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L’Antarctique est en proie à une vague de chaleur inédite

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Poussée de la fonte. Ce week-end, les dif­férentes sta­tions météo du con­ti­nent de glace ont enreg­istré des tem­péra­tures supérieures de plus de 30 °C aux nor­males de sai­son.

Dans la sta­tion de Vos­tok, située à 1 200 kilo­mètres du pôle Sud, la tem­péra­ture moyenne est de ‑53 °C au mois de mars. Ven­dre­di, le mer­cure a grim­pé à ‑17,7 °C, « pul­vérisant de 15 °C son record men­su­el de tem­péra­ture max­i­male pour un mois de mars (-32.6 °C, 4 mars 1967), en plus de 60 ans de mesures », a noté le météorol­o­giste Eti­enne Kapikian sur Twit­ter, qui qual­i­fie le phénomène d’« extra­or­di­naire ».

Les écarts de tem­péra­ture par rap­port à la moyenne 1979–2000 con­statés le 18 mars autour de l’Antarc­tique. © CCI/Université du Maine

Cette vague de chaleur insen­sée, qui sévit depuis la fin de la semaine dernière, a déclenché une avalanche de qual­i­fi­cat­ifs : « Impos­si­ble, auri­ons-nous dit il y a deux jours », a écrit le jour­nal­iste Ste­fano Di Bat­tista. Un « événe­ment his­torique de douceur », des mots du prévi­sion­niste de Météo France Gaé­tan Heymes, qui s’est ému du nou­veau record men­su­el bat­tu sur la base Dumont d’Urville : +4,9 °C, le 18 mars. Dans cette base du lit­toral de la Terre Adélie, « les journées sans gel sont occa­sion­nelles, mais elles ne s’étaient jamais pro­duites après le 22 févri­er », a‑t-il ajouté.

Selon les expli­ca­tions fournies au Wash­ing­ton post par le spé­cial­iste de météorolo­gie polaire Jonathan Wille, ce phénomène serait dû à une « riv­ière atmo­sphérique » extrême, soit un couloir de vapeur d’eau qui se déverse sur l’Est du con­ti­nent. De fortes pluies auraient con­tribué à cette élé­va­tion des tem­péra­tures. Un « dôme de chaleur » aurait ensuite empêché l’hu­mid­ité de quit­ter le con­ti­nent.

Spé­cial­iste de météorolo­gie polaire, Jonathan Wille, de l’U­ni­ver­sité Greno­ble Alpes (lab­o­ra­toire IGE) a partagé une pho­to de l’im­age satel­lite de la riv­ière atmo­sphérique.

Ces fortes chaleurs ont entraîné la fonte de glaces dans une par­tie du con­ti­nent où cela arrive rarement. Il y a quelques semaines, la ban­quise antarc­tique avait rétré­ci comme jamais depuis les pre­miers relevés satel­lites (en 1979), réduite à moins de deux mil­lions de kilo­mètres car­rés (Nature). Plus inquié­tant encore : au même moment, la région arc­tique con­naît une envolée des tem­péra­tures com­pa­ra­ble.

S’il est dif­fi­cile pour l’heure d’at­tribuer ce phénomène au seul boule­verse­ment du cli­mat, ce dernier accroît forte­ment la prob­a­bil­ité de sur­v­enue des événe­ments extrêmes. Les régions polaires sont celles où la tem­péra­ture s’est le plus élevée sous l’ef­fet des activ­ités humaines.