Agent orange et billets verts

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L' « agent orange » en procès

David contre Goliath. Lundi, le tribunal de grande instance d'Evry (Essonne) a examiné la plainte de Tran To Nga, 79 ans, contre quatorze géants de l'agrochimie impliqués dans la fabrication et la commercialisation du tragique herbicide.

Cette franco-vietnamienne résidait au Vietnam lorsque, entre 1961 et 1971, l'armée américaine a déversé quelque 80 millions de litres d'un puissant défoliant sur les forêts du pays. La mission de l'« agent orange » : détruire la végétation pour démasquer les combattants communistes vietcongs. Le drame environnemental et sanitaire qui s'en est suivi a donné naissance au concept d'écocide (plus de détails sur France info). Il fait l'objet, quarante ans plus tard, d'un procès « historique », selon les associations environnementales.

© Flickr / Dick Swanson

Selon la juriste Valérie Cabanes, interrogée par Reporterre, c'est la première fois que, dans un cas de crime international, la responsabilité des entreprises est recherchée et non celle des politiques. En cas de reconnaissance de l'implication des firmes dans les pathologies développées par Tran To Nga (cancer du sein, diabète, tuberculose…), la jurisprudence pourrait profiter à des milliers de victimes. Celles, notamment, du chlordécone dans les Antilles ou encore du glyphosate.

Parmi les quatorze entreprises présentes à l'audience du 25 janvier, on trouve les inénarrables Dow Chemical ou Bayer-Monsanto. Défendues par une vingtaine d'avocats, celles-ci ont argué qu'elles avaient agi sur l'ordre de l’État américain et qu'elles devaient à ce titre bénéficier de l'immunité de juridiction. L'accusation estime au contraire que ces multinationales « souveraines dans leur capacité de production » ont répondu « à un appel d'offres ». La décision sera rendue le 10 mai.

• La crise du Covid a creusé l'écart entre riches et pauvres de façon inéditepointe l'association Oxfam dans son rapport annuel sur les inégalités mondiales. Les dix hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune totale augmenter de plus de 500 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Celle du Français Bernard Arnault a ainsi augmenté de 44 milliards d’euros, soit un bond de 41%. Dans le même temps, un million de Français•es seraient tombé•e•s dans la pauvreté en 2020. Or, moins de 1% du plan de relance est dédié à la lutte contre la pauvreté. - Oxfam

• Les députés examinent une proposition de loi contre la maltraitance des animaux domestiques et sauvages, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à vendredi. Elle est défendue par les élus La République en marche. Pour les professionnels du cirque, il s'agit du « coup de grâce » de l'interdiction progressive des animaux sauvages dans les établissements itinérants. Le parti animaliste pointe un « effet d'annonce » alors que ni la chasse, ni l'élevage ne sont abordés. - 20 Minutes

38%

En 2020, pour la première fois, les renouvelables ont constitué la première source d'électricité en Europe, selon Bloomberg Green. Le solaire, l'hydraulique et l’éolien ont fourni 38 % de l’électricité des 27 États membres, contre 34 % en 2019. Le gaz et le charbon représentent 37 % et le solde (25 %) provient du nucléaire.

Le scandale des aires marines protégées

Protection rapiécée. Face à l'effondrement de la biodiversité marine, l’État répond par l'instauration d'aires marines, qui n'ont de « protégées » que le nom.

Le 18 janvier dernier, le gouvernement publiait sa stratégie pour les aires protégées. Objectif : classer 30% du territoire, dont 10 % en protection renforcée. Avec déjà 23,5% des mers tricolores « protégées », le défi semble bien engagé. En apparence, seulement.

D'une part l'Observatoire national de la biodiversité estime que seulement 6% des habitats marins et côtiers sont dans un état de conservation favorable en France. D'autre part, le CNRS, qui diffusera en février une étude sur le sujet, pointe que seulement 1,6% de l'espace maritime français bénéficie d’un statut de protection intégrale ou haute « qui sont les deux niveaux permettant de réduire au mieux les impacts humains sur la biodiversité ». Et 80% de cette protection est concentrée dans un seul territoire : les terres australes et antarctiques françaises. « En métropole les niveaux de protection sont extrêmement faibles », constate le centre de recherche.

 Archipel des Glénan dans le Golfe de Gascogne © Flickr / ines s.

Lundi, l'association France Nature Environnement a diffusé les résultats d'une étude menée depuis 2015 sur les aires protégées du Golfe de Gascogne. Résultat : la pêche y est presque aussi intensive et destructrice qu'ailleurs. « En 2018, on évalue à plus de 174 000 le nombre d’heures de pêches destructrices dans ces aires protégées, contre 235 000 en dehors », pointe l'association. Alors que ces aires ont été spécifiquement créées pour préserver plusieurs espèces et habitats des méthodes de pêche non sélectives, telles que le chalut pélagique ou les filets maillants, l'association pointe leur persistance au sein des zones protégées, ainsi que la présence de chaluts de fond et de pêche à la drague qui raclent les fonds marins.

Pour être autorisée au sein d'une aire marine protégée, une activité doit d'abord avoir fait l'objet d'une évaluation mais la plupart n'ont pas été réalisées. Interpellée par les associations environnementales, la France s'engage dans sa stratégie pour les aires marines protégées à lancer ces évaluations mais selon France Nature Environnement la tâche a été confiée... aux comités de pêche.

Un autre e-commerce est possible

Des démarques qui se démarquent. Pour chiner en ligne ou se défaire des cadeaux reçus à Noël, Emmaüs vient de lancer Trëmma : une alternative éthique et solidaire à Vinted ou Leboncoin. 

L'association caritative, dont les activités de revente et de réemploi occupent près de 18 000 personnes, déplore depuis quelques années une diminution du « réflexe Emmaüs » en particulier chez les jeunes, plus connectés et accoutumés aux applications de vente en ligne telles que Leboncoin ou Vinted. Pour (re)gagner leur intérêt, Emmaüs s'est installé sur le web avec sa boutique Label Emmaüs et une interface de dons de vêtements et d'autres objets : Trëmma, lancée ce lundi. 

Inaugurée en 2016, la boutique Label Emmaüs ne proposait jusqu'à présent que des objets sélectionnés par des acteurs du mouvement Emmaüs dans les espaces de vente physiques. Depuis hier, Trëmma permet à n'importe quel particulier de proposer ses objets en ligne. Le produit de la vente sera reversé à un projet de solidarité choisi par le donateur. L'association espère ainsi récolter un million d’euros de dons en ligne dans les trois prochaines années.

Label Emmaüs revendique déjà un catalogue en ligne de plus d'un million de produits d'occasion et « la réinsertion de 300 personnes en situation d'exclusion ». Plus d'informations sur France Inter.

Racisme, violences policières : quel rapport avec l'écologie ?

Relayer des informations concernant des faits de racisme ou de violence à l'égard de manifestant•e•s est-il hors sujet sur un média traitant d'écologie ? Nos confrères belges du Biais vert font le point sur la question après avoir essuyé des reproches de certain•e•s lecteur•rice•s, qui estimaient ces sujets trop éloignés de leur vision de l'écologie. « Nous considérons l'écologie comme un combat pour le vivant dans son ensemble, pour des conditions de vie plus justes dans un monde habitable. Notre écologie est donc nécessairement solidaire, sociale et en lutte contre les injustices dont le racisme fait partie », répond Félicien Bogaerts dans cette vidéo.

©Le biais Vert