Le pédago

Sobriété ne veut pas dire « austérité »

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Gants bon­nets et bon­nets gants ? La sobriété est sur toutes les lèvres, mais la déf­i­ni­tion qu’en a le gou­verne­ment dif­fère sen­si­ble­ment de celle des sci­en­tifiques.

Dans son dernier rap­port, le Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec) men­tionne pour la pre­mière fois la sobriété par­mi les levi­er d’atténuation du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Elle est définie comme « un ensem­ble de mesures et de pra­tiques quo­ti­di­ennes qui per­me­t­tent d’éviter la demande d’énergie, de matéri­aux, de ter­res et d’eau tout en assur­ant le bien-être de tous les êtres humains dans les lim­ites de la planète. »

Une déf­i­ni­tion bien loin des petits gestes réclamés par le gou­verne­ment afin de réduire de 10% notre con­som­ma­tion cet hiv­er afin d’éviter la rup­ture d’approvisionnement en pleine crise avec la Russie. Par­mi ceux-ci : baiss­er le chauffage à 19 degrés ou étein­dre les lumières la nuit…

En out­re, « en France, on ne par­le que de sobriété énergé­tique alors que cette notion con­cerne toutes les ressources naturelles », explique à Vert Yam­i­na Saheb, doc­teure en économie et autrice du Giec. Pour elle, « les mesures actuelles ne déclencheront pas les change­ments struc­turels néces­saires » pour ne pas dépass­er les lim­ites plané­taires. Avant d’énumérer des propo­si­tions comme la tax­a­tion des super­prof­its, l’interdiction des SUV, l’instauration de la semaine de qua­tre jours de tra­vail, ou la lutte con­tre l’obsolescence pro­gram­mée.

Selon les spé­cial­istes de l’én­ergie de l’association négaWatt, si des efforts entre­pris dans le secteur du bâti­ment, des trans­ports, de l’industrie et de l’agriculture, per­me­t­traient de réduire de 13 % notre con­som­ma­tion de gaz, d’électricité et de pét­role d’ici deux ans, « la ges­tion à court terme de la crise doit s’articuler avec la mise en œuvre de poli­tiques struc­turantes de sobriété à moyen terme : investisse­ments dans les infra­struc­tures, for­ma­tion… »

À manier la sobriété comme il le fait, l’exécutif risque de nous faire « con­fon­dre austérité et sobriété » en faisant peser iné­gale­ment le poids des efforts sur les plus démuni·es, estime Yam­i­na Saheb.