Dans l'actu

Le Qatar choisit TotalEnergies pour développer le plus grand champ gazier du monde

  • Par

C’est la Qata®. Le géant Total­En­er­gies sera le pre­mier parte­naire du Qatar dans son pro­jet North field east (NFE) : le futur plus grand champ gazier au monde. Une exploita­tion qui aug­mentera de 60 % la pro­duc­tion de gaz du Qatar, alors que l’émirat en est déjà un des plus gros pro­duc­teurs, et qui con­stituera une nou­velle « bombe cli­ma­tique ».

Rien n’arrête plus Total­En­er­gies. Dimanche, la major française a annon­cé avoir signé un accord avec le Qatar pour exploiter le gise­ment off­shore North field dans le Golfe per­sique, aux côtés de la com­pag­nie nationale QatarEn­er­gy. À cheval entre les eaux de l’émirat qatari et de l’Iran, ce champ de gaz naturel, qui représente env­i­ron 10 % des réserves plané­taires con­nues, est le plus grand du monde. Si la major française est la pre­mière parte­naire du pro­jet, elle sera bien­tôt rejointe par d’autres géants pétrogaziers, selon le min­istre qatari de l’énergie (et PDG de QatarEn­er­gy), Saad Sheri­da Al-Kaabi. À la fin, Total­En­er­gies détien­dra 6,25 % du pro­jet.

Patrick Pouyan­né et Saad Sheri­da al-Kaabi, le min­istre qatari de l’én­ergie et PDG de QatarEn­er­gy, lors de la sig­na­ture du con­trat avec Total­En­er­gies, à Doha, le 12 juin. © Karim Jaa­far / AFP

Le pro­jet North field east per­me­t­tra au Qatar d’augmenter sa pro­duc­tion de gaz de 60 %, une hausse con­sid­érable puisque le pays est déjà le cinquième pro­duc­teur mon­di­al. Les pro­jets de pro­duc­tion de gaz naturel liqué­fié (GNL), qui per­met l’acheminement de gaz par bateaux méthaniers, sont par­ti­c­ulière­ment plébisc­ités ces derniers mois, par exem­ple aux États-Unis. Pour cer­tains, ils con­stituent une alter­na­tive au gaz russe dans le con­texte de la guerre en Ukraine. Or, le GNL est par­ti­c­ulière­ment émet­teur de CO2 — 2,5 fois plus que le gaz « clas­sique » selon Car­bone 4, notam­ment en rai­son de son trans­port et de son main­tien à froid.

« C’est une bonne nou­velle pour la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique », a assuré Patrick Pouyan­né, PDG de Total­En­er­gies, qui promeut le gaz « naturel » comme une énergie de tran­si­tion afin de per­me­t­tre à cer­tains pays de sor­tir du char­bon — la source de pro­duc­tion d’électricité la plus émet­trice de CO2. Pour­tant, l’Agence inter­na­tionale de l’énergie et le Giec (Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat) ont maintes fois rap­pelé qu’il faut aban­don­ner tout nou­veau pro­jet pétrogazier si l’on souhaite con­tenir le réchauf­fe­ment cli­ma­tique au niveau de l’Accord de Paris, c’est-à-dire à +1,5 °C par rap­port à l’ère préin­dus­trielle.

Dans une récente enquête du Guardian, le North field est d’ailleurs con­sid­éré comme la plus grosse « bombe cli­ma­tique » du monde, selon le nom don­né aux pro­jets pétrogaziers respon­s­ables de plus d’un mil­liard de tonnes de CO2 au cours de leur exploita­tion. Rien de moins.

Ce con­trat est présen­té comme une oppor­tu­nité pour la France de se détourn­er de sa dépen­dance aux fos­siles russ­es — quitte à sauter à pieds joints avec le Qatar, peu respectueux lui aus­si des droits humains. Patrick Pouyan­né s’est réjoui sur Twit­ter : « C’est un jour his­torique pour Total­En­er­gies au Qatar. Ce nou­veau parte­nar­i­at con­tribuera à la sécu­rité énergé­tique de l’Europe ». À quel prix ?