5G, budget : pas gégé


Un numéro où l’on verra que le gouvernement adore écouter mais refuse d’entendre.  

Budget 2021 : le vert à moitié vide

Un vert bien pâlot. Seule une maigre part des 488,4 milliards d’euros du budget 2021, présenté lundi, est censée concourir à l’« accélération » de la transition écologique. Et ce n'est pas tout.

Sortez les calculettes ! Sur les 30 milliards d'euros – au total - dédiés à la transition écologique dans ce projet de loi de finance pour 2021, le gouvernement fait valoir « un effort sans précédent » en faveur des énergies renouvelables (6,9 milliards d’euros en 2021 contre 5,4 milliards en 2020) et du logement (16,2 milliards). Le ministère de Barbara Pompili devrait profiter d’une augmentation de son budget de 800 millions d’euros, voire 1,2 milliard si l'on compte les sommes affectées à la rénovation des logements, souligne Le Monde. La prévention des risques naturels mobilisera 205 millions d’euros, contre 137 millions en 2020, la protection des aires protégées et de la biodiversité hérite de 35 millions d’euros, comme le souligne Reporterre.

Mais ces sommes, pour la plupart en hausse, se conjuguent avec une suppression de près de 1 000 postes. Et ce n'est pas la première fois que le ministère doit se serrer la ceinture : un rapport du Sénat montre que la baisse d'effectifs au ministère de la Transition écologique est constante depuis au moins cinq ans.

Bruno Le Maire, lors de la présentation du budget 2021 © Capture d'écran

Pour la première fois, le gouvernement affirme avoir évalué les impacts écologiques de chacune de ces dépenses. Selon ses chiffres, 38,1 milliards d'euros sont jugés « favorables », soit à peine 8% du total, tandis que la part « défavorables » est inférieure à 10 milliards d'euros et que plus de 90% des sommes sont « neutres ». Or, investir dans le « vert » n’a de sens que si l’on n’investit pas dans le « brun », avertissait le Haut Conseil pour le climat dans son rapport annuel de juillet

Un avertissement que les associations écologistes reprennent aujourd'hui à leur compte : dans un communiqué du Réseau action climat, elles dénoncent notamment le maintien des subventions aux énergies fossiles et des aides aux grandes entreprises sans contreparties écologiques et sociales, rendant la « transition écologique plus lointaine et floue que jamais ». Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

• Lundi 28 septembre, Total a annoncé son départ du bassin de Foz do Amazonas au Brésil où le pétrolier menait un projet d'exploration controver, notamment en raison de la présence d'un massif corallien à proximité des zones de forage. Le récif n'est pas sauvé pour autant puisque la major française a cédé ses parts au brésilien Petrobras - Geo

• La compagnie aérienne Transavia annonce l'ouverture de cinq nouvelles lignes intérieures en France. Trahissant ainsi les promesses environnementales de sa maison-mère, Air France qui s'est vue accorder en avril une aide de l'Etat de 7 milliards d'euros en échange d'une réduction de 50% des émissions de CO2 de ses vols métropolitains d’ici fin 2024 – Pour un réveil écologique

• Un journaliste et défenseur de l'environnement a été assassiné au Honduras, a révélé lundi le bureau du Haut-commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme dans ce pays. Luis Almendares, 35 ans, était journaliste indépendant sur internet et se montrait critique envers son gouvernement. Sa mort, dimanche 27 septembre, a porté à 85 le nombre de journalistes assassinés depuis 2001 au Honduras, et 90% de ces crimes sont restés impunis, a dénoncé la directrice de l'ONG Comité pour la libre expression – Le Figaro (AFP)

5G pas gégé

Principe d'imprécaution ? L’État a lancé ce mardi les enchères pour l’attribution des fréquences 5G, sans attendre le rapport d’évaluation des risques sanitaires et alors que de nombreux•euses élu•e•s ainsi que la Convention citoyenne pour le climat demandaient un moratoire.

C'est qu'il y avait urgence, nous explique le gouvernement par la voix de son secrétaire d’État chargé de la Transition numérique Cédric O. Selon lui, le déploiement de la 5G - qui s'ajoutera à la 4G sans la remplacer - est « indispensable à la compétitivité de la France » alors que les autres puissances économiques ont déjà pris le train en marche.

Cédric O, sur Europe 1 © Capture d'écran

En offrant une bande passante plus importante que la 4G, elle permettra en effet un meilleur débit dans la transmission des données, au moins dix fois supérieur à aujourd'hui, explique Le Monde. Avec elle, s'ouvre la perspective d'un monde nouveau : celui de l’Internet des objets, c'est à dire la communication entre eux d'objets devenus « intelligents ».

Malgré ces promesses, l'hystérie a fini par gagner le débat public. Le Monde a pris le temps de démonter avec précision la myriade d'idées fausses qui entourent la 5G. Mais de réelles incertitudes persistent, émises parfois directement par des membres du gouvernement. Trois mois plus tôt, rappelle le quotidien, les ministres Elisabeth Borne (alors à l'écologie) et Olivier Véran (santé), demandaient encore à Edouard Philippe d'attendre le rapport d’évaluation des risques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prévu pour le premier trimestre 2021 avant de lancer la 5G. Dans son rapport intermédiaire publié fin janvier, l’Anses concluait à l’impossibilité d’évaluer les risques inhérents à la 5G en raison d’« un manque important, voire à une absence, de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels ».

Mais la fronde vient surtout des écologistes qui, comme le rappelle Libération, craignent un « effet rebond », à savoir que les gains d’efficacité énergétique attendus par le passage à la 5G soient annihilés par l’accroissement des usages qui en découlera. La consommation de données croît déjà à un rythme de 40 % par an. Le groupe de réflexion The Shift Project estime ainsi que la consommation d’énergie des opérateurs mobiles sera multipliée par 2,5 à 3 dans les cinq ans, soit une augmentation de 2 % de la consommation en électricité du pays.

Son développement devrait enfin stimuler fortement la croissance des objets connectés alourdissant mécaniquement l’empreinte carbone du numérique. Et pour les consommateurs, le passage à cette nouvelle fréquence impliquera, pour commencer, de changer de smartphone. Pas gégé. 

Morceaux de(s) bois

Les mélodies de forêt. Dédié aux connexions entre art et nature, le Timber Festival n'a pas pu avoir lieu cette année pour cause de Covid. Mais à la place, ses organisateur•rice•s britanniques se sont lancé•e•s dans la constitution de la première carte sonore des forêts du monde.

On peut déjà entendre ici les mélodies livrées par plusieurs centaines de bois et forêts aux quatre coins du monde. La collecte continue et le Timber Festival invite tous les internautes à recueillir des sons à proximité de chez elles et eux.

Le Timber festival propose un tour du monde sonore des forêts © Timber Festival

Les enregistrements constitueront une librairie en accès libre, que chacun pourra utiliser. Le Timber Festival prévoit de demander à des artistes de « répondre » à ces sons et le résultat de leur travail sera présenté lors de l'édition 2021 du festival, qui se tiendra, en principe, du 2 au 4 juillet 2021. Plus d'informations sur le site du Timber Festival (en anglais).

Bio-graphie

Denis Pommier est viticulteur bio en Bourgogne. Il signe avec le journaliste Antonio Rodriguez un livre autobiographique intitulé « Dans les larmes de ma vigne : si le bio pouvait parler », dans lequel il détaille sa nécessité, mais aussi ses difficultés à se passer de pesticides. Thomas Sotto l'a interviewé pour RTL.

© RTL