutir de nombreuses îles du Pacifique et d'ailleurs.
« Nous considérons que [ces discussions] sont la dernière occasion de prendre des mesures décisives », a expliqué au Guardian Janine Felson, vice-présidente de l'AOSIS, l'alliance des petits Etats insulaires. « Les effets [du réchauffement] sont réels pour les gens qui vivent dans les petites îles. Il n'y a pas de raison que cela devienne notre destin ou notre héritage » a ajouté celle qui représente 44 Etats.
« Pendant un mois, nous avons vu avec horreur l'Australie, notre cousine du Pacifique, regarder son pays brûler, à cause d'une crise climatique dont nous sommes responsables », a dit pour sa part Clarence Samuel, négociateur en chef pour les Îles Marshall. Pour lui, « personne n'est à l'abri ».
Les millions de déplacés de la crise climatique
Personne n'est à l'abri, et surtout pas les pays les plus pauvres. Selon l'ONG Oxfam, qui publie un rapport ce mardi 3 décembre, chaque année, 20 millions de personnes sont obligées de fuir leur foyer à cause de catastrophes imputables au réchauffement climatique. Sept des dix pays les plus touchés sont des Etats insulaires en développement et 80% des personnes déplacées au cours de la dernière décennie vivent en Asie, a relevé Oxfam.
Autre enseignement de ce rapport : ces dernières années, les catastrophes liées au climat ayant entraîné des déplacements internes de population augmentent de manière exponentielle. En 2012, Oxfam en comptait 188, contre 1518 en 2018.
Les pays pauvres sont largement plus exposés aux effets du réchauffement climatique alors même qu'ils en sont bien moins responsables. Les 68 Etats qui se sont engagés à augmenter leurs efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2020 ne sont responsables que de 8% des émissions mondiales. De leur côté, les pays du G20, qui produisent 80% du CO2 planétaire, n'ont pas encore manifesté leur volonté d'en faire de même. La solidarité sera à l'ordre du jour de cette nouvelle COP, alors que le mécanisme d'indemnisation des pertes et préjudices imputables à la crise climatique doit y être rediscuté.
Un Green deal européen
Le contenu de ce paquet de mesures ne sera connu que d'ici une dizaine de jours, comme l'explique Actu environnement. L'objectif sera d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et la réduction des gaz à effet de serre à -50% au moins d'ici 2030 contre -40% aujourd'hui.
Parmi les nouveautés attendues de ce Green deal : le plafonnement des émissions de carbone dans l'UE, l'instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe, ou la création d'un fonds pour la transition à destination des Etats-membres.
Responsable connu de retards de développement chez les enfants, de troubles autistiques, de déficit de l'attention et d'hyperactivité, à l'origine de millions de points de QI perdus en Europe, le Chlorpyrifos a tout pour lui. Hélas, la Commission européenne cherche à faire interdire ce pesticide en Europe. Ses fabricants refusent de baisser les bras pour autant.
Dénigrer les « militants » (chercheurs et ONG), faire du chantage à la productivité... Dans une enquête fouillée, le Monde (édition abonnés) raconte les dessous de la bataille menée par les lobbyistes de l'industrie chimique qui font feu de tout bois pour sauver leur produit.
Good luck. 350 chercheurs sur le climat comptent sur Boris Johnson, premier ministre britannique, pour faire changer d'avis Donald Trump sur le réchauffement climatique. Le président des Etats-Unis doit se rendre à Londres cette semaine. Dans une lettre ouverte que raconte le Guardian, les scientifiques pressent Boris Johnson de « contester son approche irresponsable du changement climatique et de tenter de le persuader de prendre des mesures […] fortes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de rejoindre l'action internationale commune, y compris l'accord de Paris », que les Etats-Unis sont en train de quitter.
La tentative semble quelque peu désespérée, alors que Boris Johnson ne passe pas pour un convaincu lui-même. Il a par exemple refusé de participer au premier débat électoral télévisé sur le climat la semaine dernière.
De son côté, fidèle à lui-même, Donald Trump s'est choisi un nouveau ministre de l'Energie à sa hauteur. La nomination de Dan Brouillette, ancien lobbyiste de Ford, a été validée ce lundi par le Sénat américain. Si ce dernier convient que le réchauffement est « une chose sur laquelle on doit travailler », il fait partie de ceux qui considèrent que celui-ci n'est pas une menace, comme l'a relaté le New York Times.
Bref, voilà qui ressemble surtout à une fausse bonne idée.
« Donc ils savaient ». Et ils ont tout mis sous le tapis. Auditionné devant la chambre des représentants des Etats-Unis par l'élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, un ancien chercheur d'ExxonMobil n'a pas cherché à faire semblant.
« Nous étions d'excellents scientifiques », s'amuse Martin Hoffert, ancien consultant du géant pétrolier, lorsque la démocrate lui présente un document interne daté de 1982, qui prédisait avec une précision prophétique, l'ampleur du réchauffement climatique à venir.
ExxonMobil est au cœur d'un vaste scandale aux Etats-Unis. Le pétrolier est accusé d'avoir détenu les preuves du réchauffement climatique dès le début des années 1980 et d'avoir cherché à les cacher. ExxonMobil a également financé de nombreuses campagnes de désinformation dans la presse à travers la planète, comme le raconte le Monde (édition abonnés).