Loup Espargilière - vert.eco

Depuis sa créa­tion le 28 mars 1924, celle qui s’appelait alors la Com­pag­nie française des pétroles a su garder son cap en toutes cir­con­stances. Sans jamais céder aux sirènes des sci­en­tifiques. Y com­pris ses pro­pres experts qui, dès 1971, aler­taient en interne sur les «con­séquences cat­a­strophiques» de l’exploitation du pét­role sur le cli­mat. Les courageux patrons avaient soigneuse­ment mis ce rap­port à la poubelle afin qu’il ne tombe pas entre de mau­vais­es mains.

Dernier représen­tant de cette lignée de cap­i­taines d’industrie hors pair, Patrick Pouyan­né n’en a cure, lui non plus, des avis des sci­en­tifiques, opposant «la vraie vie» à leurs sopori­fiques et ter­ri­fi­ants rap­ports. Lui qui la con­naît si bien, la vraie vie, du haut de ses 7 mil­lions d’euros de revenus annuels.

Alors, certes, son ser­vice com­mu­ni­ca­tion a bien ten­té de s’abriter der­rière les sci­en­tifiques du Giec ou de l’Agence inter­na­tionale de l’énergie pour leur faire dire que nous auri­ons encore besoin de pét­role à l’avenir. C’est par­faite­ment faux, mais il faut bien faire pass­er la pilule de la hausse de la pro­duc­tion de gaz et de pét­role prévue par Total­En­er­gies pour les prochaines années.

En 2021, Total est devenu Total­En­er­gies. Le PDG Patrick Pouyan­né, lors du dévoile­ment du nou­veau logo. © Christophe Archambault/AFP

Au pas­sage, vous l’aurez noté, c’est «Éner­gies» avec un «s», pour que tout le monde com­prenne bien que Total ne fait plus seule­ment du pét­role. Même si la firme pro­duit des dizaines (et des dizaines) de fois plus d’énergies fos­siles que de renou­ve­lables.

Petit ombre à ce tableau : Patrick Pouyan­né dit publique­ment qu’il se pro­jette dans un monde réchauf­fé de 3 à 3,5 degrés à la fin du siè­cle. De quoi pul­véris­er la lim­ite de 1,5°C fixée par tous les Etats du globe sig­nataires de l’Accord de Paris en tapis­sant la planète de ses «bombes car­bone».

Fidèle à sa ligne et seul con­tre tous ; une pos­ture cohérente avec son pro­jet de pipeline géant en Ougan­da et en Tan­zanie, qui men­ace 1 400 kilo­mètres car­rés d’espaces naturels et a déjà déplacé 100 000 per­son­nes, violant allè­gre­ment leurs droits humains.

Qu’on se ras­sure, en 2124, grâce à la poli­tique de Total, qui s’appellera prob­a­ble­ment Total­Wind ou Total­Green, il n’y aura plus grand monde à déplac­er en Afrique de l’Est. Et nos descen­dants auront la chance de vivre au quo­ti­di­en dans un film digne de Mad Max.

N’en déplaise aux sci­en­tifiques, aux riverains des oléo­ducs et aux vivants en général, longue vie à Total­En­er­gies !