Black Friday, Black Finance

Banques fossiles

Par leurs investissements dans les énergies fossiles, les banques françaises contribuent encore trop largement au réchauffement climatique. Le constat émane d'un rapport, réalisé par les ONG Oxfam et les Amis de la Terre, à paraître ce jeudi 28 novembre. Le Monde en publie les principaux enseignements. 

Les deux associations ont mis le nez dans les investissements réalisés à l'étranger dans le pétrole, le gaz ou le charbon, par les principaux établissements bancaires. Par de savants calculs, ils en ont déduit leur empreinte carbone, qu'ils qualifient de « colossale »

« En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissements des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société Générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », indique le rapport. Parmi les mauvais exemples des pratiques qui ont encore cours : BNP Paribas finance toujours les allemands de RWE, leplus gros pollueur privé européen

Si certains ont promis de faire cesser dans les années à venir, par exemple, les investissements dans le charbon, le bonnet d'âne en revient à la Société générale qui n'a pris à peu près aucun engagement. Son président, Frédéric Oudéa n'est d'ailleurs pas du tout d'accord avec les conclusions du rapport des ONG. « Les banques françaises sont les premières du monde » à investir dans la transition énergétique, a-t-il déclaré sur Europe 1

A la veille du Climate Finance day, un raout qui rassemble acteurs économiques et financiers et auquel participera Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, les ONG pressent l'Etat de prendre des mesures contraignantes. « C'est clair que les banques ont une très grande responsabilité dans les investissements qu'elles font […] Il faut que les banques prennent des engagements pour orienter leurs investissements vers des investissements favorables à la transition énergétique », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, toujours sur Europe 1. Quant à savoir si l'Etat compte légiférer à ce sujet, la ministre s'est dite « sûre que les banques auront à cœur de prendre des nouveaux engagements ».

Panache de plomb

Par où est passé le nuage de fumée issu de l'incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 ? Grâce à un travail de modélisation, l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France, aidée de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineiris) a retracé le trajet effectué par le panache chargé, à des niveaux divers, en particules de plomb.

Et ce nuage-ci ne s'est pas arrêté aux frontières de Paris. Comme on peut le voir dans la carte interactive publiée mercredi 27 novembre par l'ARS, le panache a parcouru plus de 50km à l'Ouest pour atteindre la station Airparif de Limay, dans les Yvelines. 

Les niveaux de plomb mesurés à cet endroit-là se sont révélés très bas. Toute la difficulté, et c'est l'objectif de cette étude, est d'évaluer les zones de retombées du plomb potentiellement présent dans le panache de fumée pour permettre l'élaboration d'un plan de prélèvement et de surveillance. C'est ce qu'explique le rapport technique, publié par l'Ineiris, qui accompagne cette modélisation. 

Selon ce rapport, l'essentiel des 450 tonnes de plomb de la flèche de Notre-Dame est retombé dans les abords immédiats de la cathédrale, où de très nombreux prélèvements ont été effectués. En revanche, les observations faites plus à l'Ouest sont complétées par des simulations et « des incertitudes importantes existent sur les quantités de plomb ainsi dispersées »sur le trajet du nuage, explique encore l'Ineiris. L'institut a donc élaboré trois « scénarios » de retombées des particules, qui devront désormais être explorés. 
 

Arrestations, rébellion

Au Royaume-Uni, les poursuites judiciaires engagées contre une centaine de membres d'Extinction Rebellion ont été classées. A la mi-octobre, lors de son « soulèvement d'automne », le mouvement écologiste s'était vu opposer une interdiction de manifester à Londres par la police. Celle-ci avait accusé le mouvement de causer des « perturbations graves ». Environ 1800 militants avaient été arrêtés et détenus dans ce cadre. Puis, le 6 novembre, la justice avait jugé « illégal » l'ordre d'interdiction prononcé par la police. 

Désormais, c'est le Crown Prosecution Service, le parquet britannique, qui annonce l'abandon des poursuites contre 105 membres du mouvement. Ouvrant encore un peu plus la voie à la multiplication de plaintes pour « détention illégale » de la part des centaines de militants arrêtés en octobre. Plus d'informations dans le Guardian

Est-il déjà trop tard ? Dans un article paru dans la revue Nature, qu'a relevé le Guardiandes scientifiques considèrent que le monde aurait peut-être déjà passé plusieurs « points de bascule » climatiques

Un point de bascule, c'est une frontière invisible qui, quand elle est franchie, entraîne des dérèglements en chaîne irréversibles. Par exemple, quand la population d'une espèce animale passe sous un certain seuil, elle entraîne avec elle la déstabilisation de toutes les autres espèces de son écosystème. Ou, à plus grande échelle, la fonte du permafrost en Sibérie pourrait entraîner un emballement irréversible du réchauffement climatique, ce qui, à son tour, aurait des effets en série sur d'autres systèmes, comme la fonte de la mer de glace arctique, etc.

Les auteurs de cet article conviennent que la science du point de bascule (« tipping point ») est entourée de beaucoup d'incertitudes. Mais, disent-ils, les dégâts potentiels du franchissement de ces points de bascule sont si grands et le temps qu'il reste pour agir est si court que « flirter avec le danger n'est pas une option responsable ». Face à une « menace existentielle pour la civilisation », les chercheurs appellent à une action internationale urgente.

Si la finance investit toujours dans les énergies fossiles, qu'en est-il des fournisseurs d'électricité ? L'ONG Greenpeace apporte quelques réponses en publiant son classement annuel des fournisseurs d'électricité

Enercoop, créée par Greenpeace et d'autres associations, se hisse sans surprise en première position au même titre que Planète Oui : depuis peu, 100% de l'électricité distribuée par ce fournisseur provient d'énergies renouvelables.

En bas du classement, on trouve Engie (ex-Gaz de France) et Total Direct Energie, dont 75% de la production est issue d'énergies fossiles ou du nucléaire. Total, largement financée par les banques françaises comme la Société générale : la boucle est bouclée.

Que faire de ces centaines d'hectares de plaines aux sols pollués dans le Val d'Oise ? Plutôt que de lancer un énième projet immobilier et commercial, une ample forêt de 1350 hectares sera bientôt plantée sur le territoire de la commune de Méry-sur-Oise. Le plus grand projet de ce type depuis 400 ans, nous dit France 2. Un million d'arbres doivent être ainsi replantés dans la décennie qui vient.